Agro Novae: créateur d'étoile

Leader sur le linéaire des confitures bio avec sa marque Les Comtes de Provence, la PME familiale a fait le choix d’une démarche d’innovation continue qui sous-tend tout ce que fait l’entreprise. Avec une exigence clé : la qualité des produits. Créée en 1986 et implantée à Peyruis, à proximité de Manosque, dans les Alpes-de-Haute-Provence, Agro’Novae est une entreprise agroalimentaire spécialisée dans la transformation du fruit, principalement sous forme de confitures. Sa marque, Les Comtes de Provence, est commercialisée en GMS en France. L’entreprise réalise un CA d’une dizaine de millions d’euros et exporte 30 % de ses volumes, principalement en Asie-Pacifique et en Amérique du Nord. “Nous sommes une PME/PMI familiale de 50 salariés avec un capital patient, sans fonds d’investissements ou de grands actionnaires. Le conseil d’administration, c’est moi, plaisante Yves Faure, président d’Agro’Novae, qui souhaite transmettre l’entreprise et ses valeurs à son fils, actuellement en deuxième année d’école d’ingénieur. Nous sommes labellisés Entreprise du Patrimoine Vivant depuis 2014, ce qui nous tient à cœur, puisque nous représentons l’excellence et le savoir-faire français. Ce que l’on vend avec notre marque, c’est de la France, de la Provence, et une certaine qualité de confitures”. L’entreprise est également labellisée PME+ le référentiel de la Feef et ses produits bio sont certifés Ecocert. Étonnant parcours que celui d’Yves Faure qui n’est pas du sérail. Titulaire d’un doctorat de droit des affaires et diplômé d’une école de commerce, il commence sa carrière dans une banque. Très vite, l’envie de créer son entreprise émerge. Il aime tout ce qui touche à l’agroalimentaire. La suite, comme bien souvent, découle d’une rencontre, celle avec le directeur d’une coopérative de fruits avec lequel il s’associe pour créer Agro’Novae. “Il avait la connaissance du fruit et de sa cuisson, ce que je ne maîtrisais pas à l’époque. Au début, on a peu bricolé, puis on a créé une nouvelle usine, en 1992, d’un accès très facile puisqu’elle est située à proximité de l’autoroute qui relie Aix-en-Provence à Gap”, raconte-t-il. Agro’Novae ne produit pas de MDD, par choix. “On pourrait réaliser 3 à 4 fois plus de chiffre d’affaires, mais c’est un choix. J’aime bien m’occuper de ma marque. Je pense que la marque est un actif. Ce qui m’importe, c’est de continuer à grandir raisonnablement, mais petit à petit, pour transmettre l’entreprise dans 10 ou 15 ans, dans de bonnes conditions”, souligne Yves Faure. De fait, Agro’Novae affiche une belle croissance : + 12% en France 2020 (+ 16% à l’export) et + 14% en 2019, alors que les années précédentes la progression tournait plutôt autour de +1 % à +2 %. “Si nous appartenions à des fonds d’investissement, ce serait embêtant. Mais là, si une année est moins bonne, on essaie juste de faire mieux l’année suivante”, relativise-t-il. 80 % en bio Comme la plupart des confituriers, Agro’Novae travaille avec des fruits surgelés, une trentaine. Une diversité qui permet de mutualiser les coûts en cas de hausse des prix d’un des fruits. Ils sont souvent achetés frais, “mais nous les faisons surgeler sur les lieux de récolte par des coopératives dotées d’équipement de transformation. Il faut les couper, enlever les noyaux, surgeler en IQF, c’est-à-dire pas en bloc, mais morceau par morceau. Cela nous permet d’obtenir une très bonne qualité de fruits, d’autant que nous avons un cahier des charges très strict. Les fruits surgelés nous sont expédiés généralement en camions complets, dans de petits cartons de 10 à 15 kg très faciles à contrôler par prélèvement”, explique Yves Faure. Un quart des approvisionnements provient de France et le reste des pays du bassin méditerranéen. Et 80 % des volumes sont bio. Un virage pris très tôt, il y a une vingtaine d’années. “Nous avons ensuite eu la chance d’avoir un distributeur, Auchan, qui nous a référencé comme marque nationale bio à côté de sa MDD bio. C’était l’un de nos premiers référencements nationaux. On est monté en régime avec cette enseigne qui est aujourd’hui notre premier distributeur. Nous avons également un accord national avec Système U, Casino, Géant et des accords régionaux avec Intermarché, Cora et Carrefour”, précise-t-il. La marque Les Comtes de Provence est aujourd’hui leader en France sur le linéaire bio avec 15 % de PDM en associant les MDD et 25 % sans MDD. “Nous nous sommes spécialisés dans le bio. En tant que PME, on ne peut pas tout faire. Mais travailler avec la grande distribution nous a fermé les portes des circuits spécialisés bio. J’aurais pu créer une filiale, une autre marque. Mais je n’ai pas voulu contourner. Je considère les distributeurs comme des partenaires indispensables que l’on a intérêt à chouchouter et avec lesquels ont doit avoir une relation constructive. Ce sont quand même un peu eux qui mettent nos produits en marché !”, estime Yves Faure. Le président d’Agro’Novae voit deux avantages à travailler avec la grande distribution. D’abord, le potentiel de croissance important, car “même si nous sommes leaders sur le linéaire des confitures bio, nous n’avons que 30 de DN, il y a du grain à moudre !, souligne-t-il. Et puis, l’autre grand avantage, c’est d’avoir des partenaires distributeurs solides financièrement. "Nous sommes payés rubis sur l’ongle à 30 jours fin de mois, c’est précieux”. Pendant cette période complexe de crise sanitaire, certains distributeurs, comme Système U, ont tenu à donner un petit coup de pouce en termes de trésorerie en payant à 15 jours en fin d’année dernière. “Sans qu’on ne demande quoi que ce soit”, précise Yves Faure.

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