
Entretien avec Bruno Fleith, président et actionnaire du Brin d’Olivier
Société familiale créée à Nyons, en Drôme provençale, depuis plus de 50 ans, Le Brin d’Olivier s’est développé en GMS et s’installe, sous la marque Brin de Provence, en GSS. Pilotée par Bruno Fleith, son président et actionnaire, l’entreprise travaille main dans la main avec les producteurs locaux, tout en élargissant ses gammes et recettes avec des olives en provenance d’Europe et du Maroc. Son objectif : devenir la référence culinaire de l’apéritif et faire découvrir un savoir-faire traditionnel aux jeunes générations. Par Cécile Buffard
Racontez-nous l’histoire du Brin d’Olivier…
B.F. J’ai quitté l’industrie agroalimentaire pour reprendre la société il y a 10 ans. Le Brin d’Olivier, créée à Nyons il y a 50 ans, est une entreprise spécialisée dans les olives AOP Nyons qui a élargi sa gamme avec succès. Nous achetons les olives aux producteurs, à la récolte de septembre-octobre pour les vertes et décembre-janvier pour les noires. Sur notre site, nous les désamérisons, les aromatisons et les conditionnons en sachet ou en bocal. Elles sont ensuite commercialisées sous notre marque propre dans les grandes enseignes de la grande distribution Française (E. Leclerc, Carrefour, Intermarché, Coopérative U, Auchan). Il faut savoir que seulement 1,6 % des olives consommées en France sont françaises : tout le reste est importé. Chez Le Brin d’Olivier, les olives françaises représentent 22 % de notre chiffre d’affaires, sous les appellations AOP Nyons, Picholines et Lucques. Nous nous approvisionnons aussi à l’étranger, notamment en Espagne, au Maroc, en Grèce et en Italie pour diversifier nos gammes. Au total, Le Brin d’Olivier compte 40 références d’olives issues de terroirs différents, aux saveurs variées.
Quel est votre business modèle ?
90 % de notre chiffre d’affaires est réalisé par les olives de bouche, utilisées pour la cuisine et à déguster à l’apéritif, à hauteur de 55 % pour les olives vertes et de 45 % pour les olives noires à la grecque (c’est-à-dire cueillies mûres et désamérisées au sel en fût, selon la technique marocaine). Les 10 % restant de notre chiffre d’affaires est réalisé par l’huile d’olives qui provient de France et d’Espagne. L’Espagne, L’Italie et la Grèce suivis par la Turquie, la Tunisie, le Maroc, sont les plus grands producteurs d’huile d’olives. Mais depuis plusieurs années, ces pays subissent les aléas climatiques – le manque d’eau, la hausse des températures et la sécheresse. Si la récolte, fin 2024 a été correcte, le marché reste tendu. Dans ce contexte, notre objectif est de continuer à élargir notre panel d’offres et devenir la référence de l’apéritif provençal. Nous avons, dans ce sens, étoffé nos gammes avec des recettes de tapenade, quatre références de pickles et d’antipasti italiens : tomates séchées à l’huile, poivrons grillés, artichaut et ail confit.
Comment a évolué la consommation d’olives en France ?
Elle a atteint le stade de maturité et demeure stable. Les ventes en magasin se répartissent toujours à 70 % pour les olives vertes et 30 % pour les noires. Les plus grands consommateurs d’olives restent les catégories socio-professionnelles élevées, âgées de plus de 35 ans. Toutefois, nous diversifions notre offre pour toucher tous les consommateurs. Nous sommes très présents sur les réseaux sociaux, nous communiquons sur Facebook et Instagram. Nos jeux-concours ont connu de belles retombées et nous ont apporté de la visibilité auprès des jeunes générations. Par ailleurs, nous sommes adhérents à la FEEF et sommes labellisés PME + depuis 2020, un label RSE qui est un vecteur de communication important auprès des consommateurs. En parallèle, nous avons noué des partenariats avec des associations locales et des manifestations sportives, à l’image du trail de Nyons. Nous accueillons également des stagiaires et des alternants qui viennent découvrir nos métiers.
Comment vous démarquez-vous de la concurrence ?
Le marché compte de nombreux acteurs implantés en GMS, parmi eux les deux marques historiques Tramier et Crespo. La concurrence est rude mais nous bénéficions de l’image d’une société française qui possède son outil de production à Nyons et qui a conservé son usine historique quand les autres ont pour la plupart délocalisé à l’étranger. Le Brin d’Olivier est resté implanté dans le bassin oléicole français pour maintenir une activité économique locale, faire vivre le terroir et communiquer sur ses métiers.
Comment faites-vous évoluer votre outil de production ?
Nous avons un projet de déménagement car l’usine vieillit et devient difficile à travailler. Nous prévoyons de construire un nouveau bâtiment de 6 000 mètres carrés en octobre, soit 1 000 mètres carrés supplémentaires pour stocker les matières achetées dans les cuves de saumure et les machines de conditionnement automatique. Le nouveau site disposera de murs et sols en PVC, plus facile à entretenir, d’un meilleur traitement de l’air et d’un quai de chargement et de déchargement optimisé. Une boutique, accolée à l’usine, sera créée pour commercialiser nos produits et d’autres spécialités régionales de la Drôme provençale, autour de l’univers de l’apéritif. Ces travaux s’inscrivent dans un plan d’investissement de 4,50 M€.
Quelle est votre stratégie de développement ?
Depuis un an, nous avons développé la marque Brin de Provence, qui conditionne les meilleures olives et les plus beaux calibres en GSS, pour les épiceries fines et grands magasins. Nous avons commencé avec les forces de vente en interne mais à partir de 2026, nous prévoyons de recruter un commercial pour accélérer le déploiement de cette marque. En GMS, où nous sommes bien implantés avec Le Brin d’Olivier, nous organisons des animations en magasin avec une PLV attractive et un présentoir sur pieds ou en étagère qui valorise l’identité régionale de la marque, aux couleurs de la Provence.
La société compte à ce jour une quinzaine de salariés et nos forces de ventes sont externalisées. En 2026, nous allons recruter des commerciaux en interne sur des zones très ciblées, peu exploitées actuellement et dotées d’un important potentiel de développement. Le chiffre d’affaires annuel de la société s’élève à 6,50 M€ : pour amortir ces investissements humains et matériels, il nous faut accélérer notre développement.