Du parking à la boulangerie, en passant par l’épicerie, les fruits et légumes ou encore les meubles froids, toutes les zones du magasin sont remodelées afin d’apporter le maximum d’esthétisme, de praticité et de clarté au parcours client.
Par Sylvie Druart
Les points forts: La zone marché dynamique, et la priorité donné au frais
“Nous constatons une dynamique sur le marché car beaucoup de projets ont été lancés suite au premier déconfinement. Les enseignes indépendantes, de proximité ou encore les primeurs se sont bien adaptés à la crise et, pour une grande
part, investissent ou ont le projet de réaménager leur point de vente”, confie Loïc Cochelin, directeur commercial chez Triangle Mobilier. Ainsi, en fonction des enseignes, de nouveaux concepts ou une homogénéisation des magasins voient le jour. “Nous avons été essentiellement sollicités par les enseignes pour la mise en place de nouveaux concepts. L’an dernier, Intermarché a lancé le projet FabMag (voir ci-dessous) comportant des changements esthétiques sur les catégories de produits quant au choix des matériaux, des coloris et d’élargissements de gamme dans tous les secteurs métier du magasin. Il est vrai qu’aujourd’hui les enseignes comme U ou Intermarché mettent vraiment l’accent sur les pôles métier, du frais, de l’épicerie”, indique, de son côté, Emmanuel Bonin, responsable marketing de Rasec Aménagement. Certaines autres enseignes, dont les galeries commerciales ont été fermées, ont cependant reporté leurs projets.
Une ambiance travaillée tout au long du parcours client
Les tendances générales vont vers des ambiances qui se veulent aussi chaleureuses qu’homogènes à travers tout le magasin : “c’est-à-dire tout au long du parcours client, des finitions, un décor, du bois, une ligne… interviennent en fil rouge pour créer une expérience d’achat homogène. Avant, les enseignes y prenaient moins garde”, reconnaît Loïc Cochelin. “Avec le confinement, les magasins se sont aperçus que la clientèle pouvait rapidement s’adapter, changer d’habitude et d’enseignes. Je pense qu’il y a eu une volonté des grandes surfaces, de la grande distribution, de se rapprocher du client dans son expérience d’achat, et d’offrir un environnement clair, soigné, spacieux avec une offre produits bien mise en
valeur”, souligne également Emmanuel Bonin.
Traduction sur le terrain : l’alliance du bois et de l’acier continue à remporter tous les suffrages. “Il faut toutefois que le meuble soit solide, perdure et soit protégé. Le mélange des deux répond bien aux contraintes de chocs et de flux important des magasins. Du beau et du costaud”, sourit Loïc Cochelin. Le rayon frais reste le point stratégique du magasin… “Les super ou hyper, voire les grandes enseignes qui ne faisaient pas énormément d’investissement ou avaient des concepts assez vieillissants sur les fruits et légumes, aujourd’hui commencent à investir, refaire ces zones de manière plus travaillée, finie et soignée. Elles savent, encore plus qu’avant, que les fruits et légumes font partie de la locomotive d’un magasin. Avec le mieux manger, le nerf de la guerre est là”, ajoute-t-il. Les meubles froids se développent en fonction des rotations de produits, dans le rayon pour y abriter les produits sensibles : fruits rouges, champignons, endives… Les bars à jus et fraîche découpe font également partie des services proposés au consommateur et s’intègrent souvent dans des meubles étudiés pour une vraie théâtralisation en point de vente.
Polyvalence
Avec les fruits et légumes, les métiers traditionnels comme la boucherie et la boulangerie gagnent du terrain et en esthétisme. Au final, chaque zone s’équipe de caissons de démonstration, de meubles polyvalents à déplacer selon les saisons et les opérations. De leur côté, les univers du vin et de la bière connaissent un véritable succès. “Nous avons créé
un meuble haut de gamme souvent en bois, souvent utilisé pour les vins premiums ou encore des corners avec des chais. Nous avons dupliqué le modèle pour les bières et les champagnes, en toute cohérence et pour une meilleure visibilité de l’offre”, témoigne Loïc Cochelin, directeur commercial chez Triangle Mobilier. Les bouteilles de bière présentent la contrainte d’être de formes très variées et nécessitent donc des meubles s’adaptant à ces différents formats. Le vrac, quant à lui, poursuit sa croissance en magasin. En parallèle, des zones de restauration s’installent, “dans les magasins plus urbains”, constate Emmanuel Bonin, responsable marketing de Rasec Aménagement. Pour sa part, le Carrefour à la Toison d’Or de Dijon a fait le pari de la restauration en magasin (200 places assises) ou à emporter, en mettant en place 8 kiosques de restauration au niveau de l’entrée alimentaire de l’hypermarché dans le cadre de son concept Next. Ainsi, les stands sont tenus par des prestataires extérieurs réalisant sushis, salades, rôtisserie, pizzas, découpe de fruits, boissons chaudes et froides… Dans le détail, les produits sont préparés sur place, présentés en vitrine en vente libre-service, mais sont à régler sur les caisses de l’enseigne. À cette fin, une caisse dédiée est installée à l’entrée de l’espace restauration et des caisses libre-service sont placées à proximité. Seuls deux kiosques disposent de leur propre solution d’encaissement, en cash management…
De nombreuses réglementations et évolutions sur les meubles de froids
Côté meubles froids, la réglementation au niveau européen se donne pour mission de réduire l’impact des fluides frigorigènes sur l’effet de serre après en avoir réduit les effets sur la couche d’ozone. La loi F-GAS prévoit ainsi de sortir progressivement de l’utilisation des HFC (HydroFluoroCarbures notamment le R134A et le R404A les plus fréquemment utilisés) en tant que fluides frigorigènes. Les HFC étant considérés comme les fluides du passé, la grande distribution se tourne actuellement vers des alternatives avec différentes solutions sur le marché : les hydrocarbures, le CO2 pour les
meubles déportés ou logés, l’ammoniac ou les fluides synthétiques. Une alternative se pose avec les fluides frigorigènes classés A2L, cependant moins stables chimiquement, ce qui représente un avantage car les molécules qui les composent appauvrissent moins la couche d’ozone mais, en même temps, un désavantage puisqu’une grande partie de ceux-ci sont inflammables ou légèrement inflammables. Une classification est donc opérée au titre du risque incendie, lequel entraîne des exigences règlementaires sur les contraintes d’utilisation de ces fluides. Si sur le papier, le cadre est défini, sur le terrain, les choses doivent être affinées. Ainsi, l’Association Française du Froid, à travers sa commission Fluides, insiste sur la mise en place préalable d’outils centralisés et harmonisés du suivi des flux de fluides et la formation des opérateurs confrontés à l’utilisation de solutions alternatives, afin qu’ils soient alertés de leurs caractéristiques et qu’ils les manipulent en toute sécurité. En parallèle, l’AFF invite les acteurs à évaluer l’impact environnemental global des installations dans la prise en compte des alternatives ainsi que l’impact économique et règlementaire des mesures qui pourraient être adoptées. Enfin, selon l’AFF, l’application de la réglementation ne pourra être efficace sans la mise en œuvre de contrôles rigoureux et de sanctions dissuasives et harmonisées à l’égard des acteurs.
Un froid européen
Au niveau européen, une autre démarche est déployée depuis le 1er mars 2021. S’alignant sur les équipements électroménagers grand public, les meubles réfrigérés commerciaux connaissent, en effet, depuis cette date, une classification de performance par lettre de A à G, mais en commençant par la lettre C pour éviter les lettres très alléchantes de type A++ ou A+++, acquises après plusieurs années de progression énergétique et semant aujourd’hui la confusion dans
les esprits. Cet indice entre ainsi dans le cadre du pacte Green Deal voulant qu’à l’horizon 2050, les pays de l’Union européenne soient le premier continent à consommation énergétique nulle. Cette réglementation a également plusieurs effets : une amélioration de la consommation énergétique en même temps que l’élévation du marché vers le haut. Il s’agit de pousser les fabricants à investir et à innover pour aller dans le sens d’une meilleure maîtrise de l’énergie et d’un mobilier toujours plus vendeur, mais également à écarter les industriels qui ne sont pas vertueux. En tenant compte de la durée de vie d’un meuble réfrigéré, entre 7 et 12 ans selon les magasins, et l’usage fait des équipements, le marché devrait ainsi se renouveler et gagner en performance, dans les délais impartis par l’UE. Au final, l’ensemble des Indices d’Efficacité Energétique (IEE) seront regroupés dans une base de données publique, pour une totale transparence des informations.
Primeur, épicerie fine, fruits et légumes, boulangerie, fleurs, bio, vrac, fruits secs, aménagement de parkings, bergerie fraîche découpe, bars à jus, olives, pommes de terre, comptoirs de pesée, saucissons, caves à vins et bières, accueil et services, œufs, fromages, verrières des bureaux… Aucun espace n’échappe désormais à la volonté d’esthétisme, de praticité et de cohérence du parcours client…
FabMag: Le concept d’Intermarché
Lancé en 2020, le concept FabMag a pour objectif de proposer aux clients de nouvelles expériences d’achat. À l’image d’un grand marché, l’enseigne souhaite mettre en valeur les produits frais et le “fait maison” et ce, dans le respect de modes de
consommation plus respectueux de l’environnement. Précisons que les adhérents Intermarché gardent le choix de la personnalisation de l’aménagement et de la décoration de leur point de vente. Le premier Intermarché FabMag a donc ouvert en juillet 2020 à Douvaine, en Haute-Savoie. Il se compose d’une vaste zone marché, d’une cuisine avec un espace artisan, d’un circuit ultra-court pour les clients drive et de FabTables. Celles-ci se présentent au nombre de 3 afin d’inspirer le consommateur avec des recettes et les ingrédients nécessaires à leur préparation et sont, à cette fin, renouvelées toutes les 3 semaines. En outre, des services de stérilisation permettent la réalisation de bocaux maison longue conservation ainsi que de produits frais prédécoupés ou à cuisiner. En termes d’agencement au rayon frais, le mobilier plus bas facilite le contact des clients avec les experts métiers (bouchers, charcutiers, poissonniers) alors qu’un mobilier plus haut valorise au mieux les produits. Le concept fait ainsi la part belle au vrac avec possibilité d’utiliser des bocaux ou des sacs réutilisables et aux produits locaux (moins de 50 km du magasin). Un concept que l’enseigne entend maintenant déployer dans ses 1 836 magasins hyper, super, contact et express.