Le compte d’exploitation du commerce spécialisé reste sous tension en 2023 avec une pression sur les coûts et des inquiétudes sur la consommation.
Procos, la fédération pour la promotion du commerce spécialisé, présente en bilan mitigé du secteur. L’évolution des ventes magasins du commerce spécialisé enregistrent une faible augmentation de +1,3% en 2022 par rapport à 2019, tandis que la fréquentation des magasins recule de -19,6%. Les ventes internet, quant à elles, régressent de -12%. Procos constate que la fin d’année a été nettement meilleure que le début après un mauvais mois de janvier (-11,7% par rapport à janvier 2019). Après un été médiocre, l’activité s’est améliorée à partir de la rentrée pour se terminer sur un bon mois de décembre (+10,4% par rapport à décembre 2019).
Un contexte difficile
La guerre en Ukraine, la crise énergétique et l’inflation sont autant de facteurs qui ont impacté l’activité. Procos remarque que le mois d’octobre a constitué un tournant dans l’année, avec l’importante hausse des prix des produits alimentaires qui a fortement impacté le pouvoir d’achat et la consommation. « Pour le commerce spécialisé, le très faible accroissement des ventes magasins en octobre et novembre (+1,5%) cache en fait une baisse des volumes vendus, puisque dans le même temps, les prix ont augmenté de 3 à 5% », souligne Procos.
2023 : un redoutable effet ciseaux
Début 2023, face aux difficultés qui s’annoncent et aux incertitudes, la fédération craint que cet environnement ne génère un redoutable effet ciseaux résultant de la baisse des volumes de ventes et de l’augmentation de tous les coûts (énergie, loyers, transports, logistique, approvisionnements, notamment ceux payés en dollar…). A cela s’ajoutent les endettements de crise qu’il faut rembourser (PGE) et des réglementations telles que le décret tertiaire où les entreprises vont devoir investir dans une période de tension. Une situation qui écrase le volume de marge, dégrade les trésoreries et la rentabilité des entreprises, mettant en danger les investissements, rappelle Procos. « Il faut enfin se rendre compte qu’une enseigne n’est qu’une consolidation de dizaines ou de centaines de points de vente qui sont de petites exploitations avec des niveaux de marge et de rentabilité faibles. Dans le commerce de détail, il n’y a pas que les TPE qui sont fragilisées, souligne Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos. Jamais la mise en place d’une politique publique du commerce n’a été aussi urgente et impérative. Il n’est plus possible d’attendre ».