Initiée pour assurer une juste répartition des valeurs, la loi Egalim évolue désormais dans un contexte de volatilité des matières premières et d’inflation. Avancées et perspectives avec tous les acteurs de la chaîne.
« Les lois Egalim à l’épreuve de leur mise en œuvre ». C’est le thème de la conférence qui a réuni, sur le Salon de l’agriculture, producteurs, industriels et distributeurs pour faire le point sur les avancées, difficultés et perspectives, 5 ans après la première mouture de la loi. L’occasion pour les intervenants de revenir sur ce qui a changé avec Egalim. Concrètement, c’est la signature de contrats avec des acheteurs qui s’engagent à acheter la production à un certain prix, « avec tout un tas de clauses. C’est là-dessus qu’un travail doit encore être effectué, car il y a encore des entreprises qui ne veulent pas signer ces accords. Il faut qu’elles soient sanctionnées. Nous nous engageons à respecter la loi et elles, elles ne le font pas. Je ne vois pas pourquoi on continuerait comme ça », s’insurge Rémi Agrinier, éleveur ovin dans l’Aveyron. De son côté, Augustin Wack, producteur de lait dans le Bas-Rhin pour une coopérative, reconnaît qu’Egalim lui a permis de se fixer un cap en termes de volume : « Il ne faut pas se voiler la face. Nous traversons une crise agricole et si Egalim n’avait pas réglé la question du prix, nous ne serions peut-être pas là pour en parler aujourd’hui ». Pour Rémi Agrinier, il s’agit, aussi, d’intégrer la réflexion au niveau européen : « Nous n’avons pas les mêmes normes au niveau social. Il doit y avoir une démarche européenne ambitieuse qui engage tout le monde sur les mêmes coûts de production ». Un constat repris par Stéphane Travert, député de la Manche et ancien ministre de l’Agriculture : « Nous avons besoin de porter cette exigence au niveau européen pour que les agriculteurs ne puissent plus être victimes de concurrence déloyale ».
Egalim, ça change quoi ?
Si l’un des premiers enjeux de la loi Egalim visait la juste répartition de la valeur au niveau de toute la chaîne, « ce qui a changé, depuis 2017, c’est la volatilité des matières premières, lance Anne-Sophie Carrier, directrice générale de Bel France. Il faut donc repenser les choses, parce qu’un même prix toute l’année, ça ne fait plus sens ». La directrice générale regrette, aussi, que le 2e enjeu de la loi, portant sur la transition alimentaire et une alimentation plus saine et durable, ne fasse pas partie des débats ces dernières