L’investissement en commerce donne des signes de redémarrage au troisième trimestre. Le luxe reste le premier moteur du marché.
Sur les 9 premiers mois de l’année 2024, le volume des investissements commerce s’établit à près de 2 Mds € (en baisse de 12 % sur un an), révèle CBRE, à partir des chiffres publiés par Immostat. Le 3e trimestre 2024 s’affiche en forte hausse, + 126 % comparé au 3e trimestre 2023. Un résultat qui permet un effet de rattrapage par rapport aux 2 premiers trimestres. La part du commerce dans les volumes globaux investis en France représente le quart des volumes investis en immobilier d’entreprise depuis le début de l’année. Le marché des investissements s’est caractérisé par des transactions de longue durée oscillant entre petits volumes et grandes transactions.
Retour des investisseurs étrangers
Le secteur du luxe s’est illustré avec les transactions réalisées au 251 et 253 rue Saint-Honoré, boostant ainsi les volumes au cours du trimestre. Citons aussi l’acquisition des boutiques du Mandarin Oriental par Blackstone, qui atteste du retour des investisseurs étrangers sur des transactions de gros volumes sur le segment pied d’immeuble parisien prime, fort de ses fondamentaux. La résilience de l’immobilier de luxe se retrouve également du côté des utilisateurs qui cherchent à conforter leurs positions avec les acquisitions par Hermès rue de Sèvres et Chanel rue Cambon (hors volume Immostat).
8 transactions en alimentaire
Côté alimentaire, le secteur a enregistré 8 transactions, parmi lesquelles figurent les portefeuilles Mercialys, Casino, Lidl et Métro. Le marché s’est également distingué avec les transactions de retail parks dont la Promenade de Flandre et Mistral 7.
Le marché continue de pâtir des conditions de financement et du désalignement persistant des prix entre vendeurs et acheteurs. 81 transactions se sont signées sur les 9 premiers mois de l’année 2024 contre 139 sur la même période en 2023. Le nombre de transactions est donc en baisse de 42 % par rapport à la moyenne quinquennale des 9 premiers mois. Parallèlement, la baisse des valeurs contribue à l’amoindrissement des volumes de transactions. « Le 3e trimestre marque un premier retour des actifs aux volumes significatifs supérieurs à 100 M€. Si les petits volumes ne se sont jamais arrêtés, le manque de volumes intermédiaires subsiste et le marché est contenu sur le segment 20-100 M€ » souligne Benjamin Sebban, Directeur Investissement Commerce chez CBRE France.
Une approche sélective
Pour autant le commerce apparaît toujours au cœur de cible des investisseurs, en particulier pour les actifs qui offrent du rendement. Plus globalement, les SCPI diversifiées, – souvent pan-européennes -, les family offices et privées, constituent le socle des investisseurs actifs, notamment sur un marché de petits volumes.
« Nous constatons que le marché parisien prime et celui de périphérie ont été particulièrement privilégiés depuis le début de l’année », indique Benjamin Sebban.
Les offres qui bénéficient de facteurs d’attractivité, sont examinées individuellement, traduisant ainsi une approche sélective dans un marché complexe. La demande reste néanmoins très présente, en particulier pour l’alimentaire et les retail parks sur des volumes moins conséquents. Dans ce contexte, les acteurs du marché étudient scrupuleusement les critères d’éligibilité du locataire, sous le prisme de la durée du bail, ainsi que le secteur d’activité et la réputation. « Le marché est confronté à une pénurie de produits sur des volumes inférieurs à 20M€, en dépit de la persistance de la demande » précise Benjamin Sebban.
« Le 3e trimestre démontre un premier redémarrage du marché. Cependant, malgré des indicateurs positifs, retrouver une plus grande fluidité du marché de l’investissement et des volumes historiques sera plus long qu’espéré. Néanmoins, nous constatons une réelle volonté des investisseurs qui devraient se matérialiser dans les volumes de transactions des prochains trimestres. En parallèle de la baisse des taux directeurs de la BCE anticipée par une majorité d’acteurs, l’évolution du contexte économique et financier aura sans nul doute un impact sur les marchés locatifs, et à plus long terme, sur l’investissement »conclut Benjamin Sebban.
C.Bu