Lors de l’Assemblée Générale des actionnaires, Georges Plassat a demandé trois ans pour relancer la machine. Pour cela, le nouveau PDG de Carrefour remet en cause la centralisation et la convergence, et mise sur les forces locales du groupe.
C’est sous une certaine tension que s’est tenue ce matin l’Assemblée Générale des actionnaires de Carrefour. Le contexte est pesant : résultat net de 371 millions d’euros, en chute de 14 %, un cours d’action qui n’en finit plus de baisser et une indemnité de non-concurrence de 1,5 million d’euros versée à l’ancien PDG, Lars Oloffson. Dans cette ambiance, difficile pour Georges Plassat de prendre la parole. Le nouveau patron a donc choisi de trancher avec l’ancienne stratégie. Exit la centralisation, et vive la localisation ! « Personne n’a compris, et je parle des dirigeants, que Carrefour est un groupe d’une centralisation complètement inadaptée à son métier. En renforçant la centralisation, en parlant de convergence, il s’est coupé progressivement des relations locales », estime Georges Plassat.
Et il admet : « Nous avons quelques dérives à régler, comme la rotation excessives des dirigeants. Au cours des dernières années, les patrons de pays sont restés deux ans maximum ».
Cette remise en cause effectuée, Georges Plassat entend, alors, se pencher sur l’avenir. Un futur qui s’étale sur trois années, avec comme objectif le désendettement du groupe, l’optimisation de la marge et la séparation de la gestion des différents formats (magasins de proximité, supermarchés et hypermarchés). Les prochaines années s’annoncent austères en matière de maîtrise des dépenses. A ce titre, les frais alloués à la communication (500 millions d’euros pour le marché français) devraient être revus très largement à la baisse. Georges Plassat opte pour l’humour afin d’illustrer le sujet : « Quel est l’intérêt d’expliquer à une personne chauve qu’elle peut se sécher les cheveux avec un séchoir à 9,30 € ? Mettons cet argent superficiellement utilisé au profit de nos magasins et nos collaborateurs », annonce-t-il sous les applaudissements des actionnaires et des salariés-actionnaires. Le programme de fidélité, très coûteux, est lui aussi en pleine refonte. La suppression prochaine des chèques fidélité, dont la gestion est estimée trop onéreuse, est déjà actée.
Sur le plan social, le groupe a tenu à affirmer qu’aucun plan n’était prévu pour les magasins. En revanche, Georges Plassat l’affirme : « Tout le monde sait que le groupe est trop lourd en amont de ses magasins. Avec les syndicats, mettons les choses sur la table, à travers une sorte de forum, pour trouver les bonnse solutions ». Une manière d’annoncer des réductions d’effectifs tout en jouant le jeu de la concertation. Tout en assurant qu’il souhaite sortir de la convergence d’enseignes, chère à son prédécesseur, Georges Plassat résume la nouvelle organisation ainsi : « Il nous faut une organisation plus rustique et plus locale ». Le retour aux fondamentaux comme sortie de crise, telle est la nouvelle stratégie du groupe. Une marche à suivre qui n’a pas semblé convaincre tous les actionnaires : la nomination de Georges Plassat comme administrateur pour trois ans n’a été approuvée qu’à 76,7 %.
Céline Oziel
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