« Annus horribilis » sur bien des points, le bilan de l’année 2020 révèle toutefois quelques perspectives d’avenir passionnantes, notamment l’accélération de transformations et des pistes de construction d’un monde post Covid-19 résolument plus engagé dans la protection du vivant, des hommes comme de l’environnement. Les enseignements de la crise nous ont ouvert les yeux sur les failles d’un modèle social et économique qui va devoir inéluctablement s’adapter face aux défis climatiques et sociétaux de demain. 2021 ouvre un nouveau champ des possibles pour agir dès maintenant.
L’année 2020 vient de s’achever et déjà, 2021 se profile avec son lot d’interrogations sanitaires, économiques et sociales. Sur fond de campagne de vaccination, de reprise progressive de l’activité économique et d’un semblant de vie sociale retrouvée, se dessine l’avenir de nos populations ébranlées par un cygne noir que personne n’a vu venir. Bien des critiques ont pu être avancées depuis ces 12 mois de pandémie, mais encore bien peu de leçons tirées de cet évènement inédit. Constats négatifs, souvent, mais aussi positifs et prometteurs, pour certains. Au-delà des manquements et des défaillances face à une situation hors norme, il est bon de souligner les vraies avancées réalisées tout au long de cette année exceptionnelle. Sur le plan de la RSE, d’abord, une accélération de la prise de conscience et l’action en faveur de la transition écologique. A l’heure où mon cabinet conseil RSE DEVELOPPEMENT, créée en 2010, vient de fêter ses 10 ans d’existence, les PME-ETI ont démontré au quotidien leur résilience dans l’adversité. La crise sanitaire a fait la lumière sur les priorités d’actions et la place stratégique que les entreprises accordent (vraiment) à leurs engagements RSE.
« Je vous souhaite une bonne année 2021 avec beaucoup d’échecs. Accordons-nous le droit à l’échec, apprenons de nos erreurs et dépassons nos propres limites. »
L’impact économique de la crise
Foudroyé par l’état d’urgence sanitaire au printemps derniers, le monde économique s’est, un instant, arrêté de tourner. Mais bien vite, instinct de survie et d’adaptation oblige, les entreprises ont su trouver de nouvelles formes d’organisation. Le travail à distance et ses outils de visio-conférence se sont invités dans notre quotidien professionnel en quelques semaines, révélant au passage les limites d’une société sans contact humain. Car si certains ont su tirer parti des mois de confinement – l’industrie agro-alimentaire, notamment, et la grande distribution ont vu leurs ventes exploser – les secteurs de l’événementiel, de la restauration, du tourisme et de la culture continuent de souffrir et ont bouclé leur année 2020 sur un bilan catastrophique. À quelques exceptions près (la saison d’été a profité aux hôteliers du Sud de la France et celle d’hiver a été bonne pour les loueurs de raquettes à neige), le début de cette nouvelle année n’annonce pas d’embellie immédiate pour les métiers du tourisme blanc. Chacun tente de s’adapter et de survivre psychiquement, mais l’absence de collectif nuit gravement au dynamisme et à la vitalité d’une nation à l’heure où les pathologies psychologiques explosent. Recroquevillés dans nos intérieurs et condamnés à vivre par écrans digitaux interposés, comment redonner du sens à notre quotidien et écrire un avenir à nos enfants qui eux se construisent dans les relations aux autres ?
Nouvelle donne de la consommation
Une quête de sens et de bon sens, justement, s’est imposée à travers la crise. Recentrages sur l’essentiel « back to the basics », nous avons pris majoritairement conscience (forcée) des enjeux de consommation qui nous entourent : la dépendance vis-à-vis de productions lointaines, la baisse des émissions GES, la raréfaction des ressources naturelles, la fiabilité des chaines d’approvisionnement, le respect de la biodiversité et du vivant… En écho à ces constats, l’entrée en vigueur de la loi Pacte a accéléré la raison d’être en entreprise qui accentue la prise en considération des enjeux sociaux et environnementaux dans leur stratégie. Transparence et vérité sont devenues des éléments de discours incontournables pour les marques qui doivent désormais apporter un gage de confiance aux consommateurs. Et pour cause, l’appétit renouvelé des Français pour les circuits courts et les commerces de quartier n’a cessé de se confirmer, à l’image du soutien inattendu des Français aux libraires indépendants, en novembre dernier. Quoique séduit par les facilités offertes par les champions mondiaux du digital, les Français ont redécouvert l’importance du petit commerçant et l’indispensabilité des services de livraison à domicile. La Covid-19 a hybridé durablement la notion de proximité mettant en exergue l’excellence des acteurs de la chaine de valeur de nombreuses filières et de la distribution, notamment pour l’agroalimentaire. Un changement d’échelle qui impliquera post Covid-19 de nombreuses transformations et de changement de modèle économique des métiers du commerce.
« La Covid-19 va durablement hybrider la notion de commerce proximité et de livraison à domicile ; les magasins doivent se réinventer. »
Un virus et des hommes
2020 a ainsi marqué un tournant dans la consommation responsable, dans un contexte où les relations interpersonnelles ont été plus que jamais bouleversées, le virus opposant les jeunes aux anciennes générations, les malades aux bien-portants et isolant les plus fragiles d’entre nous. L’expression « Prenez soin de vous » est devenue le nouveau « Comment allez-vous ? ». Nous sommes entrés dans l’ère du « care » et de la bienveillance. L’humanité, en effet, ne reste-t-elle pas le dernier rempart contre l’angoisse et la dépression ? Aux vagues successives de l’épidémie virale s’associent celle de la détresse psychologique des individus. Les jeunes sont particulièrement touchés. Privée d’interactions sociales, en perte de repères et de structures pédagogiques physiques, la promotion 2020 vacille et doute. Comme écrire le futur quand on n’a pas de visibilité… Jeunes en temps de Covid : une génération sacrifiée ? S’ils ne sont pas les seuls à vivre mal la situation – les résidents des Ephad, coupés de leur famille, souffrent aussi – sans oublier les défunts partis sur la pointe des pieds avec des obsèques minimalistes – leur mal-être est d’autant plus inquiétant que l’avenir repose sur leurs épaules.
« Redonner espoir et confiance à nos générations futures devra être la priorité de nos gouvernants. »
Aller de l’avant en 2021
L’arrivée du vaccin miracle va-t-elle faire redémarrer du jour au lendemain l’économie, d’un coup de baguette magique ? Nul ne le croit. Mais une chose est certaine : la crise économique et sociale qui couve, potentiellement amplifiée par les défis écologiques devant nous, ne peuvent attendre l’immunité collective de planète pour s’imposer comme le chantier majeur de l’année 2021, notamment si l’on veut inverser la courbe et atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris. Nous avons 12 mois pour agir. Et le programme est chargé. Il nous faudra réaligner les inégalités sociales exacerbées pendant la crise, faire preuve de pédagogie, déminer les confrontations intergénérationnelles, s’attaquer aux situations de rente, clientélisme et autres corporatismes, mais surtout retrouver une harmonie collective perdue dans un esprit de fraternité, d’esprit d’équipe ou de corps. La RSE est indéniablement une partie de la solution pour accélérer et accompagner ces transformations, dans les entreprises comme dans les mentalités. Deux décisions politiques symboliques prises au cours de l’année 2020 en attestent : le plan de relance de 100 milliards d’euros dédiés, en partie, à la reconversion et à la formation aux métiers d’avenir dans les secteurs de la transition écologique, du numérique et de l’industrie mais également, l’annonce d’un référendum sur le climat. Il s’agit d’une avancée historique car si, demain, climat et biodiversité sont intégrés dans la constitution, ces sujets ne pourront plus être cantonnés à de l’écologie politique et s’inscriront de fait dans la stratégie de toutes les entreprises. Cet événement majeur pour la RSE poserait, dès cette année, les jalons d’une véritable révolution : le passage de l’intention à l’action !
« Si le mot résilience aura été celui de l’année 2020, souhaitons que 2021 soit celle de la fraternité, du dialogue et de l’action pour relever collectivement les nouveaux défis qui se dressent face à nous. »
Par Marc Jacouton, fondateur de RSE Développement