Cette année encore, le salon allemand fera le plein avec des milliers d’innovations présentées, entre meubles, luminaires, outils marketing et technologies. L’occasion pour les spécialistes français de rencontrer clients et prospects avec un œil vers le riche marché germanique.
Par Jean-Bernard Gallois
Les points forts
► Start-ups
Les pépites françaises à l’honneur
► Aménagement
Concepts multi-ambiances
► Innovations
Le froid fait son show
En cette période de profond bouleversement dans le paysage commercial, le salon Euroshop, qui se tient à Dusseldorf du 16 au 20 février prochains (actualisation: Il a été l’un des derniers salons avant le début de la crise sanitaire) a de quoi satisfaire tous les responsables d’enseignes. Le plus grand rassemblement mondial en nombre d’exposants (plus de 2 400 cette année) et en visiteurs (plus de 115 000 personnes attendues) s’est adapté aux évolutions des points de vente ces dernières années.
Il dispose de huit zones bien définies : le marketing, la technologie, le marketing évènementiel, la lumière, le merchandising, l’aménagement des magasins, la réfrigération et une toute nouvelle surface d’exposition consacrée au secteur de la restauration dans le commerce.
Les start-ups françaises représentées
Pour sa vingtième édition, Euroshop ne change pas sa formule originale : un salon tous les trois ans. “L’écart peut paraître long mais il permet aux dirigeants d’enseignes de réfléchir au prochain concept et de voir des solutions vraiment nouvelles par rapport aux salons qui sont annuels”, estime Olivier Cabedoce, responsable grands comptes chez le fabricant de luminaires Bäro.
Les entreprises françaises y seront bien représentées, en particulier les start-ups. “Cette année, nous accompagnerons une trentaine d’entreprises principalement dans les secteurs de l’innovation et de l’agencement de magasin, explique Anne Dessemond, trade development manager chez Business France. Ces entreprises bénéficieront toutes d’une visibilité sur notre espace French Tech et d’un travail de fond mené par nos équipes d’Allemagne, du Royaume-Uni et des Pays-Bas visant à générer des opportunités commerciales avec les grands comptes de leurs pays respectifs.”
Design et modernité
A tout seigneur tout honneur, une des zones les plus visitées, celle qui donne le tempo des années à venir, est l’immense hall dédié à l’aménagement des magasins. Comme beaucoup d’exposants, le spécialiste français Someva refuse de dévoiler en détail les innovations présentées sur le salon mais accepte de fournir quelques tendances. “Nous allons travailler le mélange des styles, des matières et des couleurs ainsi que la mise en avant des produits sous toutes ses formes, souligne Thomas Fonteneau, responsable du design et du développement des nouveaux produits de la société. On peut imaginer des recettes qui s’afficheront dans le rayon”. Parmi les dernières réalisations de la société, la zone boulangerie du magasin Leclerc de Creutzwald (Moselle). Sur 200 m2 de boulangerie, seulement en
présentoir, avec l’intégration d’un espace restauration de 30 m2. “Nous avons harmonisé le design et la modernité avec le côté traditionnel afin de rendre l’univers plus pérenne, une nécessité car l’agencement évolue tous les 7-8 ans”, indique Yann Tanguy, responsable commercial de Someva. Dans l’air du temps, la propriétaire d’un Super U à Nantes a choisi des meubles en bois avec des touches de motifs végétaux pour les fruits et légumes, sans oublier des pieds allégés et élégants pour mettre en avant le produit. En Alsace, un Super U à la vision terroir et primeur avec une forte image produit ancrée dans
l’esprit de ses clients, a élu un meuble en sapin brut avec une finition naturelle, une hauteur de plateau relevé et a choisi, pour ne pas polluer la visibilité des produits, d’afficher les prix en centre de plateau.
Lumière sur les fruits et légumes
Sur le salon Euroshop, Someva a pour partenaire Areco pour la deuxième fois. Spécialiste de la valorisation des produits frais, la société a développé des solutions qui permettent de mieux promouvoir et gérer les rayons frais. “Après la nébulisation, nous avons lancé des plaques réfrigérées placées sur les présentoirs pour les fruits et légumes, indique Aurianne Natoli, attachée marketing-communication chez Areco. Il s’agit d’un refroidissement par contact qui n’assèche pas les produits.” La plaque est rafraîchie par une unité de refroidissement installée sous le meuble et peut être installée en complément de la nébulisation ce qui permet de diminuer la température à la fois sur et au-dessus du rayon et de conserver une hygrométrie idéale afin de ralentir la dégradation naturelle des produits. Autre innovation récente, un module raccordé au système de filtration de la nébulisation destiné aux herbes aromatiques.
Pour vendre les fruits et légumes, entre autres, la lumière constitue un élément essentiel des enseignes. Sa couleur est un des principaux éléments différenciants dans l’offre très importante des luminaires pour l’éclairage des magasins. Bäro, le spécialiste de l’éclairage des commerces a décliné des teintes de lumière destinées à mettre en valeur les produits frais. Les réflexions avec les agences d’architecture construisent une mise en scène dynamique permettant de créer plusieurs ambiances au sein d’un même magasin. “Dans les boutiques du pâtissier et chocolatier Thierry Bamas, les luminaires Bäro utilisent la lumière spéciale Led Pearl White dont la composition augmente légèrement la saturation de certaines couleurs pour les rendre naturelles et fraîches”, indique Olivier Cabedoce, responsable grands comptes. Le fabricant allemand décline ses lignes de produits avec trois types de luminaires, les suspensions, les projecteurs et les semi-encastrés. Chaque ligne permet ainsi d’aménager
un magasin complet avec la même esthétique de luminaires. “Pour le commerce, nous pouvons utiliser une des photométries spécifiques comme le réflecteur “oval basic” qui nous permet d’économiser 25 % de point lumineux avec le même niveau d’éclairement”, ajoute-t-il. Avec la généralisation des leds, la principale difficulté est le contrôle des températures de fonctionnement de la led, la recherche permanente d’économies d’énergie et la fiabilité des systèmes dans le temps, sans qu’il y ait de dérive des performances, un des enjeux de l’éclairage.
Innovations dans le froid
Dans les meubles froids, une catégorie dont l’évolution est souvent la conséquence de dispositions des pouvoirs publics, le fabricant italien Arneg définit ainsi les tendances récentes : “les grandes chaînes de magasins alimentaires veulent donner à leurs points de vente un côté plus familial avec des formats innovants tandis que les magasins indépendants souhaitent bénéficier d’un plus haut niveau de customisation… Nous pouvons répondre à ces deux exigences”, souligne Fosco Tonetto, manager export pour la France. La société transalpine met en avant “Arneg Air System”, son brevet exclusif pour les meubles frigorifiques verticaux fermés. “Plus besoin de dégivrage, une consommation énergétique en baisse de 37 % et une température constante des aliments font de cette technologie une innovation unique, ajoute-t-il. Grâce à l’utilisation
de lames d’air dynamiques spéciales, la différence de température entre les aliments demeure dans un intervalle de 2 °C.”
Une température dont la gestion est essentielle faute de quoi le risque est grand de produits défectueux. Lors d’une crise sanitaire, la transparence est essentielle comme l’a prouvé le scandale des laits contaminés Lactalis en 2017. A raison de 1 000 retraits par an, dont 60 % dans l’alimentaire, il y a 150-200 retraits concernant des contaminations. Comme le retrait à partir des codes EAN n’est pas satisfaisant pour isoler des lots de produits fabriqués dans une même usine, la start-up française Spread & Cole a développé une plateforme interopérable pour faire circuler l’information aux industriels et aux distributeurs. La société a testé cette solution avec Léa Nature. “Nous accompagnons les filières avant la crise, en créant un espace de travail afin de tenir à jour ses listes de contact et être en conformité avec les règles du marché, souligne Olivier Prentout, fondateur de l’entreprise. Pendant la crise, l’application multi-diffuse l’information à partir de la création d’un seul et unique dossier d’incident.” Développée depuis la mi-2018, la première version est sortie en janvier 2020. “Euroshop nous permet de rencontrer des industriels et distributeurs de toute l’Europe, la plate-forme est traduite en allemand, anglais, espagnol et italien”, ajoute Olivier Prentout.
Le chiffre clé
2 400
C’est le nombre d’exposants pour la 20e édition d’Euroshop où sont attendus plus de 115 000 visiteurs.
La start-up: Kylii Kids
Tranquilliser les parents clients avec les jeux interactifs
Enfants impatients dans un magasin égale parents agacés, et souvent des achats abandonnés. Pour lutter contre cette perte de chiffre d’affaires, Kylii Kids a développé des espaces de jeux interactifs pour les lieux recevant du public. Tables tactiles, jeux ou réalité augmentée ou sols interactifs, ce sont près de 150 jeux pour les 3-12 ans personnalisables à la stratégie de l’enseigne qui sont disponibles dans le catalogue de la start-up basée à Lille. “Nous avons déployé 900 solutions au sein de magasins, restaurants, aéroports et centres commerciaux dans plus de 20 pays”, indique Antoine Nuger, son directeur commercial. Quatre à cinq nouveautés par dispositif (il y en a une dizaine) sont sortis chaque année, sur des thèmes comme l’écologie, le scientifique ou plus ludique. Les jeux interactifs sont privilégiés pour faire bouger les jeunes. La tour Kylii view, une tour de réalité virtuelle qui bouge à 360 degrés et où l’enfant interagit avec des boutons (et sans casque) a été installée dans le magasin PicWicToys de Lomme. “Les enfants jouent entre 15 et 30 minutes, ce qui permet aux parents de faire leurs achats l’esprit tranquille”, ajoute Antoine Nuger. Kylii Kids s’exprime sur une surface moyenne comprise entre 5 et 12 m2 en espace dédié ou à côté d’une cabine d’essayage (Tape-à-l’œil). La société a déployé ses solutions dans le café Primark with Disney en avril dernier à Birmingham où tous les jeux ont été personnalisés à l’effigie du géant du divertissement. Elle a aussi développé un concept Footlocker à Milan avec jeux de réalité virtuelle et augmentée dont les personnages étaient habillés des célèbres vêtements rayés noir et blanc.
Pourquoi aller à Euroshop ?
“Après une première participation au salon il y a trois ans, nous avons développé l’international, indique Antoine Nuger. Après des bureaux ouverts à Londres, Valence et Bâle, nous comptons nous implanter en Allemagne et cherchons un partenaire. Le salon est un événement important car nos grands clients viennent nous voir.”
La start-up Deepidoo
Améliorer l’expérience client par le marketing sensoriel
Spécialisée dans l’animation et la digitalisation des points de vente, la start-up lyonnaise permet aux enseignes de piloter à distance, via sa plateforme développée en SaaS (logiciel en tant que service), des animations sonores sur mesure, visuelles et olfactives. “Nous permettons de théâtraliser le lieu avec une musique, un affichage dynamique pour afficher les promotions dans tous les magasins au même moment ou un parfum qui correspondent à l’image de la marque, qui assurent l’homogénéité de sa perception par les sens”, souligne Yann Féminier, cofondateur de la société en 2013. La solution est implantée dans 6 000 points de vente, dont les 500 magasins d’ID Group, Jacadi, Okaidi et Oxybul. “Nous contribuons à défendre le commerce physique et participons à son réenchantement par une vision omnicanale qui fait le lien entre Internet et le point de vente”, poursuit-il. Forte de 15 personnes dont une équipe développement consistante, Deepidoo a essaimé dans le non-alimentaire mais une percée est prévue dans le libre-service : une enseigne alimentaire est en train de faire des tests.
Pourquoi aller à Euroshop ?
“Nous faisons 40 % de notre chiffre d’affaires à l’export et nous avons un très fort plan de développement à l’étranger dans les deux ans ; principalement l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Suisse, l’Italie et aussi la Chine.”
La start-up V-Cult
Vendre mieux grâce à la réalité augmentée
Virtuelles, les applications de la RV le sont toujours un peu dans les points de vente. Leur principale utilisation intervient en tant qu’“outil d’aide à la décision en amont”, indique Samuel Mound, responsable marketing de V-Cult. L’agence de transformation digitale spécialisée dans
les réalités immersives a travaillé avec Leclerc voici trois ans sur leur nouveau concept de magasin de jouets. “Nous avons créé le concept store en réalité virtuelle qui a ensuite été présenté aux adhérents pendant leur plénière annuelle”, ajoute-t-il. V-Cult propose également des solutions d’immersion en e-commerce, à l’instar de l’expérience disponible sur
le site de Decathlon permettant aux internautes de visiter une quinzaine de tentes sous tous leurs angles en 3D. “L’immersion permet au client de mieux se projeter dans l’usage du produit et s’approprier ses fonctionnalités techniques qu’avec une fiche
produit traditionnelle” indique Samuel Mound. Dans la continuité, V-Cult a réalisé, en 2018, une application de réalité augmentée pour Decathlon qui propose toute la gamme de trampolines, à visualiser dans son jardin. Actuellement, la société finalise un déploiement en magasin chez PicWicToys (d’abord à Lomme puis Caen et la région parisienne) où des QR codes flashables sur le facing des rayons permettent de développer des animations de réalité augmentée, utiles pour
avoir davantage de points fidélité. Une idée pour renforcer la communauté de familles autour de la jeune enseigne.
Pourquoi aller à Euroshop ?
“Nous cherchons des possibilités d’extension sur l’Allemagne et le Benelux qui sont des marchés plus mâtures que la France en matière de réalité virtuelle et augmentée, indique Samuel Mound. En outre, le fait que nous soyons un studio pluridisciplinaire est intéressant pour des projets internationaux.”
La start-up Smartway (ex zéro Gachis)
Diminuer le gaspillage en rayon
Depuis sa création en 2012, la start-up nantaise développe le “sticking”, l’application, directement en rayon, de promotions sur les produits qui approchent la date limite de vente. “Nous accompagnons la performance des enseignes sur la casse, explique Thomas Aydos, manager projet international. Depuis deux ans, nous avons investi sur la data science pour préconiser le
meilleur prix d’un produit arrivant en fin de vie, grâce à un module de pricing dynamic basé sur de l’analyse de données, puis aiguiller correctement vers sa meilleure filière de revalorisation, le stick ou le don. Nous disposons d’une brique d’intelligence artificielle qui répond à la problématique de chaque magasin.” La
casse est un point sensible et c’est la combinaison des solutions (box, promotion ou don) qui permettra à un supermarché d’approcher le 100 % de valorisation de ses invendus alimentaires. La start-up annonce revaloriser de 50 % à 80 % de la casse en GMS et un gain de marge de 1 à 2 points
sur le rayon frais. Le système Easyturn permet un contrôle automatisé des dates rayon par rayon pour réduire le risque de voir un produit périmé rester en rayon, qui permet un gain de temps pour les employés. Zéro-Gâchis (désormais repabtisé smartway) travaille avec des indépendants en France et teste
ses solutions chez Carrefour, Casino et Auchan.
Pourquoi aller à Euroshop ?
“Nous attendons beaucoup de ce salon, en particulier les marchés européens où ce type de solutions n’est pas encore déployé comme les pays de l’Est.”