
Dernier rebondissement dans le scandale des eaux en bouteille. Le 12 mai, la commission d’enquête du Sénat a annoncé saisir la justice pour « faux témoignage » à l’encontre du directeur industriel de Nestlé Waters entendu le 26 mars dernier.
Dans un communiqué, le Sénat a annoncé saisir le procureur de Paris après une audition de Ronan Le Fanic, directeur industriel de Nestlé Waters, par la commission d’enquête sénatoriale, le 26 mars 2025, pour « faux témoignage ». La commission chargée de faire la lumière sur les pratiques des industriels de l’eau en bouteille a, en effet, démontré, dans son enquête, que les 10 et 21 mars 2025, les lignes de production de Perrier avaient été affectées par des contaminations bactériennes dont la direction de Nestlé Waters avait nécessairement été informée.
Cas de parjure
Le 26 mars 2025, aux questions du rapporteur de la commission d’enquête, Alexandre Ouizille, qui lui demandait s’il y avait eu « entre janvier et mars 2025 (…) des incidents d’exploitation sur le site de Vergèze dans le Gard », qui s’entendent de « problèmes sur la production, notamment des arrêts liés à des contaminations ou à des difficultés sur la ligne de production (…) à Vergèze », Ronan le Fanic avait répondu sous serment que : « Il n’y a rien eu qui sortait de la routine. Nous n’avons pas subi d’épisode cévenol cette année et j’espère qu’il n’y en aura pas ». Le rapporteur avait alors souhaité avoir confirmation en demandant : « Il n’y a donc pas de problème sur les lignes de production à Vergèze ? Vous pouvez le certifier sous serment ? », ce à quoi, Ronan Le Fanic avait répondu : « Oui, pour l’instant, l’activité est routinière ».
L’enquête de la commission sénatoriale démontre ainsi que les deux événements des 10 et 21 mars 2025, dont la presse s’était faite l’écho, ont entraîné le blocage de nombreuses palettes de bouteilles Perrier, blocage qui n’est toujours pas levé à ce jour. Rappelons que le faux témoignage devant une commission d’enquête parlementaire est passible de sanctions pénales, et notamment de 5 ans d’emprisonnement et de 75 000€ d’amende. La commission sénatoriale doit présenter son rapport le 19 mai après de multiples auditions pendant plusieurs mois.
Deux mois pour retirer les systèmes de microfiltration
Le scandale des eaux embouteille avait éclaté début 2024 après des révélations du Monde et de France Info sur l’utilisation de traitements interdits. Le préfet du Gard a ainsi mis en demeure le groupe Nestlé Waters, le 7 mai dernier, de retirer dans un délai de deux mois son système de microfiltration de son eau minérale Perrier, au risque de ne pas obtenir le renouvellement de l’autorisation d’exploitation comme eau minérale naturelle. La préfecture du Gard se prononcera d’ici le 7 août prochain sur cette demande de renouvellement. Selon Nestlé Waters, une solution va être recherchée. La préfecture des Vosges a également ordonné à Nestlé Waters de retirer, dans les deux mois, les filtres à 0,2 micron utilisés pour les eaux Contrex, Vittel et Hépar pour se mettre en conformité avec la loi. Début 2024, Nestlé avait reconnu avoir utilisé par le passé des traitements interdits comme les ultraviolets et le charbon actif, puis les avoir remplacés par un système de micro-filtration cartouche à 0,2 micron.
C.B.