Honnies, les zones commerciales de périphéries sont au centre de l’attention des pouvoirs publics. Le Plan de transformation des espaces commerciaux, présenté par le gouvernement le 11 septembre dernier, amorce le renouvellement urbain et la mutation des entrées des métropoles. Finies les « boîtes à chaussures » inesthétiques, bonjour les « morceaux » de villes (et de vie) et la revitalisation des territoires. Un projet urbanistique à l’échelle nationale où les opérateurs privés – aménageurs, foncières, spécialistes de l’immobilier commercial – ont leur carte à jouer pour développer des projets novateurs, tournés vers l’avenir et les nouveaux usages. Un partenariat public-privé destiné à construire la ville de demain. Par Cécile Buffard
24M€. C’est le montant de la dotation allouée au plan de transformation des zones commerciales présenté par le gouvernement, le 11 septembre dernier. Son objectif : restructurer les zones d’activités de périphéries et libérer du foncier, en ligne avec le projet de Loi industrie verte, afin de créer de l’activité, des logements, des espaces verts et accueillir des équipements publics. Une trentaine de sites pilotes seront sélectionnés dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt. « Au cœur de la vie des Françaises et des Français, symbole d’une époque, les zones commerciales dans notre pays se révèlent inadaptées pour adresser les grands enjeux que nous avons à relever pour accélérer la transition écologique de notre société, et sont en décalage avec les nouvelles attentes de nos concitoyens. Fondées sur un modèle du tout-voiture, leur impact sur l’esthétique de nos entrées de ville, ainsi que l’étalement urbain et l’artificialisation des sols qu’elles génèrent, imposent de repenser en profondeur leur modèle », a affirmé Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Trois nouveaux outils ont été créés par le gouvernement pour mener à bien ce grand projet : la conservation par le maire de ses compétences en matière d’autorisation d’urbanisme, lui permettant de s’inscrire pleinement dans ce dispositif et de rester « maître » des délivrances d’autorisation, le transfert des surfaces de vente rendu possible sans autorisation d’exploitation commerciale (AEC) ni nouvelle artificialisation, ainsi que la possibilité d’obtenir des dérogations au Plan Local d’Urbanisme avec une plus grande souplesse.
La fin de la France « moche » ?
La France compte aujourd’hui plus de 1 500 zones commerciales, couvrant près de 500 000 000 de m2, soit cinq fois la taille de Paris. Incarnations de la société de consommation depuis les années 60, les entrées de villes et ces zones commerciales concentrent 72 % des dépenses des Français réalisées dans les magasins contre 15 % en centre-ville et 13 % dans les espaces dits « interstices » (ruralité, banlieue dense). Rattrapés par le tissu urbain et périurbain, ces espaces périphériques sont devenus, au fil du temps, le commerce de proximité des habitants des territoires. Cet alignement de « boîtes à chaussures », qui ont poussé comme des champignons pendant des décennies de façon anarchique et inesthétique, ont composé le paysage de la célèbre « France moche », qu’aujourd’hui le gouvernement entend réguler et harmoniser. Bien qu’économiquement performantes, pour la plupart d’entre elles, ces zones sont confrontées à de nombreux défis d’ordre environnementaux (la transition écologique engagée par le gouvernement), territoriaux (pour un développement équilibré des villes) et économiques (nouveaux usages et activités commerciales). « Dans un monde qui prend conscience de ses limites, la zone commerciale a atteint les siennes. Parce qu’il n’est plus entendable de grignoter une terre agricole qui nous nourrit, parce que chaque arbre coupé est désormais légitimement vécu comme un drame, parce que chaque trajet en voiture coûte cher, et même, de plus en plus cher », explique Olivia Grégoire, ministre déléguée auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, chargée des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, concédant, toutefois, que supprimer ces zones « ne serait