“Quand il n’y a plus que le prix, c’est la guerre des prix. Elle fragilise l’emploi et se termine sur des ruines car il est facile d’y entrer et difficile d’en sortir”. Les mots de Georges Plassat, le PDG de Carrefour, sonnent comme un ras-le-bol face à une situation qui s’éternise. La guerre des prix avait déjà fait baisser les tarifs de la grande distribution de 1,3% en 2014. Quelques économistes prédisaient timidement un répit pour 2015. Il n’en a rien été. Selon les chiffres de l’Institut de recherche et d’innovation (l’IRI), l’année qui vient de s’achever s’est encore caractérisée par une baisse continue des étiquettes. Certains mois, le plongeon était spectaculaire: en juin2015, la baisse s’établissait même à -1,33% sur un an à un rythme de -0,2% à -0,3% par mois. La fin de l’année a finalement été plus calme (seulement -0,09% en octobre et -0,11% en novembre). Il n’en faut pas plus pour susciter l’espoir que s’achève un phénomène qui nuit aussi bien aux grandes enseignes qu’aux fournisseurs, en passant par les salariés de ces enseignes qui subissent une pression plus forte au travail. Si tant est qu’ils parviennent à le conserver.
Limite physique sur les marges Il est difficile de dater avec exactitude le début de cette “guerre des prix”. Cela fait au moins dix ans que les enseignes insistent un peu plus sur une offre à prix réduit (en témoigne l’émergence des marques de distributeurs). Mais l’offensive de Géant Casino en 2013 marque officiellement la nouvelle phase du combat. Dans un contexte où la plupart des grands groupes de distribution se partagent des parts de marché assez proches, Casino, souvent mal placé sur les prix, décide de donner un grand coup de pied dans la fourmilière. Baissant ses prix de 4,8% en trois mois, le distributeur avait pour objectif de doubler l’ensemble de ses concurrents et enfin rattraper l’enseigne leader sur le prix (hors hard-discount): Leclerc. Problème: décidé à ne pas se laisser distancer, l’ensemble des concurrents ont adopté la même stratégie. Et si Géant Casino est grimpé à la deuxième place du panier le moins cher et a pu, ainsi, développer sa clientèle, les rapports de force n’ont jamais