Confrontés à une légère baisse des volumes en rayons, les brasseurs sortent moins de nouveautés ce printemps et déclinent leurs recettes en canettes et en format 75 cl. Dans le contexte inflationniste, la plupart des acteurs privilégient la consolidation des gammes existantes. Par Jean-Bernard Gallois
En 2022, la bière a dépassé le vin en tant que boisson alcoolisée préférée des Français. Selon le baromètre Sowine/Dynata sur le rapport des Français aux vins et aux spiritueux, présenté en mars 2022, 51 % des Français interrogés ont déclaré préférer consommer de la bière, 40 % d’entre eux des vins et 31 % du champagne (plusieurs réponses étaient possibles). Certes, il ne s’agit que d’un sondage, mais la nouvelle a surpris le petit milieu des spécialistes en alcools car la bière a connu une hausse fulgurante de +12 points par rapport aux vins. Effet Covid et augmentation du prix du vin ? Peut-être, mais les chiffres se rapprochent : la consommation moyenne de 33 litres de bière par an et par personne en 2022, avoisine celle du vin (36 litres). Selon les analystes, le croisement des courbes pourrait se produire en 2024.
Cuvée inflation
En attendant, l’année 2022 offre une vision contrastée du rayon bières. Si les ventes en valeur ont progressé de +1,8 % (chiffres Circana, tous circuits GMS), les ventes en volume ont baissé de -1,6 % l’an dernier. « Après deux années de croissance dynamique dues au Covid, les ventes en GMS ont marqué le pas », indique Fabien Besse, responsable marketing chef de groupe chez Heineken. Dès le milieu de l’année, les bières sans alcool, les aromatisées, les abbayes ont vu leur croissance ralentir. La progression des bières craft va-t-elle se poursuivre dans un contexte d’inflation où leur prix pourrait freiner les clients ? « Y aura-t-il un report vers des bières de plus grande consommation ? », s’interroge Hugo Sialelli, directeur du développement de Pietra. « Cette légère baisse des ventes ne fait pas oublier que le marché a connu une croissance des volumes de +7 % depuis 2019 et il faut aussi noter que les ventes sont de nouveau en hausse depuis octobre 2022 », nuance Stefaan Deroost, directeur commercial GMS France chez AB Inbev qui voit la tendance à la premiumisation se poursuivre. La question de l’inflation, avec la hausse des prix des matières premières,