
Le champion des paiements numériques, Visa, axe sa stratégie sur les nouveaux moyens de paiement et œuvre à lever les freins à la digitalisation du marché. En France, l’adoption massive de sa solution Tap to Phone ancre la présence du groupe sur le territoire : un marché stratégique pour son développement en Europe.
Sévrine Dagousset, Head of Digital and Risk Products de Visa France, Belgium, and Luxembourg.
Où en est le marché du e-paiement en France ?
S.D. : Le marché du paiement en ligne en France est en pleine expansion et occupe une place de plus en plus importante dans les habitudes de consommation des Français. En 2024, les paiements en ligne représentent 25 % de l’ensemble des transactions, soit une hausse significative de 5 points de pourcentage par rapport à 2022. En termes de moyens de paiement, la carte bancaire reste dominante avec 53 % des transactions en ligne en 2024. Cette montée en puissance du e-paiement contribue aussi à la baisse de l’utilisation des espèces, renforçant la transition vers des pratiques de paiement plus digitales.
Comment évolue la solution Tap to Phone ?
S.D. : L’adoption de la solution Tap to Phone connaît une croissance mondiale fulgurante de + 200 % au cours de l’année écoulée. En France, cette croissance est encore plus significative, atteignant 674 %. Au niveau mondial, 270 millions de transactions via Tap to Phone ont été enregistrées. En France, cette technologie représente 14 % des transactions en magasins. Tap to Phone s’intègre progressivement dans les habitudes de paiement des consommateurs français. Cette technologie, qui permet aux commerçants de transformer un simple smartphone en terminal de paiement électronique via une application mobile, répond à l’engouement croissant pour le sans contact. Elle contribue aussi à réduire les files d’attente en caisse et à fluidifier l’expérience d’achat en magasin. Elle est particulièrement plébiscitée par les petites entreprises et les commerçants indépendants : près de 30 % des utilisateurs de Tap to Phone sont des enseignes nouvellement créées, témoignant du rôle de cet outil dans le soutien à l’entrepreneuriat et à la digitalisation du commerce de proximité.
Présentez-nous vos dernières solutions de paiement…
S.D. : Les nouvelles solutions de paiement et de financement sont multiples et correspondent aux besoins émergents des consommateurs :
► La tokenisation (paiement 100 % digital) : Visa a créé des tokens qui rendent possible le paiement mobile sécurisé. Plus de la moitié des transactions e-commerce sont désormais tokenisées, illustrant l’adoption croissante par les consommateurs et les commerçants. En Europe, cette technologie remplace les données sensibles des cartes par un identifiant unique (token), réduisant le risque de fraude jusqu’à 60 %.
► Le Click to Pay : Conçu pour simplifier l’expérience d’achat en ligne, Click to Pay apporte la fluidité du paiement sans contact à l’e-commerce. Cela répond à un enjeu majeur pour les commerçants : 7 paniers sur 10 sont abandonnés au moment du paiement. Les premiers tests montrent des résultats prometteurs, avec un taux d’autorisation supérieur de 4 à 5 % et une réduction de 25 % du temps de passage en caisse. Son déploiement en France est prévu d’ici fin 2025.
► Le Flex Credential (financement différé) : Cette carte de nouvelle génération permet de basculer facilement entre plusieurs options de paiement – débit, crédit ou paiement échelonné – sur un seul support. Visa s’est associée à Klarna pour l’introduire sur les marchés américain et européen, offrant une solution flexible adaptée aux nouveaux modes de consommation.
► L’Open Banking (Pay by Bank) : Depuis juin 2024, grâce à l’intégration de Tink et en partenariat avec Adyen, la solution « Pay by Bank » est disponible en France. Elle permet aux consommateurs de réaliser des paiements directement depuis leur compte bancaire, sans saisie manuelle ni multiples redirections. Résultat : une expérience de paiement simplifiée, rapide et économique pour les utilisateurs comme pour les commerçants.
► Les Virements instantanés (Visa Direct) : Visa Direct permet des transferts d’argent rapides et fluides, d’un point de départ (carte, portefeuille digital, compte bancaire) à un autre. En France, les virements instantanés représentent désormais 9 % des transferts effectués, avec une hausse de 47 % en valeur au premier semestre 2024, témoignant d’une adoption croissante par les consommateurs.
Toutes ces nouvelles manières de payer influencent les comportements d’achat. Les consommateurs attendent de la personnalisation, de la fluidité et de la sécurité dans leurs expériences d’achat et de paiement. Les innovations de Visa visent à répondre à ces attentes.
Quelles sont les technologies prometteuses qui restent encore
à développer ?
S.D. : De nombreuses technologies à fort potentiel restent à consolider et à faire mûrir, telles que le commerce agentique. Visa a investi plus de 3 milliards de dollars dans l’intelligence artificielle et les infrastructures de données au cours des dix dernières années. Avec sa solution Visa Intelligent Commerce, l’IA devient un véritable assistant personnel capable d’effectuer des achats à la place du consommateur, selon des conditions et des limites de dépenses définies à l’avance. L’objectif : améliorer à la fois la productivité et l’expérience de paiement. À noter que Visa s’appuie sur l’IA pour lutter contre la fraude depuis plus de 30 ans, avec des résultats probants. Le groupe parie également sur la biométrie avec les Payment Passkeys qui incarnent la prochaine génération d’authentification biométrique. En associant un token de paiement à l’identité de l’utilisateur, cette technologie renforce la sécurité des transactions tout en simplifiant l’expérience. Le premier cas d’usage concernera Click to Pay, avec pour ambition d’offrir une expérience fluide et unifiée sur tous les appareils et plateformes. Des déploiements sont prévus tout au long de l’année 2025.
Quels sont les freins au déploiement du e-paiement ?
S.D. : Malgré les avancées, le e-paiement connaît encore des blocages que Visa s’emploie à améliorer. Si le taux d’abandon de panier en ligne est un frein majeur, avec un taux élevé d’abandons de panier, la complexité de l’authentification en est un autre. Bien que l’authentification forte du client ait baissé la fraude, elle a parfois impacté l’expérience utilisateur avec des redirections et des codes d’accès. Par ailleurs, la persistance du paiement en espèces freine la digitalisation du marché. Certains voyageurs préfèrent toujours les remboursements de taxes en espèces. De même, une partie des dépenses des détenteurs de cartes Visa à l’étranger est effectuée aux distributeurs automatiques. Enfin, la fraude persistante demeure un point sensible du marché. Malgré les efforts, 10 % des Français ont signalé avoir subi des pertes financières dues à des fraudes en 2024, totalisant 5,14 Mds €. Les plateformes en ligne et les réseaux sociaux restent des vecteurs privilégiés pour les escrocs. Pour enrayer ces dérives, Visa Europe a récemment rejoint la Global Anti-Scam Alliance pour renforcer la lutte contre la fraude, notamment celle alimentée par l’IA.
Quelles solutions proposez-vous pour lever ces freins ?
S.D. : Des solutions comme Tap to Phone et Click to Pay simplifient considérablement l’acte d’achat, en magasin comme en ligne. Les consommateurs veulent trouver ce dont ils ont besoin rapidement et simplement. Tap to Phone permet aux petites et moyennes entreprises d’accepter les paiements sans contact sans investissement coûteux. Les paiements digitaux assurent également la traçabilité des transactions, ce qui réduit l’économie grise et sécurise les recettes fiscales de l’État. Les tokens réduisent, eux aussi, la fraude jusqu’à 60 %. La fraude est maintenue à un niveau historiquement bas (moins de 0,1 % des transactions globalement) grâce à des investissements massifs dans la technologie (plus de 11 milliards d’euros en cinq ans) et des équipes dédiées (plus de 1 000 spécialistes en cybersécurité). Les systèmes Visa sont conçus avec plusieurs niveaux de sécurité, permettant 27 façons différentes d’acheminer chaque transaction.
Quelles sont les ambitions de Visa sur le marché français ?
S.D. : Accélérer la digitalisation des paiements, en accompagnant tous les usages – carte, virement, portefeuille numérique – pour garantir des paiements simples, rapides et sécurisés. Bâtir l’avenir du commerce avec l’IA, à travers l’initiative Visa Intelligent Commerce, qui ouvre la voie à une nouvelle ère de commerce agentique, où des agents IA pourront rechercher, recommander et effectuer des achats de manière autonome. Sécuriser 100 % des transactions grâce à la tokenisation, une technologie que Visa a été la première à déployer à grande échelle. Pour exemple, en 2024, plus de 100 millions de tokens ont été émis en France. Simplifier l’e-commerce avec Click to Pay, une solution pensée pour fluidifier l’expérience d’achat en ligne et réduire l’abandon de panier. Contribuer à la souveraineté des paiements, en collaborant étroitement avec les régulateurs européens pour garantir un environnement sécurisé, innovant et concurrentiel, grâce à son réseau ouvert. Soutenir l’attractivité de la France, notamment à travers des initiatives touristiques comme l’offre eSIM pour les porteurs de cartes premium, ou encore des campagnes de sponsoring autour des Jeux de Paris 2024.
Visa s’engage activement pour la promotion de la destination France, en collaborant avec les acteurs du tourisme et en exploitant ses données pour mieux comprendre les comportements des voyageurs.




















