Chariots et paniers s’accommodent de l’air du temps : proximité, esthétisme, ergonomie, environnement, digitalisation… Ils se démultiplient au gré des besoins et des attentes des consommateurs pour
un parcours client le plus agréable, adapté et rapide possible.
Par Sylvie Druart
Les points forts
► Marketing
Support de vente essentiel
► Ergonomie et couleurs
Des offres très variées
► Environnement
Recyclabilité de plus en plus demandée
“Notre objectif est d’aider nos clients à offrir la meilleure expérience achat, avec un produit de haute qualité, utilisant les dernières technologies et un processus de production éco-durable. Le chariot contribue en effet grandement à
l’expérience client… Et dans ce sens, bien que le prix soit toujours un facteur déterminant, nos clients distributeurs apprécient avant tout l’expérience d’achat qu’ils souhaitent offrir à leurs clients shoppers. Ils comprennent qu’écouter activement leur clientèle et leur offrir le meilleur de l’expérience utilisateur se transforme généralement en tickets d’achat moyens plus élevés, en achats récurrents et en clients fidèles à la marque”, résume Elisabet Regevsky, directrice marketing et communication chez Shopping Basket. Ainsi, dans de nombreux établissements, les chariots et les paniers ont cessé d’être un produit de base pour devenir un outil de vente essentiel aux commerces comme aux consommateurs !
Les projets actuels concernent le plus souvent les commerces de proximité ou spécialisés, bio et distribution en vrac. “Nous sommes loin des temps où s’ouvraient des hypermarchés à tout va et sur des temps un peu moins lointains où nous faisions des remodellings globaux d’hypermarchés. Ces temps semblent révolus”, se souvient Fabien Desmet, président de Joalpe France. En effet, les courses en hypermarché, avec un chariot de 200 l qui permettait de “remplir le congélateur”, ont laissé place à des modèles de consommation plus fréquents mais moins volumineux, le plus souvent en magasins de proximité. “La grande transformation s’est produite davantage au niveau du format de la vente au détail plutôt qu’au niveau du produit panier et chariot lui-même. L’apparition de magasins de proximité et la modification des habitudes de consommation réduisent la quantité de paniers par magasin, mais la fréquence des visites dans les magasins augmente”, confirme de son côté Elisabet Regevsky.
Déclinables à l’infini
Dans ce contexte, “la conception, l’ergonomie et la capacité jouent un rôle essentiel dans le résultat de vente final”, ajoute Elisabet Regevsky. En effet, les chariots et les paniers se sont démultipliés au fil des années pour s’adapter au mieux aux besoins des clients finaux, aux aspects esthétiques, ergonomiques et environnementaux. Et
dans ce cadre, le match fil versus plastique perdure. “Certains clients reviennent à du chariot métallique alors qu’ils étaient passés au plastique. C’est le cas, par exemple, de Carrefour, autrefois utilisateur de nos chariots Tango qui s’oriente actuellement vers notre produit One. À côté de cela, d’autres enseignes restent fidèles au plastique et ne nous achètent que du plastique : Leclerc et Système U en sont l’illustration”, reconnaît Jean-Marc Talvat, directeur commercial chez Wanzl. “Nous avons beaucoup retravaillé le design, avec des socles en cube plus légers, la révision des diamètres de fils pour arriver à des caddies métal qui ne présente plus de différence de poids avec un plastique. En outre, le plastique implique des nettoyages fréquents qui comporte des surcoûts pour les distributeurs”, ajoute, de son côté Stéphane
Dedieu, président de Caddie.
Sur le plan de la praticité, “ce que demandent les enseignes, aujourd’hui, ce sont des paniers ou des chariots plus ergonomiques, sur lesquelles les roulettes sont très importantes. Certains modèles possédant 4 roues pivotantes offrent une meilleure maniabilité dans les rayons, surtout pour les modèles volumineux. Cela permet au panier de
tourner sur lui-même”, souligne Elisabet Regevsky. “Nous avons fait l’article de nos chariots sur la qualité de nos roues, et de nos produits au global. De la maintenance sur nos chariots, il n’y en a pratiquement pas. Cela compte dans les critères de décision”, ajoute Jean-Marc Talvat. Plus ergonomiques mais également plus pratiques, les chariots gagnent en options, parfois indispensables au shopper d’aujourd’hui et de demain ! Pour leur part, les chariots proposés par Sufilog disposent d’un support pack d’eau permettant d’empiler 4 packs. La profondeur de la corbeille a, parallèlement, été étudiée pour offrir plus de facilité. Alors que les magasins ont pour habitude d’avoir sur le chariot un support pour accueillir un
scanner disponible à l’entrée du magasin, Wanzl propose un scanner de codes à barres intégré au chariot. Également dans l’air du temps, le consigneur digital, mettant fin aux consigneurs en plastique qui finissent au mieux à la poubelle et, au pire, dans la nature. Au niveau de l’esthétisme, les couleurs sont plébiscitées. “Notre gamme de paniers GT n’existe qu’en noir mais nous avons joué sur des couleurs de poignées un peu pastel, très mode. Elles se retrouvent sur nos chariots. Ce qui fait qu’un client peut avoir une gamme complète avec paniers et chariots assortis, comme pour le bleu turquoise dont Système U a eu l’exclusivité pendant un an”, explique Jean-Marc Talvat. Les couleurs spécifiques demandant des volumes
conséquents en usine, posent cependant le problème des économies d’échelle et donc de coûts…
Paniers ou mini chariot ?
De leur côté, les paniers continuent de se développer dans les commerces de tout type. “À l’origine, nous fabriquions des paniers qui servaient d’outils ou de vecteurs de publicité. Une société aux États-Unis les vendait uniquement en duty free dans les aéroports et dessus, c’était surtout la promotion des marques de cigarettes qui était faite. Quand nous avons présenté le produit en Europe, les marques ont apposé leur propre publicité sur le panier et l’ont utilisé pour elles. C’est comme cela que nous sommes entrés dans le marché du consommable pour la grande distribution”, raconte Fabien Desmet. Cabas souples revisités intègrent ainsi les espaces culturels, la parapharmacie, les corners spécialisés à l’intérieur des grandes surfaces… “Nous fabriquons des paniers avec des résidus de copeaux de bois dans lesquels nous introduisons des éléments diffusant des odeurs : citronnelle, menthe, etc. Des
produits utilisés dans les enseignes natures”, continue-t-il.
L’utilisation du panier est, dans ce contexte de développement de magasins de proximité, plus approprié que le chariot. Sachant que les efforts des fabricants portent également sur la praticité. “Nous avons créé deux modèles de paniers dont un avec deux compartiments. Ainsi, le fait d’avoir un compartiment pour les produits un peu plus fragiles permet de les acheter à tout moment lors du parcours dans le magasin”, ajoute-t-il. “Il y a quelques mois, nous avons lancé FIT, un panier de main plus ergonomique qui, grâce à sa conception, s’adapte mieux au corps et réduit de 47 % l’effort que l’utilisateur doit fournir lors du port du panier”, souligne Elisabet Regevsky. “Notre panier de 65 litres dispose de 4 roulettes, deux fixes et deux pivotantes qui permettent de pousser ou de tirer. Ce mini chariot peut être personnalisé avec un logo”, ajoute Jérôme Rosier, responsable commercial chez Sufilog. Au final, les paniers ont de plus en plus tendance à ressembler à des chariots : certains modèles offrant une capacité d’environ 60 litres et se manipulant également comme un chariot. “Les paniers type à provision avec une ou deux anses, commencent à
être un peu passés de mode”, fait remarquer Fabien Desmet. Côté couleurs, le rouge des années 2000 tend à disparaître au profit des teintes foncées ou grisées, sachant que peu d’enseignes traditionnelles osent encore la couleur, a contrario des enseignes bio, plus tentées par de multiples nuances de vert.
Du plastique avec du plastique
Autre aspect du marché, la recyclabilité des produits sur laquelle se penchent les acteurs. “Notre gamme Ecoline est en plastique recyclé. De la même manière, nos paniers GT disposent également d’une version en plastique recyclé”, note Jean-Marc Talvat. Pour ce faire, il ne faut cependant qu’une matière unique. “Dans ce domaine, nous récupérons les chariots plastiques d’un magasin que nous broyons pour les recycler, refaire de la matière noble et des paniers ensuite. Et ceci, autant de fois que souhaité”, explique Fabien Desmet. “Fin 2019, nous avons lancé notre gamme de produits recyclés post-consommation. Ce type de recyclage utilise au moins 95 % de plastique recyclé provenant des bacs de recyclage des rues. Nous sommes ainsi fiers de pouvoir collaborer fortement à l’économie circulaire de notre planète”, ajoute, de son côté, Elisabet Regevsky. Les demandes de filières commencent ainsi à se faire jour côté enseignes. Mais tout ceci a un coût et l’impact carbone doit être mesuré. “Nous nous dirigeons désormais vers un chariot intelligent qui passera le moins de temps possible en caisse. Le chariot doit bénéficier de la connectique existante”, conclut Pascal Richard, directeur commercial chez Ythales/Sufilog.
Caddie
De l’intelligence dans le chariot
Un chariot intelligent issu de la collaboration entre Xavier Niel, la start-up Knap et Caddie est actuellement en test chez Monoprix Montparnasse. Il fonctionne tel un poste d’encaissement. Pour ce faire, le chariot est muni d’un écran offrant l’accès à l’application du distributeur via un smartphone. Une fois le client identifié (et dont la carte bancaire aura été au préalable enrôlée), il scanne ses articles au fur et à mesure de son parcours, sachant que, dans un proche avenir, les caméras présentes sur le chariot le dispenseront de cette étape puisqu’elles reconnaîtront automatiquement les articles. Le Caddie est doté d’une balance qui contrôle l’adéquation entre le produit et son poids. Son écran établit une liste d’articles et peut proposer des photos ou des informations complémentaires. Une fois le parcours terminé, la liste est validée, payée et un QR code s’affiche sur le smartphone de l’utilisateur. Sa lecture ouvre un portillon de sortie. Intelligent et pratique, le chariot permet également d’accrocher tout type de sac proposé par les distributeurs et donc de trier ses articles. “Je ne pense pas que ce chariot remplacera tous les chariots. Ce sera une façon différente de faire ses courses, un parcours client possible. Nous ne sommes plus seulement des fabricants de chariot mais nous vendons, désormais, une solution d’encaissement”, observe Stéphane Dedieu, président de Caddie.