L’hypermarché a changé une grande partie de ses meubles froids pour des bacs et des vitrines conçus par Novum. Les premiers résultats sont encourageants, selon les propriétaires de ce magasin. Une solution qui pourrait faire des émules.
Des rangées de meubles verticaux et des îlots de bacs sur fond de montagnes. L’agencement des meubles froids est semblable à tous les autres hypermarchés, sauf qu’il s’agit, cette fois-ci, de groupes logés et non plus de groupes distants. Cette première pour une grande surface en France prend place en Haute-Savoie.
Dans l’hypermarché E.Leclerc de Ville-la-Grand, à proximité d’Annemasse, la grande baie vitrée de six mètres de haut offre un majestueux panorama sur les massifs du Mont-Blanc. Au centre du magasin, sont installés 65 meubles verticaux libre-service en bi-température depuis cinq mois et 35 meubles LS en froid négatif implantés depuis huit mois. Un enjeu fort pour les adhérents, Olivier et Laëtitia Magré, car le frais et le surgelé représentent près d’un cinquième du chiffre d’affaires de leur magasin. L’hyper de 5 700 m2 a été reconstruit à neuf en 2016. Situé entre une voie ferrée et la frontière suisse, il a été repensé par ses propriétaires dans l’offre de produits proposés et l’expérience client vécue. Bien calé dans le top 10 des hypermarchés E.Leclerc en termes de chiffre d’affaires, il affiche un indice prix sous les 90. Dans le vaste parking situé en dessous du magasin, les immatriculations suisses côtoient les locaux dans un ballet harmonieux en ce début du mois avril.
Gagner en autonomie
« Nous avons investi 650 000 euros sur ces meubles froids et leur installation », détaille Antoine Magré, codirecteur du magasin. Après de nombreuses visites de points de vente à l’étranger, en Espagne et en Italie ainsi que chez Picard, qui utilise des meubles Novum, « nous avons opté pour cette marque et le groupe logé et nous y voyons un gain de facilité dans l’exercice de notre métier. Comme nous, beaucoup d’adhérents et de directeurs de magasins ont des appels au beau milieu de la nuit pour des alarmes de froid avec des meubles en rade, des tuyauteries bouchées, des fuites de gaz… Et quand il y a un remodeling, le travail est accru avec des systèmes de froid de plus en plus complexes. Bref, nous souhaitions gagner en autonomie par rapport aux frigoristes et limiter nos risques de rupture de la chaîne du froid à cause des défaillances d’un ou de plusieurs meubles ou du système de froid », ajoute-t-il.
Après une visite dans la centrale de froid (le magasin en possède deux positives et une négative), Philippe Salengros, directeur général d’Efficop, distributeur des gammes Novum et Galilei en France estime qu’« une centrale au CO2 nécessite des technologies plus avancées et le gaz soumet les tuyauteries à une forte pression, ce qui nécessite une haute technicité des équipes des frigoristes. Par ailleurs, il doit être hautement sécurisé et son coût est plus élevé. »
Autres raisons à ce choix données par Maxime Mézou, codirecteur du magasin : « Nous souhaitons proposer les meilleurs produits frais, poursuivre l’accélération de la réduction de notre empreinte écologique et simplifier le travail de nos employés. » Pour l’instant, le magasin a décidé de conserver sa centrale de froid au CO2 pour les frigos en réserve et les nombreux rayons traditionnels dont le magasin s’est fait une spécialité. Tout le fond du magasin est dédié au trad. Pâtisseries concoctées par un chef meilleur ouvrier de France à des prix E.Leclerc, espace dans la poissonnerie pour fumer les poissons ou encore cave gérée par un autodidacte passionné qui a été récompensée par la Revue du vin de France… Les 5 000 clients quotidiens déambulent dans les allées, entre promotions à l’entrée du magasin et l’immense vitrine des fromages, théâtralisant l’espace sur plusieurs mètres de hauteur.
Les comptes sont au vert
En parcourant la double allée de yaourts, celle des fromages et celle de la charcuterie LS, auxquelles on ajoute les trois allées de surgelés, on imagine l’aménagement des meubles ainsi que le raconte Maxime Mézou : « Pour ne citer que les 35 bacs réfrigérés, il a fallu 6 heures de travail durant deux nuits, le temps de les installer et de les connecter. Les meubles ont été apportés à 19 h 30, peu avant la fermeture du magasin. Au total, il nous a fallu sept nuits pour installer la totalité des meubles avec deux personnes d’une société frigoriste, trois personnes pour évacuer les anciens meubles et un employé pour le nettoyage des sols. »
Quelques mois après l’installation des nouveaux meubles, les comptes sont au vert pour les adhérents. « Pas de hausse de climatisation ces derniers mois et les relevés de consommation énergétique faits en collaboration avec la Siplec (outils Leclerc) pointent une baisse de consommation globale du bâtiment de 15 % depuis que nous avons installé ces meubles, sachant que le frais pèse entre 30 et 40 % de notre consommation d’énergie », ajoute Antoine Magré.
Selon Novum, sa technologie LEAP de production de froid, où le groupe logé se trouve dans une cassette au-dessus du meuble, permet une très faible consommation d’énergie, à faible bruit, rejet de chaleur et avec peu d’entretien. « Les meubles verticaux, de classe B, utilisent du propane dont les propriétés frigorifiques sont excellentes », note Philippe Salengros. L’innovation du groupe irlandais est d’avoir miniaturisé l’évaporateur. « La consommation de ce meuble est l’équivalent de sept briquets à gaz alors qu’un autre groupe logé équivaudrait à 50. Comme la consommation énergétique est faible, le rejet de chaleur, qui était un des points délicats des groupes logés jusqu’ici, ne dépasse pas celui le rejet calorifique d’une personne au m2. Il n’y a donc pas besoin d’augmenter la climatisation pour baisser la température ambiante en magasin », précise-t-il. Quant à la maintenance, il assure qu’elle se fait tous les semestres contre une fréquence trimestrielle pour les meubles en groupe distant, avec une attention particulière accordée au condenseur. « Après huit mois passés en magasin, les grands caïmans au froid négatif n’ont quasiment pas de poussière », confirme Antoine Magré.
En cas de problème avec le système de froid dans les meubles verticaux, « la cassette est très simple à changer par une personne du magasin en une vingtaine de minutes sans perte de vente ni de produit. Et nous avons deux cassettes en permanence en réserve », note Antoine Magré.
Petit point négatif, il faut mettre un crochet pour maintenir la porte ouverte lors du remplissage matinal des meubles. Autre bémol, le suivi d’alarme de meuble : lorsqu’un employé ouvre les portes au-delà de cinq minutes, l’alarme se met en marche. « Le frigoriste doit travailler là-dessus mais les clients n’ont pas trop de souci avec la visibilité des produits », indique Maxime Mézou. Quant au travail des employés des rayons frais et surgelés, l’installation des meubles en groupe logé a entraîné une légère réorganisation. Ils doivent nettoyer tous les deux jours les vitres avant de charger les meubles le matin, une opération menée en une vingtaine de minutes.
« Le remplissage est un poil plus délicat qu’avec les meubles précédents et les grosses rotations, les “par 16” et les fromages sont placés sur les étagères du milieu des meubles », souligne Maxime Mézou. Le codirecteur reconnaît que les meubles à groupe logé Novum perdent 7 % de capacité par rapport aux meubles en groupe distant du fait de leurs deux joues, mais ajoute aussitôt que les performances de vente des produits frais en mars dernier ont été identiques à celles des mois passés.
Jean-Bernard Gallois à Ville-La-Grand