
Résilient, le marché du luxe enregistre 83 ouvertures de magasins de luxe positionnés sur les artères emblématiques d’Europe dans un contexte global de mutation du secteur, rapporte le rapport European Luxury Retail 2025 de Cushman & Wakefield. La demande des enseignes pour des emplacements clés se maintient, ce qui stimule la créativité et les stratégies d’investissements.
Le marché européen de l’immobilier commercial de luxe continue de faire preuve de résilience avec de nouvelles ouvertures de magasins en 2024 dans un marché des commerces de luxe en pleine évolution, selon le rapport European Luxury Retail 2025 de Cushman & Wakefield.
Au total, 83 ouvertures ont été recensées sur les 20 principales artères de luxe en Europe à travers 16 villes dans 12 pays en 2024, en recul par rapport à 2023 (107). Le segment de la mode et des accessoires représente près de la moitié de toutes les ouvertures (41). Les marques de joaillerie et d’horlogerie ont ouvert un total de 26 magasins en 2024, contre 21 en 2023, le ” luxe pur et dur ” continuant à séduire les consommateurs de luxe.
Les marques détenues par LVMH, Richemont et Kering représentent un peu plus d’un tiers des nouvelles ouvertures. Ce total est conforme à celui de 2023, mais la répartition entre les trois groupes a changé, avec l’arrivée en tête de LVMH avec 15 ouvertures de boutiques en 2024.
Manque de disponibilité des emplacements
La légère réduction du nombre d’ouvertures de magasins reflète non seulement un ralentissement de la croissance des chiffres d’affaires dans le secteur du luxe, mais aussi la dynamique propre à chaque marché, et notamment la disponibilité des emplacements ciblés par les enseignes. La vacance s’est largement resserrée dans l’ensemble, avec 17 des 20 principales artères dont le taux de vacance est inférieur à 5 %, et six rues pleinement occupées.
Le faible taux de vacance et l’appétit des marques pour des emplacements extrêmement ciblés ont contribué à porter la croissance des loyers sur les artères luxe à +3,6 % en 2024 (3 % en 2023). Les niveaux de loyers sur ces artères sont également 3 % plus élevés en moyenne qu’en 2018. Un tiers des axes de luxe à travers l’Europe ont atteint des niveaux locatifs record en 2024, y compris la Via Montenapoleone de Milan, la destination commerciale la plus chère au monde. Cushman & Wakefield anticipe une hausse des loyers sur les artères luxe de 1% à 3% par an entre 2025 et 2028.
Les axes emblématiques convoités
Les grands groupes du luxe continuent d’investir à long terme dans des emplacements commerciaux localisés sur les principales artères du luxe, en particulier à Londres, Paris et Milan. Ces investissements sont stratégiques et très ciblés, afin de maintenir le positionnement des marques sur des axes emblématiques, justifiant ainsi l’engagement de capex importants pour transformer ces espaces physiques en véritables vitrines.
« Avec un appétit croissant pour “plus d’expérience en magasin”, de nombreuses marques de luxe recherchent activement des opportunités pour augmenter la surface de leurs magasins. Ces espaces agrandis permettent aux marques non seulement de proposer des gammes de produits plus larges, mais aussi de créer des zones expérientielles exclusives pour leurs clients. Contraints par le manque d’emplacements disponibles, les enseignes doivent faire preuve de créativité. Les stratégies immobilières comprennent l’agrandissement des magasins existants sur des lots ou des étages voisins, ou la relocalisation dans de nouveaux locaux plus spacieux, afin de positionner le magasin en véritable vecteur de la marque. Nous enregistrons déjà un nombre impressionnant d’ouvertures de commerces de luxe pour 2025 et au-delà, qui devrait encore augmenter à mesure que les conditions économiques s’améliorent et que les marques s’engagent à poursuivre leurs stratégies de développements immobilier », détaille Sally Bruer, Head of retail pour la région EMEA chez Cushman & Wakefield.
Ralentissement à Paris, des ouvertures en régions
Après une période d’activité intense pour le secteur du luxe en 2023, le rythme des ouvertures s’est replié cette année sur Paris alors qu’il s’est maintenu en régions, notamment au sein des principales villes « resort » telles que St Tropez, Cannes et Nice. En revanche, les signatures ont enregistré une hausse de près de 30% sur la capitale par rapport à 2023 et Paris va redevenir très prochainement l’épicentre du commerce de luxe en totalisant les ¾ des signatures de l’année.
« Au vu des engagements réalisés en 2024, nous devrions assister dans les prochains mois à l’ouverture de plusieurs flagships d’acteurs majeurs du secteur qui mettront tous l’accent sur la configuration des locaux dans le but d’offrir une expérience client augmentée » précise Vincent Ascher, Head of Key Account and Luxury France chez Cushman & Wakefield.
C.Bu