Sébastien Loctin, directeur et fondateur de Biofuture, revient sur l’histoire de l’huile d’olive.
Comprendre comment cette huile dorée est devenue en moins de 25 ans la première vente du marché impose un petit détour par la géopolitique de l’agroalimentaire.
Un produit surcoté sur le plan nutritionnel
Dans les années 90, l’Union européenne, dans le cadre de sa PAC, a subventionné la culture de l’olivier ce qui a permis d’augmenter les productions en Espagne, en Grèce et d’autres pays européens, engendrant par là un fort excédent… Les géants de l’agroalimentaire se sont saisis de cette opportunité et, pour écouler de tels volumes, ils ont communiqué sur les bienfaits de l’huile d’olive, mettant en avant deux arguments majeurs : sa supériorité nutritionnelle face au beurre notamment, et l’image positive du régime crétois, le régime des centenaires.
A tort… car si l’huile d’olive est devenue la première du marché, il faut reconnaître qu’elle est relativement neutre sur un plan nutritionnel. Pour bénéficier d’apports complets et équilibrés, il est nécessaire de l’associer à d’autres huiles, celles riches en Oméga-3, telles que l’huile de lin, de chanvre, ou encore de colza par exemple. Une réalité qui devrait nous pousser à relativiser l’omniprésence de l’huile d’olive dans nos placards.
L’opacité du marché, source de spéculation effrénée
L’huile d’olive est également confrontée à second enjeu essentiel pour les consommateurs, l’origine de l’huile d’olive, une information souvent dissimulée. Cette opacité fait le jeu des grands opérateurs, libres de s’approvisionner là où les prix de marché sont les plus favorables. Mondialisé, opaque et très spéculatif, le marché de l’huile d’olive se trouve ainsi lui aussi affecté par la guerre en Ukraine. Le risque de pénurie d’huile de tournesol ayant poussé certains industriels à substituer au tournesol d’autres huiles végétales, dont l’huile d’olive, le cours de l’ensemble des huiles alimentaires s’est mis à flamber. Un effet domino qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur les prix de l’huile d’olive et placer les industriels devant des choix difficiles tant il est difficile de se passer de cette huile, base de nombreux plats cuisinés et autres conserves.