Dans une lettre ouverte au président de la République, 4 associations de défense des consommateurs réclament une « transparence totale » sur les marges des industriels et des distributeurs.
« Il est urgent d’en finir avec les profits opaques des industriels et les distributeurs », annoncent 4 associations de défense des consommateurs (foodwatch, Familles Rurales, UFC-Que Choisir et la CLCV) qui exigent que « les pouvoirs publics imposent la transparence totale sur les marges réalisées par produit par chaque acteur de la chaîne alimentaire ». Les 4 associations rappellent à leurs promesses Emmanuel Macron et Bruno Le Maire et rappellent qu’il « est indispensable qu’ils prennent des mesures concrètes pour empêcher l’explosion des marges ». Selon elles, la marge de l’industrie agroalimentaire a atteint un niveau historique de 48% et celle de la grande distribution a, elle aussi, augmenté sur certains rayons de première nécessité comme les pâtes, les légumes ou encore le lait, « le tout dans un climat d’opacité inacceptable sur la construction des prix ».
Les 4 associations dénoncent, aussi, dans un communiqué, « la grande distribution qui profite, elle, triplement de l’inflation. Elle bénéficie déjà depuis 2019 d’une marge minimale garantie, grâce à la loi Egalim : le seuil de revente à perte de +10%. Malgré la crise actuelle, cette mesure vient d’être prolongée, ajoutant de l’inflation à l’inflation. L’UFC-Que Choisir a démontré en 2019 que cette mesure optique consumériste représentait sur une période de 2 ans et une hausse du budget alimentation des ménages de 1,6 milliard d’euros, affectant notamment les produits les plus achetés par les consommateurs modestes ».
Flou sur les marges
Le communiqué commun rappelle que « à la demande expresse des industriels, l’officiel Observatoire de la formation des prix et des marges (OFPM) ne publie que les marges moyennes réalisées par l’ensemble des acteurs et par grandes familles d’aliments, empêchant ainsi de connaître la marge réalisée sur un produit par chaque maillon de la chaîne jusqu’au distributeur. Malgré ce manque de précision délibéré, les chiffres de l’OFPM révèlent que la grande distribution a augmenté ses marges en 2022 sur des produits de première nécessité tels que les produits laitiers, les pâtes, les fruits et légumes. Enfin, elle a aussi profité de la tendance de nombreux consommateurs à se rabattre sur plus de produits de marque de distributeur, gagnant ainsi des parts de marché ».
Précarité alimentaire
Les 4 associations rappellent que les deux dernières années sont été particulièrement éprouvantes pour le budget de nombreux ménages. L’inflation alimentaire a atteint plus de 20%, le prix d’un litre de carburant a régulièrement avoisiné, voire dépassé, les 2€, et celui de l’énergie s’est envolé (+26% en 2023 juste pour l’électricité). Des millions de consommateurs sont obligés de faire de l’alimentation, la seule variable possible d’ajustement d’un budget devenu insuffisant, y compris pour assurer leurs dépenses les plus contraintes. Les associations soulignent que ces faits sont reconnus. Ainsi, selon le président de l’Autorité de la concurrence, les 2/3 de l’inflation dans la zone euro serait le fait des entreprises. Et les institutions financières telles que le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne dressent le même constat : « Les prix de l’alimentation, en particulier, augmentent bien au-delà de ce que leurs coûts de production l’exigent », souligne le communiqué.
Des exigences face à l’urgence
Les 4 associations exigent « l’obligation de transparence totale et immédiate sur les marges nettes par produits réalisées par les géants de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution ; des mesures concrètes pour rendre impossibles les marges excessives sur les produits alimentaires essentiels, sains et durables, tant par les industriels que par la grande distribution – à commencer par ceux recommandés par le Programme nationale nutrition santé (PNNS), comme les produits bruts, les fruits et légumes, les légumineuses et les produits céréaliers, notamment issus de culture bio ; la suppression de la marge minimale garantie de 10% pour la grande distribution (seuil de revente à perte : SRP +10) ».
Les 4 associations lancent également une pétition « pour que les Françaises et Français puissent se mobiliser collectivement et soutenir massivement ces demandes ».
C.B.