Poussés par les réglementions et face aux augmentations du coût de l’énergie, les fabricants de meubles froids développent des gammes qui optimisent le coût total de possession de leur mobilier. Les équipements à groupes logés, plus simples à gérer, pourraient gagner quelques parts de marché sur les groupes distants. Par Jean-Bernard Gallois
La réfrigération commerciale occupe une place centrale au cœur du business des points de vente : elle propose et met en valeur des produits frais et surgelés et ses usages recouvrent des aspects énergétiques et environnementaux. « Le froid commercial représente, d’ailleurs, entre 50 et 60 % de la consommation énergétique d’un magasin alimentaire », commente Franck Charton, délégué général de Perifem, l’association technique du commerce. Même si les portes se sont généralisées depuis une dizaine d’années, il reste près de 40 % des commerces réticents à fermer leurs vitrines, principalement des magasins de proximité, pour des raisons d’encombrement. Et ce sont aussi « un tiers des commerces qui ne sont pas encore aux normes du règlement européen F-Gas », ajoute Ibrahim Zaïd, responsable certification à Cemafroid (groupe Tecnea), l’expert indépendant de la chaîne du froid. La très active Perifem s’est lancée, depuis plusieurs mois, dans des opérations de communication auprès des distributeurs pour faire de cette double contrainte une opportunité.
Les fluides neufs flambent
Alors oui, les différentes mesures de la réglementation F-Gas (voir encadré), à mettre en place d’ici 2030 impactent fortement la quantité de produits disponibles ainsi que le prix des fluides neufs : Dalkia Froid Solutions a estimé que la hausse était de 500 % à 1 000 % selon les produits entre 2014 et 2024. Dans le cadre du service après-vente et de la maintenance d’équipements, il existe aussi un risque de pénurie concernant les fluides, avec un potentiel de réchauffement global important élevé à partir de janvier 2027. Raison de plus pour que les plus frileux accélèrent leurs investissements dans des meubles froids moins énergivores. Certes, la facture est élevée, surtout si elle s’accompagne d’un changement de l’ensemble du système de refroidissement et peut grimper, toujours selon Perifem, de 500 000 euros pour un supermarché à 1,5 million d’euros pour un hypermarché. Soit un total de 300 M€ d’investissement par an pour la mise en conformité des installations frigorifiques du parc de magasins français d’ici 2030 pour suivre le règlement européen F-Gas et un total de 2 Mds € par an pour la mise en conformité avec le décret tertiaire et l’obligation de diminuer la consommation énergétique des sites de 40 % d’ici 2030 (voir ci-dessous). Mais les magasins ont la possibilité d’être accompagnés par des aides de l’État. « Dans le cadre des investissements sur les mobiliers à fluides propres, ils peuvent obtenir des certificats d’économie d’énergie », souligne Cécile Marty, trade marketing manager chez Epta France. Et surtout, en 2030, « les magasins qui ne seront pas aux normes n’auront plus la possibilité de maintenir leur installation, ce qui signifie l’arrêt de leurs anciens meubles froids », ajoute Franck Charton. « Si, comme on le pense, le prix de l’électricité va doubler à partir de 2025, passant de 42 euros le MWh à 70-80 euros, poursuit le responsable, il est alors important de disposer d’une appréciation globale du magasin, où entre également en jeu la partie des réserves réfrigérées qui peuvent être autonomes ou pas. Faire appel à un bureau d’études me paraît une démarche essentielle afin de choisir au mieux son type d’installation pour les sept à dix ans à venir. » D’autant qu’il est tout à fait possible d’avoir la moitié de ses meubles à groupe logé et