
A la demande du Premier ministre, Sébastien Lecornu, le gouvernent engage une procédure de suspension en France de Shein. La plateforme a annoncé, un peu plus tard, suspendre temporairement les produits des vendeurs tiers en France, alors qu’en dépit du tollé de son arrivée au BHV et du scandale des poupées sexuelles pédopornographiques, Shein a ouvert sa première boutique physique le 5 novembre, au BHV à Paris. Le jeudi 6 novembre, une opération douanière d’envergure a été mise en oeuvre à l’aéroport de Roissy-CDG avec l’ouverture de 100% des colis en provenance de plateformes e-commerce étrangères.
Alors que Shein vient d’ouvrir son magasin premier magasin physique permanent au BHV ce mercredi 5 novembre à 13h00, le gouvernement a annoncé avoir engagé une procédure de suspension du site en France, « le temps nécessaire pour que la plateforme démontre aux pouvoirs publics que l’ensemble de ses contenus soient enfin en conformité avec nos lois et règlements », précise un communiqué émis par le ministère de l’économie. Un premier point d’étape devra être fait par le ministre dans les prochaines 48 h.
Le cabinet de Serge Papin, ministre des PME, du Commerce, de l’Artisanat, du Tourisme et du Pouvoir d’achat, précise que « la suspension du site porte bien sur l’URL du site de Shein, donc indifféremment de savoir si les produits sont en propre ou issus de la marketplace ».
Shein suspend provisoirement les ventes de son site en France
Quelques heures plus tard, Shein a annoncé, dans un communiqué, avoir « pris la décision de suspendre temporairement les ventes de sa marketplace en France ». La plateforme souligne que cette décision est indépendante de l’annonce du Premier ministre plus tôt dans la journée et qu’elle avait « déjà décidé et annoncé la suspension temporaire des mises en ligne de vendeurs tiers indépendants ».
La mesure vise à permettre une revue complète des procédures, « afin de garantir une conformité totale avec la législation française et le plus haut niveau de protection des consommateurs », souligne le communiqué. La démarche comprend un audit des fiches produits et des catégories, un renforcement les contrôles des vendeurs et une surveillance accrue de la plateforme. « Nous prenons acte de l’annonce faite aujourd’hui par le gouvernement. La sécurité de nos clients et l’intégrité de notre marketplace sont nos priorités absolues, assure Quentin Ruffat, directeur des relations extérieures de Shein France. Cette suspension nous permet de renforcer nos mécanismes de responsabilité et de garantir que chaque produit proposé respecte nos standards et nos obligations légales ».
Un nouveau cap illégal franchi
En plus de ses propres produits, Shein vend également en ligne des articles de vendeurs tiers. Au scandale des poupées sexuelles d’apparence enfantine, dont la vente a été dénoncée le 1er novembre par la DGCCRF, est venu s’ajouter un autre délit. Le député Antoine Vermorel-Marques (LR) a révélé dans les colonnes du Parisien et sur X, ce matin, que des armes de catégorie A (machettes, coups de poing américain) étaient également disponibles à la vente en libre accès sur la plateforme et a saisi la Procureure de la République. Déjà visée par une enquête du Parquet de Paris, Shein sera auditionnée, le 18 novembre prochain, par la mission d’information sur les contrôles des produits importés en France de l’Assemblée nationale, dont fait partie Antoine Vermorel-Marques.
Opération douanière d’envergure à Roissy-CDG
Dans la foulée des 3 procédures qui ont été initiées par le Premier ministre contre la plateforme Shein – la demande de suspension du site, l’enquête judiciaire et l’enquête européenne -, une opération douanière de contrôle de tous les colis en provenance des plateformes de e-commerce étrangères est en cours, depuis le jeudi 6 novembre au matin, et pour 24h, à l’aéroport de Roissy-CDG. 200 000 colis vont être ouverts et contrôlés par les services douaniers dans les prochaines heures. « Ces plateformes ne peuvent pas se réfugier derrière des algorithmes, ne peulent pas se réfugier derrière des vendeurs tiers, en expliquant que ce n’est pas de leur responsabilité », a déclaré Amélie de Montchalin, ministre de l’action et des comptes publics, lors de son déplacement ce matin à Roissy, aux côtés de Serge Papin, ministre du Commerce.
La ministre de tutelle des Douanes a rappelé que la première frontière commerciale de la France, ce ne sont pas nos frontières terrestres, mais l’aéroport de Roissy-CDG : « 90% des 800 millions d’articles qui sont arrivés en France en 2024, sont arrivés ici, a-t-elle précisé. Donc, nous n’arrêterons pas notre action tant que les plateformes elles-mêmes n’auront pas arrêté d’être en contradiction frontale avec nos règles et nos normes ».
« Nous allons continuer à résister, il faut que cela s’arrête, c’est intolérable », a ajouté Serge Papin qui a rappelé que, chaque jour, les services douaniers procèdent à des contrôles et qu’en moyenne, 8 colis sur 10 en provenance de ces plateformes ne sont pas conformes. « Cela veut donc dire que c’est un système qui, évidemment, ne respecte ni nos normes, ni nos ambitions écologiques, ni aucune règle sociale. Nous sommes là pour protéger les consommateurs et l’économie du pays et peut-être même nos modes de vie » a-t-il ajouté.
Le ministre du commerce a également souligné la présence de produits non conformes
dans les colis ouverts depuis ce matin, ainsi que la présence de produits destinés à la revente, notamment des articles cosmétiques : « C’est donc une addition de non-respect de nos règles ». D’autre part, Serge Papin a révélé qu’il avait reçu un appel de Sarah El Haïry, haut-commissaire à l’enfance, l’informant que des poupées pédopornographiques avaient également été découvertes sur la plateforme Dolls : « Nous nous sommes concentrés sur Shein, mais il va falloir aller beaucoup plus loin, identifier tout ce qui passe à travers les mailles du filet ».
A cet égard, un travail européen est en cours, comme le rappelle Amélie de Montchalin : « Nous avons mis en place une très grande réforme au niveau européen de notre union douanière, notamment avec la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, mais aussi l’Allemagne et l’Espagne. Dans le projet de loi de finances français dans son article 22 qui est actuellement en débat à l’Assemblée nationale, il est prévu une taxe de 2€ par article compris dans les petits colis. Nous ne sommes pas les seuls. Dès le 1er janvier, d’autres pays européens feront de même et nous avons obtenu, qu’au 1er novembre 2026, toute l’Union européenne utiliserait cette même taxe qui va aussi servir à financer de nouveaux moyens de protection et de contrôle. Ce n’est pas à nous tous, qui respectons les règles, de financer les contrôles que les plateformes n’ont pas, elles même mis en œuvre dans le cadre de leurs activités. Donc, on frappe les flux. »
C.B.











