Après avoir connu un retournement brutal en 2021, le marché du bio devrait renouer avec la croissance en 2026 annonce l’étude publiée par Xerfi, intitulée “le marché du bio – Les stratégies pour dynamiser la croissance et les leviers de compétitivité pour les enseignes bio”. Le développement de nouvelles plateformes spécialisées et une offre orientée vers les petits prix seraient les principaux leviers de ce redressement.
La crise du bio toucherait-elle à sa fin ? Selon l’étude publiée par Xerfi, intitulée “le marché du bio – Les stratégies pour dynamiser la croissance et les leviers de compétitivité pour les enseignes bio”, le marché, malmené depuis 4 ans, devrait achever sa cure d’austérité en 2026.
Un retournement brutal
Après des années de croissance à deux chiffres, le retournement du marché du bio en 2021 a de fait été brutal. En l’espace de trois ans, 13% du parc de magasins spécialisés ont en effet fermé leurs portes dans l’Hexagone. Une inflation d’environ 20% sur l’alimentaire a en outre encouragé les Français à arbitrer en faveur des produits conventionnels de la grande distribution. Si les enseignes spécialisées ont retrouvé en 2024 le chemin de la croissance, les ventes de produits biologiques en grandes surfaces alimentaires (GSA) ont encore reculé l’an dernier. Tous circuits confondus, le marché alimentaire bio s’établira à environ 13 milliards d’euros en 2026 au rythme d’une hausse de 3,5% par an en moyenne, selon les calculs des experts de Xerfi. Malgré les pressions persistantes sur le pouvoir d’achat et une hausse des prix modérée sur la période, les ventes de produits bio dépasseront alors leur pic de 2020.
Les enseignes spécialisées devraient continuer à ravir des parts de marché aux GSA. Fréquentés par des CSP+ et des consommateurs « engagés » autour des valeurs du bio, moins sensibles aux pressions sur le pouvoir d’achat, les magasins bio seront relativement épargnés par la dégradation de l’environnement économique. En première ligne face à la crise du bio, le circuit généraliste – qui a réduit son offre de 25% en volume entre 2021 et 2024 – répugnera lui à réintégrer des produit bio dans ses rayons. La faute aux incertitudes sur la consommation, le pouvoir d’achat et la crise de confiance autour des labels. Les grandes enseignes généralistes ont en effet choisi de mettre en avant l’offre premier prix et les MDD. Dans ce contexte, les magasins bio devraient gagner trois points de parts de marché à près de 30% en 2026.
L’émergence de nouvelles plateformes
Au-delà des magasins bio, la France compte également plusieurs spécialistes du e-commerce de produits biologiques. Deux d’entre eux se distinguent nettement. Lancé en 2008, Greenweez (Carrefour) a longtemps dominé le secteur grâce à une offre très large. D’autres plateformes ont émergé depuis avec un modèle basé sur une offre réduite et une formule d’abonnement proposant des tarifs de 20% à 50% moins cher que ceux du marché. C’est entre autres le cas de La Fourche qui rencontre un franc succès depuis quelques mois. Face à l’inflation, de nombreux consommateurs des magasins bio et de Greenweez se sont reportés vers ce modèle perçu comme plus économique.
L’image prix des enseignes bio bride en effet leur développement. Et ce alors que, à produit équivalent, elles sont souvent plus compétitives que les grandes surfaces. Pour remédier à cette perception erronée, étoffer l’offre sous MDD pourrait permettre de renforcer l’offre à petits prix. Malgré les efforts de Biocoop ou Naturalia, seule La Vie Claire propose une gamme de marques de distributeurs aussi étendue que celle des GSA. Or, même les consommateurs réguliers jugent l’offre sous MDD insuffisante dans les points de vente spécialisés, selon une enquête de Xerfi. Engager une telle démarche permettrait donc d’avoir davantage de produits compétitifs et ainsi recruter de nouveaux clients mais aussi d’améliorer son image.
Actionner le levier du prix
Le développement d’une offre sous promotion constitue un autre levier pour gagner en compétitivité prix. Le pas est à l’évidence plus facilement sauté par les enseignes détenues par la grande distribution, à l’instar de Bio c Bon (Carrefour) ou encore de Naturalia (Casino). Le déploiement d’alliances dans les achats semble en revanche plus difficile à concrétiser. Il n’existe en effet pas à ce jour de centrale d’envergure spécialisée dans le bio. Enfin, le e-commerce en général, et la livraison en particulier, constitue une opportunité pur élargir la zone de chalandise des magasins et ainsi améliorer leur rendement. Mais si les ouvertures de sites marchands se sont multipliées pendant la crise sanitaire, la plupart des initiatives se sont soldées par un échec. Désormais, les enseignes se tournent vers les plateformes de livraison (Deliveroo, Uber Eats…).
C.Bu