Le marché de l’habillement perd 3,5% de sa valeur en 2023 par rapport à 2022. Et 2024 s’annonce comme une incertaine pour les enseignes.
Selon le panel Retail Int. pour l’Alliance du Commerce, le marché de l’habillement a perdu 3,5% de sa valeur entre 2022 et 2023. Une perte qui s’explique notamment par :
. une baisse de -0,6% du chiffre d’affaires en magasin à périmètre constant. Alors que les points de vente ont connu un premier semestre dynamique (+2,4% en cumul à fin juillet grâce aux périodes de soldes), le décrochage de la consommation à compter du mois d’août a fortement pénalisé la fin de l’année 2023 ;
. la faible augmentation des ventes en ligne (+2%) qui ne compense plus la baisse des ventes en magasin. Après avoir connu une hausse importante durant la crise sanitaire, les ventes en ligne se stabilisent à un niveau d’environ 80% supérieur à celui de 2019 ;
. Les défaillances d’enseignes et les fermetures de points de vente avec au moins 4 000 emplois supprimés en 2023.
Au global, le marché ne retrouve pas son niveau d’avant la crise sanitaire et enregistre une perte de 9% depuis 2019.
Baisse de -2,8% du trafic en magasin
La fréquentation des points de vente enregistre une baisse de -2,8% entre 2002 et 2023. La hausse de +3% du panier moyen ne parvient pas à compenser cette chute de trafic, d’autant que le taux de transformation régresse de -1%. Cette baisse confirme la modification des comportements d’achat des Français sous l’effet de la crise sanitaire et de l’inflation. Depuis 4 ans, les magasins ont perdu 18,8% de leur fréquentation, soit la perte de prix d’un client sur 5.
De leur côté, les centres commerciaux rebondissent légèrement en 2023, sans rattraper le retard accumulé pendant la crise, avec une hausse de +2% pour les centres commerciaux de centre-ville, et de +1% pour ceux de périphérie. À l’inverse, les commerces sur rue en centre-ville et ceux implantés en zone d’activité commerciale et retail parks connaissent une baisse de leur chiffre d’affaires de -1% et -2% en 2023. Seuls les outlets, proposant des collections passées à prix attractifs, bénéficie d’une performance favorable avec une augmentation de 13% de leur activité depuis 2019.
2024 : équation compliquée
Les enseignes devront faire face, en 2024, à une année incertaine et complexe, marquée par :
. des hausses de charge importantes : +11,6% d’augmentation de l’indexation des loyers en 2 ans, entre 2021 et 2023, multiplication par 5 du coût du transport maritime depuis le mois d’octobre ;
. un contexte macroéconomique fragile (ralentissement de la croissance, remontée du chômage) susceptible de peser sur la consommation des Français malgré une inflation maîtrisée ;
. un contexte politique et social risqué aussi bien en France qu’à l’international ;
. une concurrence accrue sur Internet avec la forte montée en puissance des plateformes internationales, notamment chinoises.
L’Alliance du Commerce note également que les retombées économiques des jeux olympiques restent incertaines : « si la compétition internationale permettra un dynamisme global de l’activité avec l’accueil de millions de visiteurs, son impact direct pour les commerces de l’habillement restent hypothétiques, notamment dans les segments du luxe ».
Requêtes
L’Alliance du Commerce, engagée dans les travaux du Conseil national du commerce, demande que les premières mesures concrètes puissent être mises en œuvre rapidement, notamment dans l’encadrement des relations avec les bailleurs, le soutien aux investissements « verts » ou encore en matière de simplification. Alors que les élections européennes auront lieu au mois de juin prochain, elle demande l’abandon du projet de la Commission européenne de réduire les délais de paiement à 30 jours et le maintien de la réglementation française permettant de négocier des délais allant jusqu’à 60 jours ou 45 jours fin de mois. Le projet européen aurait un impact d’environ 1,6 milliard d’euros sur la trésorerie des enseignes, au détriment également des industriels européens, indique-t-elle. Enfin, l’Alliance du Commerce demande que la France soutienne au niveau européen la suppression rapide du seuil de 150€ pour l’application des droits de douane aux produits importés « afin de lutter contre la concurrence déloyale des plateformes en ligne ».
C.B.