
L’arrêté de mise en place du nouveau Nutri-Score a été signé le 12 mars par le ministère de la Santé. Il doit encore être paraphé par les ministres de l’Economie et de l’Agriculture pour entrer en vigueur.
Le nouveau Nutri-Score va-t-il être mis en place ? Première avancée sur un parcours périlleux, la nouvelle version de l’étiquetage nutritionnel a été signée le 12 mars par le ministère de la Santé. Pour entrer en vigueur, l’arrêté doit encore être paraphé par le ministère de l’Agriculture et celui de l’Economie.
Blocage
Le 5 mars dernier, au Sénat, Annie Genevard, la ministre de l’Agriculture s’était montrée plus que réticente à l’égard du nouveau mode de calcul de l’affichage nutritionnel et avait avoué qu’elle en bloquait la signature. En jeu, l’algorithme de calcul plus strict avec le gras, le sucre et le sel en donnant une note plus sévère à de nombreux produits. A une question posée par le sénateur de l’Aveyron, Jean-Claude Anglars, sur l’avenir du Nutri-Score estimant qu’il est inadéquat avec les produits traditionnels tels que le fromage au lait cru ou la charcuterie, la ministre de l’Agriculture avait alors répondu que l’affichage nutritionnel avait connu « un faible succès » puisqu’aujourd’hui seuls 7 pays de l’Union européenne l’avaient mis en place : « S’il est bon de communiquer la qualité nutritionnelle des produits aux consommateurs, le problème, c’est que le classement des produits remarquables, comme les fromages, le Roquefort ou toutes les magnifiques salaisons françaises, sont jugés trop gras ou trop sucrés. Le Nutri-Score pose un certain nombre de problèmes à des filières de qualité. Le lait est désormais classé comme une boisson et non plus comme un aliment, ce qui est scandaleux de mon point de vue. On a d’un côté des politiques qui encouragent à la consommation de produits laitiers et d’un autre le Nutri-Score qui dit à ces consommateurs de ne pas en consommer. Je n’ai pas encore signé l’arrêté, je ne sais pas quelles sont mes marges de manœuvre pour en corriger les effets négatifs, mais croyez bien que je m’y intéresse de très près ».
De son côté, Foodwatch estime que « lors d’une déclaration absurde et irresponsable » au Sénat, la ministre de l’agriculture, qui bloque le renforcement du Nutri-Score depuis un an, « a déroulé les arguments dénués de fondement scientifique des lobbies du lait (Lactalis, Danone, Savencia & co.) et de la charcuterie. (…) Il est injustifiable qu’une membre du gouvernement sacrifie cette mesure de santé publique pour privilégier les intérêts économiques de l’agroalimentaire ».
C.B.