Le marché de l’emploi est sous tension. Effet boomerang de la crise sanitaire, après une année de baisse, tous les secteurs sont repartis à la hausse en 2022. Le moteur de recherche d’emplois Indeed a ainsi vu gonfler le nombre d’offres d’emplois publiées de 63,6 % comparé au volume traité avant la période Covid. Dans les métiers du stockage et de l’entreposage, par exemple, les annonces ont bondi de 43 %. En parallèle, le taux de clics s’amenuise (- 22 % pour la logistique), signe d’une perte d’attractivité et d’une baisse du nombre de candidatures. « La crise sanitaire a révélé la nécessité, pour la moitié des Français, d’entretenir un meilleur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Le confinement leur a fait prendre conscience de la pénibilité de certains métiers, des tensions qu’ils engendraient et à la sortie de la crise, ils n’ont plus voulu postuler à ce type d’offres d’emploi », explique Éric Gras, spécialiste du marché de l’emploi chez Indeed France. Les métiers de la grande distribution, tout particulièrement, pourvoit de plus en plus difficilement ses postes faiblement qualifiés – donc peu rémunérés – et/ou soumis à de fortes contraintes horaires ou physiques. Ce n’est pas faute d’avoir augmenté les salaires : dans le commerce de détail, en moyenne, les rémunérations ont progressé de 6,6 % l’an dernier, soit la hausse la plus forte, devant la restauration (+6,5 %). Sans compter le système d’intéressement aux bénéfices de l’entreprise, le 13e mois, les offres de formation et la capacité d’évolution des métiers, sans qualification requise au préalable. Autant d’avantages que les candidats, en très nette position de force face aux recruteurs, semblent aujourd’hui ignorer… Jusqu’à quand ? « Le marché de l’emploi évolue sans cesse. Certains candidats ont pris l’habitude de « ghoster » les entreprises mais le jour où la tendance va s’inverser, il sera difficile, pour eux, de revenir frapper à la porte de ceux qu’ils ont snobés », prévient Pierre Guivarc’h, fondateur du cabinet de recrutement Skiill.
1. GSA, peut mieux faire
Dans la distribution, tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne. Si les grandes surfaces alimentaires (GSA) peinent à recruter, les enseignes stars du commerce spécialisé croulent sous les curriculum vitae. Mais au-delà de l’image, c’est souvent la culture d’entreprise qui se confronte aux aspirations nouvelles d’une génération de candidats moins encline à faire des sacrifices pour l’entreprise que leurs aînés. « La GSA est un milieu à part. Chez beaucoup de franchisés, notamment, les méthodes de management et l’organisation des magasins, encore très verticales, peuvent sembler d’un autre âge et les conditions de travail, de l’ouverture du magasin le week-end