Points de Vente: Les franchises ont-elles traversé la crise avec difficulté ?
Véronique Discours-Buhot: La période a été compliquée mais ce modèle est résilient par nature car il fonctionne sur le transfert de savoir-faire et le partage de la valeur. Le franchiseur est un indépendant dont le rôle est de concevoir un concept, de faire un business case, de le tester et ensuite de le déployer et permettre à d’autres entrepreneurs indépendants et employeurs de le mettre en œuvre. Chaque intervenant a un intérêt mutuel à la bonne santé financière de l’autre. Quand il se produit une crise, ils s’entraident de manière mécanique. L’animateur de réseau a repris tout son rôle pour diffuser les informations utiles, remonter les questions des franchisés, partager les bonnes pratiques, ce qui permet de rebondir très rapidement. Par ailleurs, la perte de repères s’intensifie dans une crise. Et les franchiseurs et franchisés ont eu la capacité de se benchmarker les uns et les autres au sein du réseau.
PDV: Le digital a-t-il été adopté rapidement par les réseaux ?
VDB: Avant la crise, une majorité de franchiseurs avaient mis en place des solutions de e-commerce sans les avoir toujours utilisées au maximum. La pandémie a boosté leur usage. La rapidité de l’implantation de solutions numériques a fait la différence avec les indépendants isolés. Une étude Kantar commanditée par la BPCE en 2021 montre que 97 % des franchisés utilisent le web to store. Et 42 % des franchisés proposent du click and collect, une augmentation de 12 points par rapport à 2019. On a aujourd’hui 75 % des franchisés communiquant avec leurs clients par SMS ou emails avec leurs clients.
PDV: La responsabilité sociale et environnementale (RSE) est-elle bien travaillée par les franchises ?
VDB: Les futurs franchisés posent de plus en plus de questions sur la RSE en amont du choix d’un réseau car ils sont porteurs de l’image de l’enseigne au même titre que le franchiseur. Le travail de RSE est d’agir de manière responsable dans son business. Il nécessite d’avoir une connaissance pointue des conséquences directes et indirectes de son activité de son affaire, de son impact social et environnemental. Cela a un intérêt majeur pour les entrepreneurs car c’est une manière de prévenir les crises et de les gérer. Les têtes de réseaux peuvent se saisir de la RSE en faisant un travail d’analyse de leur activité et des impacts de celle-ci. Certaines actions sont déjà en place sans être identifiées comme démarche RSE ; il conviendra de commencer par les renforcer puis d’y ajouter peu à peu de nouveaux engagements en lien avec les impacts opérationnels de l’entreprise. La FFF a déjà fait deux webinaires sur cette thématique et se fait accompagner par des experts qui restent pragmatiques et très concrets sur ce sujet fondamental pour les réseaux.