Votée en avril dernier, la Loi Pacte couronne la RSE en gravant dans le marbre le statut d’entreprises à mission. Un pas de plus vers un « Business For Good » où l’entreprise, contributive et inclusive, privilégie la durabilité et le respect des hommes et de la planète aux profits à court-terme. C’est la fin annoncée de l’entreprise prédatrice.
Dans un monde qui change très vite l’entreprise doit de se transformer pour perdurer, Elle doit s’adapter, évoluer sans cesse, se ré-inventer avec un business model capable de créer de la valeur à partager avec ses parties prenantes et son écosystème (actionnaires, collaborateurs, fournisseurs, clients, état, ONG…) Dans ce sens, la RSE se révèle être l’un des nouveaux leviers de cette transformation. Et pour cause, l’entreprise de demain sera contributive si elle veut être pérenne. Cela implique de ne plus seulement chercher à être la meilleure entreprise du monde, mais être la meilleure entreprise pour le monde. Dans ce nouveau paradigme, la course à la performance cède la place aux enjeux sociétaux et environnementaux. Bienvenue dans l’univers du « Business For Good » où chaque entreprise s’inscrit dans une vision et a pour mission de réconcilier People – Planet – Profit.
« L’objet social de l’entreprise réside désormais dans sa responsabilité sociétale »
La France, à travers la Loi Pacte, inscrit de façon forte la RSE au cœur du Code Civil. Votée par l’Assemblée nationale le 11 avril dernier, cette loi qui, certes, peut être améliorée, marque un progrès réel dans la modernisation du rôle de l’entreprise au sein de la société. Elle illustre la volonté de l’État et du Ministère de l’Economie de porter la transformation de nos entreprises à leur plus haut niveau et vient couronner la démarche RSE. Elle affirme, enfin, un engagement politique de placer les entreprises au cœur de la contribution en soulignant leurs responsabilités sociales, sociétales et environnementales. En ayant, pour ambition, de rapprocher les salariés de l’entreprise et d’inscrire celle-ci dans une mission d’intérêt général, la Loi Pacte vient ainsi graver dans le marbre le nouveau rôle de l’entreprise : redonner du sens au travail et rendre les collaborateurs acteurs d’une évolution qui profitera à tous.
Réinterroger sa raison d’être
Depuis avril dernier, l’objet social de l’entreprise réside désormais dans sa responsabilité sociétale quant aux impacts positifs de sa production sur l’environnement et sur les hommes. En élargissant leur réflexion au-delà de leurs activités, les entreprises à mission réinterrogent leur raison d’être en cette fin de décennie et se projettent en 2030, tournant ainsi définitivement la page des années 2010. Au même titre que les “Benefit corps” américains intègrent dans leur ADN et leurs statuts des projets d’intérêt généraux, les profits réalisés par nos entreprises à mission doivent rimer avec protection des hommes et de la planète. Une prise de conscience qui sera incitée par des avantages fiscaux, à l’image du fonctionnement du statut de nos actuelles Entreprises Sociales et Solidaires (ESS).
« Intégrer les grands défis qui attendent nos sociétés dans la raison d’être des entreprises est un enjeu d’avenir. »
Des entreprises pionnières illustrent aujourd’hui ce changement. Par exemple, Danone, qui se positionne comme un acteur prônant la santé par l’alimentation au plus grand nombre. Le groupe agroalimentaire veut rendre indissociable la bonne santé des hommes et celle de la planète. Aussi, pour protéger sa source d’Evian qui le fournit en eau, il travaille de concert avec les agriculteurs pour garantir la pureté des sols. Dans un autre registre, Veolia a pour vocation de préserver le bien-être des hommes tout en intégrant la contrainte de raréfaction de la ressource, notamment à travers le déploiement de solutions de gestion des déchets. Son objectif : développer les énergies dé-carbonées, décentralisées et non polluantes.Les PME ne sont pas en reste. Pour Cepovett, fabricant français de vêtements professionnels, protéger les hommes et les femmes au travail c’est aussi protéger leur propre environnement vital en réduisant l’impact hydrique par le coton bio, ou l’usage de matériaux recyclés comme le RPET en substitution du pétrole, ou encore, transformer les déchets textiles en nouvelle ressources par l’économie circulaire.
Une opportunité pour les entreprises contributives
Bien plus qu’un texte de loi, la Loi Pacte offre une opportunité aux entreprises et aux marques de prendre part à la mutation en marche du monde. Cette prise de conscience franco-française fait écho aux grands courants règlementaires internationaux, tels que la loi sur le devoir de vigilance votée en France en 2017 ou les traités Onusiens dont font partie les ODD qui ont conduit l’ensemble des pays Européens à s’aligner sur ces problématiques mondiales. Finalement, la Loi Pacte dessine une trajectoire à nos entreprises afin qu’elles s’expriment de façon concrètes et par le biais de symboles forts. Salariés-actionnaires, intéressement et participation aux dividendes : ces notions de représentativité et de partage de la création de valeur sont, plus que jamais, au cœur du nouveau contrat social. À cela, s’ajoute l’urgence environnementale qui anticipe la mise à l’échelle d’une économie plus circulaire.
« Une nouvelle ère RSE est donc en train de s’ouvrir et avec elle, l’apparition de nouveaux modèles économiques plus inclusifs, plus circulaires, impliquant l’ensemble de la chaîne de valeur des entreprises, y compris les fournisseurs, les ONG et les consommateurs. »
Ce grand mouvement doit fournir l’occasion à chacun d’apprendre à mieux travailler ensemble et de co-construire l’entreprise du futur. Si le digital est un autre formidable outil pour structurer ces échanges, faciliter la communication et la transparence, la RSE est un vecteur qui redonne du sens pour mieux vivre ensemble, accessible aux petites comme aux grandes entreprises. Car notre mission à tous est bien de bâtir ensemble le monde de demain.
Par Marc Jacouton, fondateur de RSE Développement