Lors des Assises de l’Agriculture Biologique, Dominique Schelcher, PDG de Système U, a exprimé son soutien envers la filière, et les producteurs français dans leur ensemble:
[Extrait de l’enquête “Bio et inflation” qui paraitra dans le Points de Vente du 13/02/2023]
Ne pas désinvestir
Nous sommes le 4e acteur du marché du bio dans notre secteur avec environ 15% de PDM, au-delà de notre part de marché classique qui est d’environ 11,5%. Nous n’allons pas désinvestir. Nous pensons que la situation est conjoncturelle, même si la question de l’arbitrage des consommateurs va probablement durer encore toute l’année 2023.
Leviers d’action
Il y a plusieurs façons, à mon avis, de résister à la tempête. La première, c’est l’offre. Ne pas désinvestir signifie dont qu’il faut garder une offre large. Par exemple, nous avons plus de 900 produits U bio fabriqués par PME françaises, et une augmentation de 50 produits sur un an et demi. Effectivement, nous avons quelques références de grandes marques en moins. Mais, souvent, les industriels arrêtent certains produits.
Évidemment, il faut aussi faire attention à son prix sur le marché. Si le signal envoyé par les consommateurs est un recul des achats de produits bio parce qu’ils sont trop chers, à un moment donné, il faut se poser la question du prix.
Ensuite, il faut donner de la visibilité à cette offre et le faire davantage. Chez U, nous avons un rendez-vous promotion par mois sur le bio et deux grands événements annuels. Nous avons également reçu 130 éleveurs de chez Biolait dans nos magasins ces derniers mois. Ils sont venus expliquer leur métier et leur spécificité en bio, an contact direct avec les consommateurs. Malheureusement, je pense que le bio n’a pas fait assez fait sa promotion ces dernières années. Il faut pourtant montrer le bio, en vanter toutes les qualités pour ne pas que disparaissent les habitudes des consommateurs.
Soutien des filières et contrats tripartites
Nous devons rester proches de nos producteurs qui ont fait le choix de se convertir ces dernières années. Notre responsabilité à nous, distributeurs, c’est d’être là même quand c’est difficile. Par un dialogue commun, nous allons trouver des solutions pour les accompagner le mieux possible pendant cette baisse de volumes. Chez U, on ne lâchera pas et on continuera nos accords tripartites de construction de bons produits de qualité bio.
La clé, c’est le contrat tripartite. Chez U, nous avons beaucoup d’exemples de filières que nous essayons de co-construire en raisonnant différemment sur la durée. Par exemple, le contrat pour la fabrication de nos yaourts porte sur 5 ans. Nous ne raisonnons pas à la négociation annuelle, mais en donnant de la visibilité au producteur qui peut se projeter et investir. Par exemple, les profils que je recherche aujourd’hui, ce ne sont plus seulement de simples acheteurs basiques « comme dans le temps », mais de vrais spécialistes de filières qui connaissent vraiment les produits, leurs interlocuteurs, qui sillonnent le territoire en relation avec les patrons de magasins, des indépendants, qui eux aussi connaissent parfaitement ce territoire.
Souveraineté alimentaire
C’est un travail de fourmis, de longue haleine, mais que l’on mène parce que selon nous, derrière tout cela, il y a un combat important qui est celui de la souveraineté alimentaire. A notre niveau, nous apportons notre pierre à l’édifice pour que demain, dans 10 ans, à la prochaine crise, on ait encore suffisamment de producteurs grâce à des contrats justement rémunérés. Pour moi, la grande crainte, c’est que l’on perde des producteurs à court terme, qu’ils soient bio ou non. Je pense notamment aux départs à la retraite d’agriculteurs dont les exploitations ne seront pas reprises. C’est ça le grand sujet en France aujourd’hui. Si dans 10 ans, nous n’avons plus assez de marchandises, nous serons obligés d’importer des produits dont on ne connaîtra pas la traçabilité. C’est notre plus grand danger et je crois que les Français ne s’en rendent pas assez compte.