C’est un fait, le plastique a envahit notre planète. Conditionnements, sacs, vaisselle… Son usage répond à une logique de facilité et de faible coût. Cet âge d’or est désormais révolu. Cela fait près d’une année que la Chine a annoncé son intention de restreindre drastiquement l’importation de déchets plastiques sur son territoire, là, justement, où les pays européens dont la France avaient l’habitude de les y envoyer. Face au principe de réalité d’une augmentation des coûts de retraitement, la question qui s’impose aux entreprises est donc la suivante : que faire de nos plastiques ? La France y répond de façon règlementaire, à travers la loi sur la transition énergétique qui prévoit la fin de la mise disposition de la vaisselle jetable de table en plastique en 2020. Les accords du G7 récemment signés par les grands groupes industriels et de la distribution vont dans ce sens, engageant ces derniers à recycler et réutiliser au moins 55% des emballages de plastique d’ici 2030 et récupérer 100% de tous les plastiques d’ici 2040.
L’assainissement de l’océan plastique demande bien plus que des actions basées sur le volontariat ou la contrainte législative. Une véritable prise de conscience doit s’opérer. Les consommateurs deviennent de plus en plus sensibles à la cause environnementale. Alors que les poissons et autres cétacés meurent régulièrement des kilos de plastiques qu’ils ont ingérés au cours de leur existence, les hommes s’interrogent enfin sur l’impact de leurs activités sur la planète. Selon un rapport publié par l’ONG WWF, l’Europe est le second producteur de plastique au monde, avec 150 000 à 300 000 tonnes de macro-déchets plastiques et entre 70000 et 130 000 tonnes de micro-plastiques déversés en mer chaque année. L’urgence d’une plastique détox n’est plus à démontrer : c’est maintenant qu’il faut agir.
Opter pour des solutions alternatives
Des solutions existent mais elles ont un coût. L’utilisation du bioplastique, par exemple, n’est pas sans impact économique. On estime son prix, en moyenne, 2 à 4 fois supérieur à celui des matériaux plastiques tirés du pétrole. Les Français sont certainement prêts à abandonner l’usage des pailles ou des gobelets en plastique mais accepteraient-ils de payer trois fois plus cher leur jus de fruits ou leur café ? Probablement, non. Autre contrainte de taille, les agroplastiques produits à partir de sucre ou d’amidon, entrent en concurrence avec l’alimentation animale. Cela oblige les industriels à se tourner exclusivement vers des bioplastiques tirés de produits non comestibles – les algues, notamment – et d’investir lourdement dans leur R&D. Il n’y a pas de recette miracle et le 100% biodégradable ne s’obtiendra pas en un jour. La transition passera par des méthodes alternatives. Imparfaites, certes, mais accessibles à tous
Devant le nombre de déchets disponibles aujourd’hui, le recyclage est une solution intermédiaire. C’est d’ailleurs là tout l’enjeu de l’économie circulaire qui vise à orienter les processus de fabrication vers un cercle de production plus vertueux. Une marque comme Adolphe Lafont, l’inventeur du vêtement professionnel en 1845, s’engage notamment à substituer le polyester-coton par du lin, qui ne nécessite ni eau ni pesticide, pour la confection d’une gamme de tabliers de restauration « made in France ». Les matières premières recyclées et recyclables sont l’avenir du textile. Le lin a, qui plus, l’avantage de favoriser une filière agricole 100% française – l’hexagone est le 1er producteur mondial de lin – et de créer de la valeur sur nos territoire dans une logique de circuits courts. Cette expérience ouvre la voie et donne des idées à d’autres groupes industriels, comme par exemple le groupe Chargeurs, qui teste l’intégration de ce type de matériaux alternatifs en circuit court dans ses processus industriels d’entoilage. Si les fabricants doivent changer en réduisant au maximum les déchets à la source, il faut admettre également que le sujet appartient aux consommateurs et qu’un changement dans nos comportements est nécessaire. Privilégier la vente en vrac, conditionner en magasin ses achats dans ses propres contenants réutilisables, choisir des produits éco conçus, adopter une démarche anti-gaspi, consommer moins et consommer mieux sont des actes volontaires et engagés qui permettent à tous, à titre individuel, d’agir au quotidien. La protection de notre planète est la responsabilité de tous : distributeurs, producteurs et consommateurs. Et le changement c’est maintenant !
Par Marc Jacouton, fondateur de RSE Développement