L’immobilier à venir

Plusieurs centres commerciaux régionaux ouvriront d’ici la fin de l’année, à l’image de Beaugrenelle (Paris 15 pour Gecina/Apsys) de 45 000?m² et d’Aéroville (Tremblay-en-France pour Unibail/Rodamco) de 84 000?m². Au final, CBRE a recensé 18 projets de création de centres commerciaux pour un volume de 646?700?m² et 116?000?m² pour 11 extensions livrables dans les 2 à 3 ans. “Un centre commercial prend entre 10 à 12 ans avant d’être construit. Ce n’est pas la construction en elle-même qui prend du temps, mais tout ce qui précède, les autorisations, les recours, etc. Cela veut dire que tous les projets qui sont nés avant la crise continuent à se projeter”, relativise Jean-Michel Silberstein.AutrementCeci étant, la prudence est maintenant de mise. Interviennent alors les extensions et les rénovations de centres. D’un côté délicates car elles sont susceptibles de gêner les clients qui peuvent rapidement couper dans leurs habitudes et se rendre ailleurs, de l’autre, elles rassurent les enseignes placées dans un centre en fonctionnement et elles bénéficient de la clientèle qu’il ne faut plus attirer, ni fidéliser. Autres traductions sur le terrain: des centres commerciaux vont développer une véritable politique de qualité avec un ensemble de services (animations, loisirs en tête) et de restauration. “Le commerce traditionnel se mélange avec le commerce de loisir. Le centre commercial devient un centre de destination familiale où l’on va passer la journée et non plus uniquement faire du shopping”, intervient Nathalie Depetro, directrice du Mapic, le salon de l’Immobilier Commercial. Parallèlement, les centres commerciaux de proximité, ou en périphérie des villes, “proposeront un programme minimum d’enseignes nationales avec un hypermarché qui continuent, malgré tout, à attirer beaucoup de visiteurs”, remarque Jean-Michel Silberstein. “Ces deux pôles sont gagnants et vont se développer parce que les élus le souhaitent et, aussi, parce qu’il y a du business à faire. Les centres commerciaux de centre-ville verront probablement un développement important dans les années à venir”, prédit-il. “La France, comparée à d’autres pays européens, est tout à fait dans la norme en termes de densité de commerce et de nombre de mètres carrés par milliers d’habitants. Elle se place, en effet, aux alentours de 230 m² par milliers d’habitants, là où la Grande-Bretagne est à 250 et l’Espagne à 230 également”, souligne Chris Igwe. Il s’agit, alors, de trouver des opportunités avec des friches agricoles, des anciennes casernes ou encore des restructurations urbaines. “Tout le monde est bien persuadé que renforcer l’attractivité commerciale du centre-ville est quelque chose d’essentiel et que cela ne peut pas arriver sans un centre commercial”, conclut Jean-Michel Silberstein. Le magasin reste donc une valeur sûre. Selon une enquête pour CBRE menée sur 10 000 clients dans 10 pays européens, si Internet occupe une place toujours croissante dans les habitudes de consommation, trois quarts des Européens préfèrent le shopping en centre-ville plutôt qu’en ligne ou en périphérie et 85% des consommateurs déclarent qu’il est important de pouvoir se rendre en boutique pour voir et toucher les produits. L’omnicanalité est passée par là.Plus loinAu-delà de la zone européenne, la grande internationalisation forme une tendance très forte. “Dans leur quête de nouveaux marchés, les enseignes françaises, italiennes et également américaines, aujourd’hui, vont vers le grand international, vers la Chine, le Brésil, l’Inde et la Russie avec un important développement de la filière franchise. Les enseignes se mettent en quête d’un partenaire local qui va les aider à avoir une meilleure connaissance de la distribution et de la législation sur place. C’est aussi une très grande tendance”, développe Nathalie Depetro. Dans l’intervalle, les promoteurs européens cherchent des partenariats avec leurs homologues indiens, chinois, brésiliens ou russes. “Au Mapic, plus de 60 pays sont représentés”, poursuit-elle. Autre conséquence de l’internationalisation: de nouvelles enseignes investissent le territoire national, comme Prime Mark, Jack & Jones, Juicy Couture, etc. “Ce que l’on appelle le cross border qui n’est pas à sens unique, mais une internationalisation dans les deux sens et sur les cinq continents”, se réjouit-elle. Le commerce évolue, les formes de commerce également, en même temps que les magasins. “L’expérience que vous et moi aurons dans une boutique doit être la meilleure possible”, commente Chris Igwe. Ainsi interviennent le service, la qualité de service, la qualité de remboursement, d’écoute, de produits, de visibilité, etc. Parallèlement, de nouveaux concepts voient le jour: les magasins éphémères ou pop-up: Magnum, Mercedes, Chanel et bien d’autres ont éprouvé le modèle en créant une plus grande notoriété autour de leur marque ou pour le lancement d’un nouveau produit. “Un concept, très qualitatif, qui rassure sur la pérennité de la marque”, explique Chris Igwe. Immobilier et marketing se rejoignent, aujourd’hui, pour le plus grand bonheur du client.