Voilà de quoi saper le moral des Français. Alors que la confiance des ménages affichait un rebond inattendu en janvier, selon l’Insee, avec un indice de confiance s’établissant à 91 contre 86 en décembre, l’entrée en vigueur, le 1er?février dernier, de la hausse des prix d’environ 6,3% sur 24 produits alimentaires du quotidien (essentiellement des marques nationales mais pas seulement) devrait raviver une colère déjà perceptible depuis le début de la crise des Gilets jaunes. Des marques très prisées par le consommateur telles que Ricard, Nutella, Chocapic, Cassegrain, Guigoz ou Président seront fortement touchées, avec des augmentations de prix de l’ordre de 8% à près de 10%. En cause: l’application de la loi Alimentation qui impose le relèvement du Seuil de Revente à Perte de 10% mais qui limite également le taux de promotions des enseignes à 34%, sur 25% des volumes. Dans les colonnes des échos, Dominique Schelcher, président de Système U, a indiqué que le relèvement du SRP porterait sur 7% de l’offre des supermarchés de l’enseigne, ce qui représente environ 15?000 références sur 25?000. Au total, UFC-Que choisir estime à 900millions d’euros le montant de l’inflation qui devrait découler de cette loi, entre2019 et2020.
Bronca des distributeurs La réponse des enseignes ne s’est pas fait attendre. S’ils n’ignoraient guère le texte voté le 15?décembre dernier, sa mise en application et le buzz médiatique qu’elle a engendré ont ouvert une fenêtre de tir pour la communication des acteurs concernés. En premier lieu, ceux qui ont fait des prix bas leur cheval de bataille. “Les hausses de prix seront inégales. Tout dépendra de l’enseigne et de son positionnement prix. Un Leclerc, par exemple, sera clairement impacté tandis qu’un Monoprix, dont la majeure partie de l’assortiment est déjà au-dessus des 10% du SRP, pas du tout”, explique Frank Rosenthal, expert retail. Une nouvelle attaque contre le pouvoir d’achat que dénonce Michel-Edouard Leclerc. Le 16?janvier dernier, celui-ci écrivait sur son blog qu’ “aller taper dans la poche des consommateurs par les taxes ou par des prix élevés, c’était vraiment prendre les Français pour des niais”. Répétant à qui veut bien l’entendre que la théorie du ruissellement soutenue par le gouvernement et selon laquelle les hausses de prix en magasin vont, in fine, profiter aux agriculteurs, ne marche pas, le président des centres E.Leclerc a été le premier à s’opposer au projet de loi Alimentation. “Qui peut imaginer qu’une caissière ou un chef de rayon va endosser l’augmentation du Ricard, du Nescafé, du Vittel ou du Coca en prétextant que l’augmentation des marges “ruissellera” vers les éleveurs. Quel enfumage?!”, s’exclame-t-il. Il n’est pas le seul. En octobre dernier, Thierry Cotillard, le président d’Intermarché redoutait déjà l’effet combiné de l’application, le 1er?janvier 2019, du prélèvement à la source, du relèvement du seuil de revente à perte et de la limitation des promotions, craignant “un choc du pouvoir d’achat”. Pour Michel-Edouard Leclerc, le constat est clair: la loi vient pénaliser les distributeurs les moins chers pour alléger la pression sur les distributeurs cotés.
Jouer sur les peurs Ces déclarations n’ont pas manqué de s’attirer les foudres du monde agricole. Les fédérations d’agriculteurs estiment qu’à travers leurs discours alarmistes, les distributeurs jouent, ni plus ni moins, sur les peurs des consommateurs. La FNSEA et JA ont notamment dénoncé une “hasardeuse instrumentalisation des chiffres” et reprochent aux grandes enseignes de faire l’amalgame avec une hausse généralisée des produits. Ainsi, ils rappellent que le