Alors que s’ouvre la saison des fraises, les producteurs français pourraient bien peiner à écouler ces volumes, alerte l’AOPn Fraises de France (Association d’Organisations de Producteurs nationale). Dans un contexte de guerre des prix, de nombreuses enseignes de distribution tardent encore à référencer ces fruits français sur leurs étals, leur préférant les fraises d’import proposées en premiers prix.
La saison des fraises, fruit préféré des Français, aurait pu débuter sur les chapeaux de roues, avec un pic de production de Gariguette, variété la plus précoce, attendu sous une semaine, annonce l’AOPN Frases de France. Pourtant, la filière fraise française se heurte à des difficultés : outre la flambée des coûts de production subis par les producteurs, les Français ne sont pas au rendez-vous pour acheter la fraise nationale cette année. En cause, la crise du pouvoir d’achat mais également des enseignes de GMS qui se détournent du produit français. “Certaines enseignes n’ont même pas encore référencé la fraise française dans leurs rayons, ou alors y dédient une toute petite place sur les étals. Pendant ce temps, le produit d’import est correctement mis en avant dans les rayons et se vend comme des petits pains”, explique Emeline Vanespen, Directrice de l’AOPn Fraises de France.
“Des marges excessives”
Alors même que les injonctions durant la crise sanitaire étaient de consommer français, le discours des enseignes est aujourd’hui tout autre et met l’accent sur le meilleur prix en réponse à l’inflation, révèle l’association qui dénoncent le fait que “certains magasins continuent ainsi de réaliser des marges excessives, une pratique injustifiée.” En effet, la saison de la fraise française bat son plein et les volumes ne cessent d’augmenter, ce qui devrait plutôt faire baisser les prix. D’autre part, les fraises ne sont paradoxalement pas achetées plus cher que l’année passée aux producteurs, qui ne peuvent se permettre de stocker ce fruit périssable. La fraise d’import, qui n’est pas soumise aux mêmes règlementations que sa voisine française (conditions de production, coût de la main d’œuvre…) est pendant ce temps-là proposée en prix d’appel et séduit donc les consommateurs en mal de pouvoir d’achat.
Face à cette situation critique, Xavier Mas, Président de l’AOPn Fraises de France et producteur dans le Lot et Garonne déclare : « On entendait encore dernièrement au Salon de l’Agriculture la nécessité de retrouver une souveraineté alimentaire, notamment dans la filière fruits et légumes. Actuellement nous constatons pourtant que la filière fraise française est négligée par la GMS, compromettant nos chances d’auto-suffisance. Dans un contexte de crise économique, les distributeurs privilégient les produits les plus compétitifs, pour rivaliser entre enseignes dans une guerre des prix qui tire toujours plus la rémunération des producteurs vers le bas.”