Avec ses recettes simples, la cuisine italienne fait partie du quotidien des Français. Ces derniers raffolent de l’authenticité de ses produits. Pour répondre à leurs attentes, les intervenants misent sur l’innovation.
Par Sidonie Wathier
Les points forts
► Pâtes
Les Français en consomment 8 kg par an
► Sauces
Arabiata et pesto en tête
► Sucré-salé
Progression intéressante
Emolto buono. 94 % des Français déclarent que la gastronomie italienne est leur cuisine étrangère préférée. Elle leur semble également la plus variée et la plus savoureuse. Cet engouement se confirme chaque année. Risottos, pâtes, pizzas et autre mozarella di buffala séduisent les foyers, tous âges et catégories sociales confondus. Cette tendance s’accompagne de nombreuses ouvertures de pizzerias, épiceries et osteria dans l’Hexagone où les files d’attente ne découragent pas les clients en quête d’une alimentation ensoleillée. Une mode qui se retrouve dans les rayons de la grande distribution, où les produits italiens atteignent 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires (+1 %) (Source : IRI CAM février 2020).
Les pastas, tout un plat
Désormais, les coquillettes jambon-fromage laissent place à des recettes de plus en plus élaborées. Les Français apprécient les mélanges de saveurs et s’ouvrent à des associations made in Italy. En témoigne un rayon impressionnant de pâtes et de sauces. Parmi les plus appréciées, les tagliatelles connaissent une hausse des ventes de +5,7 % en valeur et +6,2 % en volume. Les penne rigate (+2,2 % en valeur) et les spaghetti (+1 % en valeur) continuent de séduire. Les intervenants ne s’y trompent pas et proposent, chaque année, de nouvelles références pour combler l’appétit des consommateurs. Rana, bien positionné au frais, vient de lancer 5 kits de gnocchis à poêler (3 pour adultes et 2 pour enfants) prêts en 5 minutes et à consommer en repas ou à l’apéritif. En fin d’année, la marque italienne proposait des feuilles de lasagnes, des Tortelini au saumon fumé et au fromage frais, des Tortellini bacon, ricotta, mozarella et des gnocchis au potiron. Le n° 1 en Italie, Barilla, innove constamment. Pour ses 50 ans, célébrés en décembre 2019, le fabricant a lancé les Lasagnette et les Fettucini dans la nouvelle gamme Collezione Edition Gourmet. Présentées sous forme de massata (pelote), ces deux références rappellent la forme des pâtes maison enroulées à la main et se mélangent idéalement à une sauce, se dégustent avec une charcuterie ou un parmesan. Ces deux segments, et plus particulièrement le parmesan râpé (+5,8 % en valeur) et la coppa et pancetta (+2,9 % en valeur), ont d’ailleurs le vent en poupe. “Globalement, les volumes de Parmigiano Reggiano, le Parmesan, exportées en France sont en croissance et ceux du Prosciutto di Parma, le Jambon de Parme, suivent la tendance du marché de la charcuterie, indique Fabrice Gour, représentant en France des deux AOP. Ce fromage fait une très belle année car il a su clarifier sa personnalité”.
À toutes les sauces
Pour de nombreux consommateurs, une bonne pasta ne serait rien sans une bonne sauce. Sur cette catégorie, la compétition est intense et les MDD ont su s’imposer. Si les classiques tomate-basilic et arabiata représentent le gros des ventes, les Français plébiscitent de plus en plus les pestos qui permettent de sophistiquer une recette à moindre coût. Mais
surtout, ils s’intéressent, comme sur l’ensemble du marché de l’alimentaire, à une production locale et à l’origine des ingrédients. Les MDD l’ont d’ailleurs bien compris et surfent sur ces nouvelles attentes. Sacla, qui dispose d’une centaine de références de sauces, travaille jusqu’à 3 500 recettes pour en lancer seulement 2 chaque année. “Aujourd’hui, le plus grand concurrent de l’italienneté, c’est le local, estime Romain Martin, directeur commercial Sacla. Nous réfléchissons de plus en plus à nous positionner sur le frais. Il offre la possibilité de s’affranchir du sel, des conservateurs et du gras et s’approche du goût du fait maison”. En attendant, l’intervenant italien lance des box thématiques “pour créer du lien avec le consommateur”. Une stratégie mise en avant sur son eshop et son blog.
Une offre sucrée-salée à développer
Alors que le salé fait partie du quotidien des Français, les produits sucrés offrent une marge de progression intéressante. Méditerranée Distribution essaie d’implanter 70 % de salé et 30 % de sucré. L’intervenant s’appuie sur ses marques propres Ciro et Essenzia et jouit de la notoriété de Barilla pour implanter ses biscuits Mulino Bianco. Ces produits haut de gamme – une institution en Italie – séduisent par leurs recettes goûteuses comme les Nascondini et les Pan di Stelle. Pour le distributeur, l’innovation majeure en 2020 reste la Crema Pan di Stelle, une pâte à tartiner très attendue et vendue en exclusivité chez Monoprix. Parallèlement à l’offre sucrée, la demande de gressins, antipasti et tartinables pour l’apéritif est en croissance. “Ces références correspondent bien à l’image que se font les Français de l’Italie”, remarque Tess Fusté. Disponibles au rayon du monde, Méditerranée Distribution entend se démarquer des MDD, en plein boom depuis deux ans, sur les références à forte rotation comme les tartinables et les crèmes de vinaigre balsamique. “Certaines enseignes réduisent les assortiments mais notre avantage, c’est de proposer une gamme complète”, glisse Tess Fusté. À des prix accessibles. En effet, l’alimentation italienne reste très abordable et n’est pas élitiste.
Le chiffre
51,571 Md d’€
C’est le poids du marché des produits italiens en GMS
Tendance
Bon et bio pour la santé
Au sein du rayon produits du monde, la demande évolue vers des produits diététiques et bio, même si, comme le rappelle Tess Fusté, chef de produit Méditerranée Distribution, “nous restons sur une catégorie ethnique. Pour y répondre, nous développons notre gamme de pâtes Essenzia et Essenzia bio”. Barilla, qui dispose de nombreuses références bio au rayon épicerie, se positionne désormais sur les légumineuses avec Casarecce de pois chiches, Fusilli et Penne de lentilles corail. Une manière de concurrencer l’offre des réseaux spécialisés bio. “Ce segment est extrêmement porteur de la croissance. Les distributeurs multiplient les références et développent ce rayon pour recréer de la proximité avec, par exemple, la mise à disposition de vrac”, remarque Romain Martin, directeur commercial Sacla. La maison italienne se donne cinq ans pour retravailler 100 % de sa gamme en bio.