Depuis mars 2020 et la ruée en magasin qui a précédé la mise en place du premier confinement, les distributeurs en France ont perdu 2,5 milliards d’euros de ventes potentielles – dont 85 millions d’euros rien que pour le papier hygiénique, souvent mis en lumière ces derniers mois, révèle une étude publiée par NielsenQ. Des ventes manquées en raison des quantités présentes dans les points de vente, insuffisantes pour répondre à la frénésie d’achat des consommateurs – parfois irrationnelle. Parmi les familles de produits qui ont généré le plus de manque à gagner en raison des ruptures, on retrouve des catégories structurellement “rupturistes” comme les boissons, tout particulièrement les bières (209 millions d’euros de manque à gagner) et les boissons gazeuses sans alcool (119 M€). Puis à un degré moindre, les cafés, le lait et le papier hygiénique donc, avec respectivement 111, 109 et 85 M€.
Pour Odile Nonat, Directrice Retail Europe, Intelligent Analytics chez NielsenIQ, “la gestion des ruptures de stock est cruciale car elle affecte considérablement les revenus des industriels comme ceux des distributeurs. Non seulement les enseignes peuvent perdre une part importante de leurs ventes si les produits ne sont pas en rayon, mais les ruptures de stock entraînent également une moindre satisfaction de la clientèle et une baisse de leur fidélité. Nos analyses montrent en effet que 30% des clients se rendent dans de nouveaux magasins lorsqu’ils ne trouvent pas ce qu’ils cherchent, et que 70% achètent une autre marque lorsqu’un produit recherché est en rupture de stock.”
Alors que débute un troisième confinement, des premiers signes de ruptures sont visibles sur certaines familles de produits. Laurent Beneditti, Directeur Analytique Programmes Collaboratifs, NielsenIQ, anticipe les mois de mai et juin : “avec les beaux jours, le déconfinement à venir et l’accélération des vaccinations, les Français vont plus que jamais aspirer à socialiser et à retrouver familles et amis. Différents facteurs qui vont exercer une pression sur des catégories comme les produits pour barbecue, les vins rosés, les alcools, la crème solaire, les boissons rafraîchissantes… Mettre en place les bons modèles analytiques et des approches collaboratives pour éviter les ruptures de stock sera une nouvelle fois essentiel pour que les enseignes et les marques ne passent pas à côté de millions d’euros de ventes potentielles.”