Les ventes de produits en vrac, délaissées depuis la pandémie de Covid-19, reprennent des couleurs. Les enseignes sont prudentes dans leurs investissements. Cependant, les équipementiers sortent des innovations, car la loi stipulant que 20 % des surfaces soient occupées par le vrac est prévue pour 2030. Par Jean-Bernard Gallois
Après des débuts prometteurs avec l’éclosion de centaines d’épiceries dès 2017, la vente de produits secs en vrac a connu un coup d’arrêt brutal avec le Covid-19. « Nous sommes passés de 240 épiceries vrac en 2018 à 921 trois ans plus tard, commente Célia Rennesson, cofondatrice et directrice générale de Réseau Vrac et Réemploi. En 2022, les premières fermetures ont eu lieu. Nous n’avons pas eu le temps de convertir massivement le consommateur au vrac, mais dans cet élan, près de 20 % des clients sont devenus des habitués ». Le mouvement a été plus brutal encore pour les GSA où le vrac est devenu un rayon parmi tant d’autres, avec un consommateur laissé seul « alors qu’il s’agit d’un mode d’achat qui a besoin d’être accompagné », poursuit-elle.
Un CA en baisse
Résultat, le chiffre d’affaires estimé du secteur vrac est de 795 millions d’euros en 2023 contre 850 millions d’euros l’année précédente. En part de marché, les épiceries vrac pèsent 15 % du chiffre d’affaires en 2023, les magasins bio 48 % (contre 43% en 2022) et les GSA près de 35 % contre 42% en 2022… et 50% en 2020. Par exemple chez Intermarché, « 70 % de nos points de vente en France proposent des rayons vrac en 2024, soit 1 325 magasins sur un total de près de 1900 », indique un porte-parole du groupe. Le redémarrage s’est enclenché depuis quelques mois. « Le baromètre mené l’an dernier sur nos clients enseignes est plutôt rassurant et nous avons senti une reprise de la clientèle sur l’épicerie vrac où 85 % de nos répondants ont connu une croissance l’an dernier contre 54% en 2022, ajoute Célia Rennesson. Ces épiceries vrac ont eu deux fois plus de clients en 2023 par rapport à 2022 et un panier moyen entre 25 et 40 euros hors taxes ». La promotrice du vrac insiste : « Cela démontre que lorsque l’on maîtrise ce rayon, avec du personnel formé, des processus de manipulations et de gestion de stock, cela fonctionne. »
Incertitude et attente
En attendant, les magasins sont en stand-by, pour la majorité. Par timidité des intervenants ? « Nous avons accompagné plus de 5 000 points de vente ces dernières années sur leurs projets