En plein conflit russo-ukrainien, les entreprises implantées dans ces régions affrontent une situation délicate et une impasse géopolitique. Entre partir avec pertes et fracas ou rester, au risque d’en subir les conséquences économiques, humaines et médiatiques, le choix est aussi complexe que la visibilité sur l’évolution de cette crise, est faible. Malgré l’horreur des combats, l’humain prime, toutefois.
Ceux qui partent, ceux qui restent…
Critiquées pour ne pas avoir fermé leurs boutiques en Russie comme en Ukraine, les enseignes françaises traversent une zone de turbulence. Le commerce par temps de guerre soulève des questionnements éthiques et économiques inextricables.
C’est un choix cornélien pour les entreprises françaises implantées en Russie. L’Association familiale Mulliez et ses 408 magasins sous enseigne Auchan, Décathlon (l’enseigne a entre temps suspendu ses activités) et Leroy Merlin ou encore les groupes Danone ou Lactalis ont choisi de rester dans un pays qui considère désormais la France comme “inamicale”, avec toutes les contraintes économiques (sanctions européennes, blocus des marchandises au-delà de 300 euros) et difficultés morales et sécuritaires que cette position implique. Tandis qu’à Kiev, un magasin Leroy Merlin a été visé par un missile russe, le député ukrainien Oleksiy Gonrachenko, a accusé l’enseigne de “continuer à travailler avec la Russie et de payer des taxes qui lui serviront à acheter et produire des missiles qui produiront des dégâts comme celui-là”. Sur les réseaux sociaux, la grogne monte contre ces enseignes qui refusent de baisser le rideau en Russie alors que Sephora, Kering, LVMH ou Hermès (pour ne citer que les entreprises françaises) ont décidé de suspendre leurs activités le temps du conflit. Le gros de la clientèle russe étant fortement impacté par les mesures de rétorsion internationales, les marques de luxe avaient, de toute façon, peu à perdre à court à terme en fermant leurs boutiques.
Continuer l’activité en Ukraine
Pour les uns, rester ouvert par temps de guerre relève d’un problème à la fois éthique et sécuritaire pour les salariés. Les enseignes qui restent sur place, elles, justifient leur choix par des arguments non moins humains : soutenir la population et ne pas laisser tomber les employés de ces magasins. C’est le sens du message délivré par Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, interrogé sur BFMTV et RMC : “Notre responsabilité d’employeur est de ne pas fermer. Il y a 160 000 salariés d’entreprises françaises en Russie. Ils n’ont rien demandé ces gens-là. Ils ont besoin de se nourrir, ils ont besoin d’être payés” soutient-il. Selon une source propre du dossier Auchan, “les enseignes qui veulent s’adapter avec une immense solidarité dans cette situation chaotique ne vont que dans un sens : tenir, fournir ce qu’il y a à fournir à un peuple qui commence à être affamé et ne pas faire prendre de risque aux clients”. Les collaborateurs locaux sont volontaires. “Les magasins ont plutôt intérêt à rester ouverts pour éviter qu’ils ne se fassent piller”, souligne Germain