Technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée et fonctionnant sans organe central de contrôle, la blockchain fait des émules du côté des industriels, des distributeurs et des logisticiens. Et pour cause. Ses applications en tant que registre permettent d’assurer une meilleure traçabilité des produits. Cette base de données distribuée contient, en effet, l’historique de tous les échanges effectués entre les utilisateurs depuis sa création. Elle est partagée entre tous, sans intermédiaire, ce qui permet à chacun de vérifier la validité de la chaîne. De quoi redonner confiance à l’ensemble des acteurs des supply chains, y compris au consommateur final en quête de réassurance par la preuve.
Par Catherine Batteux
Elle est née d’une crise de confiance. La blockchain – souvent confondue avec le bitcoin qui n’est qu’une de ses applications –, prend sa source au cœur de la crise dite des subprimes, en 2007. Par effet de contagion dans un monde opaque où plus personne ne sait qui détient quoi, la confiance s’effondre, et laisse la place, à l’automne 2008, à une crise financière mondiale. Pour éviter ce chaos, la blockchain est créée dès 2008 avec la monnaie virtuelle bitcoin. Les deux sont donc historiquement liés. La blockchain constitue l’infrastructure virtuelle sur laquelle repose le bitcoin. L’idée était de concevoir un protocole où la création monétaire et la validation des transactions s’effectuent de manière horizontale et transparente : le système fonctionne sans autorité centrale ni tiers de confiance, à l’inverse des monnaies contrôlées par des banques ou des gouvernements. “Ainsi, pour garantir la confiance et éviter qu’un bitcoin ne puisse être dupliqué, il a été décidé de consigner l’ensemble des transactions dans un registre. C’est donc l’ensemble des utilisateurs de la blockchain qui consigne les transactions, valide la réalité des transactions et la correcte valeur des transactions”, souligne Lydia Bouzerar, spécialiste Capital Market chez Mazars, groupe international d’audit et de conseil.
Stockage et transmission de données Mais qu’est-ce que la blockchain ? “C’est une technologie, une infrastructure qui permet le stockage et le transfert d’information de façon sécurisée et transparente et, dans une certaine mesure, pouvant fonctionner sans organisation centrale, sans organe central, sans une gouvernance”, explique Emmanuel Dooseman, Associé Banque chez Mazars. C’est le cas des blockchains publiques ouvertes à tous où la gouvernance est décentralisée et appartient à chacun des participants (Bitcoin, Ethereum). Évidemment, on peut construire des blockchains privées (écosystème d’entreprises, par exemple),
dont l’accès et l’utilisation sont limités à un certain nombre d’acteurs, avec des gouvernances, des processus de décision et des personnes qui décident de la validation des actions. Ainsi, “la blockchain permet d’écrire, de certifier et ce, de manière inaltérable et définitive une transaction entre deux parties prenantes”, ajoute Lydia Bouzerar. De son côté, Philippe Boyer, directeur Innovation Covivio, indique que “les fondateurs ont avant tout cherché à abolir la nécessité d’intermédiaires en vérifiant les informations préalablement à l’enregistrement grâce à un processus de validation collectif, consensuel, transparent et infalsifiable, qui stocke les données cryptographiées de manière immuable et sécurisée”. De ce fait, la blockchain est une base de données numérique infalsifiable sur laquelle sont inscrits tous les échanges effectués entre les utilisateurs depuis sa création. Ces échanges successifs sont enregistrés sous forme de blocs qui contiennent, chacun, des centaines de transactions. Les blocs s’ajoutent les uns aux autres, formant une chaîne de blocs, ou blockchain. “C’est un registre transparent que chacun peut consulter sans jamais pouvoir modifier les entrées précédentes”, ajoute-t-elle.
Bases de données distribuées Ce qui distingue les blockchains des bases de données classiques, c’est que ce sont toutes des bases de données distribuées. La blockchain est, en effet, conçue comme un stockage de données décentralisé éclaté entre plusieurs réseaux de serveurs de telle sorte que chaque version de la base de données puisse être monitorée par plusieurs ordinateurs hôtes. Dans ce système décentralisé, chacun possède chacun des composants, chacun des participants détient l’exemplaire de la base de données qui est constituée de l’intégralité des transactions depuis l’origine. Elle est validée par un consensus qui, lui-même, est distribué. “Autrement dit,