Face au dérèglement climatique et aux enjeux écologiques, le bien-fondé des sports d’hiver pose question. La mobilisation des stations en faveur de la protection de la montagne est un pas en avant vers un changement de modèle.
Si la saison hivernale évoque en nous les journées froides, les nuits plus longues et les arbres dénudés, cette année, il n’en est rien. En février, l’hiver n’a toujours pas réussi à s’installer en France et le nombre de jours de gel ou de neige se comptent sur les doits d’une seule main. Car d’ordinaire, l’hiver rime, elle rime aussi, pour de nombreux Français, avec tourisme blanc. De fait, le chiffre d’affaires annuel généré par les sports d’hiver représente 9 millions d’euros. Longtemps considérés comme un marqueur social, les sports d’hiver connaissent, depuis quelques années, des temps difficiles. Dérèglement climatique oblige, les hivers se font plus doux, la neige tombe plus tôt ou trop tard. Bien sûr, le phénomène vaut surtout pour les domaines situés à basse et moyenne altitude, les stations les plus élevées échappent encore à ces aléas météorologiques, mais pour combien de temps ?
« Nous battons des records de chaleur, 2020 est en passe d’être l’hiver le plus chaud depuis 1900 »
Marqueur sociétal… Jusqu’à quand ?
Est-ce vraiment raisonnable d’héliporter de la neige des sommets vers le bas du domaine skiable (Les 2 Vallées) pour sauver une saison de ski ruinée par un subit radoucissement du climat en décembre dernier ? De la même façon, dans les massifs VosgesVosgiens et alpins, on n’hésite plus à sortir les canons à neige, eux même alimentés par des lacs artificiels, pour densifier les pistes enherbées, creusées et stabilisées dans le roc… Sachant que tout cela se révèle inutile au-dessous de zéro degré ! De telles pratiques peuvent sembler absurdes alors que les questions de protection de l’environnement et des impacts de l’industrie du ski sur la montagne se font de plus en plus grandes. Plus que jamais, le bien-fondé du tourisme d’hiver, d’abord exclusif puis peu à peu ouvert au grand public, est remis en cause. Fallait-il laisser envahir nos montagnes par le tourisme de masse – et avec lui, des constructions immobilières de grande capacité, des infrastructures polluantes et des investissements coûteux pour les communes ?
Un modèle 100% glisse d’hiver remis en cause
Certes, nos frontières bordées par les Alpes, les Vosges, le Jura et les Pyrénées ont ancré une culture de l’apprentissage la pratique des sports de glisse dans l’Hexagone. Mais force est de constater que, bientôt, ce n’est plus tant le ski que la montagne en elle-même qui attirera les vacanciers l’hiver. Certaines stations ont pris de l’avance en développant, avant les autres, des bonnes pratiques. Serre Chevalier, par exemple, a mis en place des remontées mécaniques fonctionnant, en partie, à l’énergie solaire et éolienne. Qui plus est, la station s’est fixée pour objectif d’atteindre les 30% d’énergie verte d’ici à 2022 et jusqu’à 50% à terme éoliennes, panneaux solaires et dameuses électriques font désormais partie du paysage de montagne. La prise de conscience est toutefois générale. Un nouveau label de qualité, Le Flocon Vert, vient désormais garantir et certifier l’engagement durable des destinations touristiques de montagne (20 critères, tels que l’usage de l’eau raisonné, la protection de la faune et de la flore, etc.).
La pure montagne, ça se gagne
Enjeu écologique mais également économique, les stations s’ouvrent à de nouvelles activités : séjours gastronomiques, chiens de traineau, raquettes, biathlon, SPA ou sources thermales. La palette d’offre est large pour les accros de montagne qui délaissent les remontées mécaniques. Equipements ô combien pratiques du plaisir facile et rapide – en 10 minutes de télésiège on arrive au sommet des pistes – mais destructeur du cadre naturel et du tracé de la roche. Préserver nos montagnes, c’est aussi accepter la notion d’effort, d’exigence physique et de mérite qu’elles impliquent : les gravir demandent humilité, persévérance et courage. C’est le prix à payer pour conserver une nature intacte. La récompense n’en est que plus grande quand se découvrent, après des heures de grimpe, les hauteurs d’un sommet enneigé, sans traces que l’homme aurait pu laisser. Le respect d’une nature vierge et peu accessible est l’un des fondements du slow-tourisme, où la lenteur devient art de vivre.
Les marques s’engagent : moins de pacte, plus d’acte
Tirant profit des leçons que la montagne nous enseigne, les marques textiles spécialisées dans l’outdoor s’inspirent des vêtements techniques portés par les professionnels de la montagne. Par exemple la collection ESF Courchevel 1850, éco-conçue par la société CEPOVETT Safety, pour les moniteurs de ski avec une forte dimension technique et éthique. Ces vêtements professionnels peuvent être utilisés dans des conditions extrêmes 180 jours par an, en mode tempête, neige, glace, vent ou soleil brulant… Cette nouvelle collection a également été pensée pour véhiculer des valeurs environnementales et sociales auprès des parties prenantes. La base-line #PleaseRecycle, visible sur le dos du blouson, invite la clientèle à s’engager pour la protection de la nature et la sauvegarde d’une montagne propre. Les moniteurs ESF sont de fervents défenseurs de leurs montagnes contre la pollution et l’incivisme écologique, eux-mêmes acteurs lors d’opérations de nettoyage des pentes durant l’été. Un rôle d’Ambassadeur des montagnes que vient souligner cette nouvelle collection. De la montagne à la ville il n’y a qu’un pas, la durabilité et l’esprit technique outdoor s’imposent dans les collections urbaines. Parce que nos villes ressemblent, de plus en plus, à des jungles urbaines, la technicité, l’imperméabilité, l’ergonomie, le confort et la durabilité priment désormais pour les jeunes générations. Dans ce sens, la marque Aigle conçoit des vêtements et des chaussures étanches mais respirables, un concept « outside fashion », une mode alliant simplicité, style et goût de l’aventure au bout de la rue faisant ainsi le lien entre ville et nature. Avec, toujours, ce sens de l’engagement vers des produits éco responsables, protégeant aussi bien l’homme que la nature. La clé d’un écosystème équilibré et durable, à la ville comme à la montagne.
Par Marc Jacouton, fondateur de RSE-développement