Pour des besoins ponctuels ou saisonniers, la grande distribution ou les industriels de l’agroalimentaire se tournent vers la location de meubles frigorifiques. Certains acteurs en ont fait leur activité principale.
« Les meubles sont les nôtres. Nous sommes loueurs et fabricants, c’est ce qui nous particularise. Nos meubles en groupe logé nous appartiennent et sont mis à disposition des distributeurs ou des industriels, dans le cadre d’une opération particulière, pour une durée très variable, quelques semaines de la très courte durée, jusqu’à de la très longue durée qui peut être plusieurs années », détaille Maxime Sorel. Pour cela, la société de location doit répondre à plusieurs contraintes et processus. « Une des premières choses est que le meuble loué va bouger. Un meuble à l’achat est livré, palettisé, très protégé, mis dans le magasin. Il n’a pas vocation à être déplacé. Un meuble à la location va énormément voyager. Il va être transporté en camion, pour une agence dans un magasin, puis du magasin vers l’agence, va repartir dans un autre magasin, etc. Il y a beaucoup, beaucoup de mouvements », développe-t-il.
Conception spécifique
La solidité et le renforcement des meubles est donc de mise dès leur conception. Puis, un circuit est mis en place : au retour d’un meuble à la fin d’une opération, la logistique est assurée en interne jusqu’à l’agence de rattachement. Cette dernière fonctionne comme un mini-entrepôt qui fait intervenir plusieurs typologies de métiers. « Aujourd’hui, nous possédons 11 agences en France pour qu’un client soit à moins de 200 kilomètres de nous. Aux questions de proximité s’ajoute la réactivité », précise-t-il. Le meuble est ensuite vidé de sa PLV ou de tout habillage marketing, avant d’être testé techniquement, mécaniquement et électriquement. À l’instar d’une voiture, la carrosserie est inspectée et réparée, le cas échéant. Le test de froid peut avoir lieu via différents cycles et le meuble est enfin nettoyé avant de partir pour une nouvelle location. Un modèle au final basé sur la mutualisation des équipements et l’économie de fonctionnalité. « Un meuble a plusieurs vies et nos meubles ont beaucoup de vies », sourit-il. De fait, le meuble fait souvent partie intégrante de l’opération commerciale d’un industriel. Celui-ci ne peut pas posséder son propre parc de meubles, ni déployer leur logistique. « C’est tout l’intérêt de la location… Un meuble froid est un métier. Il faut savoir l’entretenir, donc faire appel à l’expertise de frigoristes, de techniciens, etc. qu’un industriel n’a pas forcément dans ses effectifs », ajoute-t-il.
Opérations promotionnelles
À travers la location, il est également possible pour le distributeur, comme pour l’industriel, de couvrir toutes les grandes et très nombreuses opérations de l’année : Noël, opérations crémerie, nouvel an chinois, temps forts divers et variés, notamment sportifs. « La location et la promotion sont ponctuelles. Elles nécessitent un apport en froid dont le distributeur n’a pas besoin de manière permanente. Pour les crèmes glacées, par exemple, aucun distributeur ne dimensionne son magasin pour présenter une centaine ou plus de types de glaces en été. Mais à partir de début avril jusqu’en octobre, ces produits sont obligatoirement présentés au consommateur », observe Stéphane Brindejonc, directeur général d’Arneg France. Un constat partagé par Adrien Salengros, directeur commercial d’Efficop : « La location est une excellente solution en fonction de la configuration c’est-à-dire lorsqu’on est sur des besoins saisonniers. Pour les fêtes de fin d’année, Pâques, pendant des travaux… Toutefois, il coûte plus cher de louer des vitrines que de les acheter. Reste que cela apporte un service : certains distributeurs louent une grande partie de leur parc froid car, si demain, une vitrine ne marche plus, il est facile d’appeler la maintenance et d’en changer, et c’est 0 souci ».
Location avec option d’achat
Autre tendance, la location avec option d’achat dont le modèle est très pratiqué dans d’autres secteurs économiques, comme l’automobile. « Beaucoup d’entreprises sont en train de se créer dans l’environnement économique français : des sociétés de leasing, propriétaires du mobilier, qui louent le bien. Toutes les contraintes économiques que nous connaissons sur le leasing en automobile sont les mêmes en réfrigération : si les distributeurs ont les moyens d’investir, autant investir, mais dans un environnement plus difficile, cela prend tout son sens de louer », remarque Stéphane Brindejonc. De son côté, Adrien Salengros raconte être « en train de travailler avec différents établissements financiers pour proposer des solutions de leasing à mes clients. Un groupe logé lambda, il y a 5 ans, coûtait 2 000 ou 2 500 euros. Aujourd’hui, c’est 3 000 euros. Certes, il consomme moins, mais coûte tout de même plus cher. Au lieu de l’acheter, il est possible de louer et, pendant 7 ans, de payer un loyer. À la fin, le distributeur décide s’il souhaite garder le meuble ou en louer un autre ».
La Seconde main, encore peu exploité sur le froid
Germe également l’idée d’un marché de seconde main. « Le raisonnement est simple : maintenant que le matériel est excellent, il ne faut plus le jeter mais le réutiliser. Il est possible de le garder, de le remettre au goût du jour avec un rétrofit. Ce qui fait qu’avec 20 ou 30 % en moins, nous parvenons à le remettre à neuf, en partant sur une base plus sympathique esthétiquement et plus performante, et à le revendre à des magasins qui ont moins de moyens, mais ont aussi besoin de matériel de bonne qualité. La seconde vie est certainement une solution, même si elle n’était pas encore très développée. Nous, distributeurs, devons monter en compétences », note Adrien Salengros qui estime cependant être en mesure de proposer une offre dans ce sens à l’été 2024. « Quand nous récupérerons le matériel reconditionné et en bon état – ce point n’est pas négociable –, nous serons alors en mesure de faire un heureux dans un autre magasin qui, au lieu d’acheter le matériel au plein tarif, l’obtiendra à un prix beaucoup moins cher. Il restera des frais de remise en état, notamment, bien entendu », explicite-t-il.