Victime de la pandémie, le commerce fait face à des problèmes structurels. Trésoreries exsangues, charges d’exploitation, absence de chiffre d’affaires : loin d’annoncer la reprise, le déconfinement a fait entrer les enseignes dans une zone à risques. Depuis mars, les loyers commerciaux font l’objet d’un bras de fer entre bailleurs et locataires qui aura pour issue les conclusions de la médiation lancée par Bercy ou la voie houleuse des tribunaux.
Par Cécile Buffard
À l’heure où nous bouclons ce numéro, nous apprenons que le Conseil National des Centres Commerciaux (CNCC) a annoncé avoir signé la Charte de Bonnes Pratiques issue de la médiation gouvernementale, mise en place par Bruno Le Maire le 23 avril dernier pour trouver des solutions adaptées à la question des loyers des commerces et manifester ainsi son soutien aux commerçants en difficulté. Un protocole refusé par les 15 grandes fédérations du commerce qui déplorent l’absence d’un “accord acceptable avec les bailleurs” sur les loyers. Elles demandent au gouvernement la mise en place d’un plan de soutien sectoriel. La guerre des loyers n’est pas terminée…
C’est une reprise timide qui s’organise dans le commerce depuis le 11 mai dernier. Après deux mois sans activité, ni chiffre d’affaires, la majorité des enseignes (sauf alimentaires, seules autorisées à rester ouvertes durant la période de confinement national) lèvent à nouveau le rideau, dans une France traumatisée par la pandémie du Covid-19. Passée l’euphorie de la liberté retrouvée (des enseignes comme Zara ou la Fnac, ou encore, les jardineries ou les magasins de bricolage situés en périphérie ont été assaillis les premiers jours qui suivirent le déconfinement), le retour des consommateurs en magasin se fait timide. Les obligations sanitaires – masques, gants, visières en plexiglas et impossibilité d’essayer les vêtements dans certaines enseignes de textile -, les files d’attente trop longues devant les magasins et, en filigrane, l’angoisse du contact social – fondement du commerce physique – viennent freiner les envies d’acheter ou simplement de s’adonner au shopping plaisir, d’ordinaire si présent à l’arrivée des beaux jours. “Quand on pense aux doubles files d’attente devant les boutiques de la rue Sainte-Catherine à Bordeaux, l’on comprend les réticences des Français à faire des courses non essentielles”, observe Thierry Bonniol, directeur du département commerce de BNP Paribas Real Estate Transaction France.
Reprise lente et progressive En effet, si les magasins ont rouvert depuis 24 jours, la reprise est lente, progressive et très hétérogène selon les secteurs d’activité et les formats. “On note, pour les 10 premiers jours qui ont suivi le déconfinement, une baisse de trafic importante, de l’ordre de 30 % à 50 %, particulièrement importante dans les centres commerciaux et les centres-villes”, constate Yohann Petiot, directeur général de l’Alliance du Commerce. À la fin de la première semaine de déconfinement, 90 % des magasins étaient ouverts mais sans, pour autant, avoir totalement repris leur activité. “Certaines enseignes ont
pris le temps de remettre le magasin en place, d’installer les équipements nécessaires aux recommandations sanitaires ou avaient simplement des consultations à mener avec leurs équipes”, indique le directeur. Fait positif, si le trafic reste faible, les commerçants ont réalisé, sur la même période, leur meilleur taux de transformation et cela en dépit du fait que les achats se soient concentrés sur certains rayons et produits nécessaires. La catégorie “enfant”, notamment, a fait l’objet d’une belle reprise. De quoi redonner le moral à un secteur du prêt-à-porter sévèrement