L’expérience de Labeyrie

Le nom Labeyrie est synonyme de gourmandise depuis toujours. Née en 1946, la marque installe en 1963 sa première unité de production de saumon fumé à Saint-Geours-de-Maremne, dans les Landes, entre Dax et Biarritz, et sa première conserverie de foie gras en 1971. Si elle a gardé ses spécialités d’origine que sont le foie gras et le saumon fumé, ses deux produits phares, elle a également su diversifier sa gamme en proposant, désormais, une vaste variété de produits allant de l’apéritif au dessert: magret de canard, caviar, produits de la mer, épicerie fine (rillettes, truffes, huile, etc.), desserts de luxe… sont en effet, désormais, à la carte de cette maison qui redevient, en 2012, 100% française avec l’entrée dans son capital du groupe coopératif Lur Berri et LBO France. Frais et varié Cette large gamme de 1?000 références dont certaines étant leaders sur le marché est à conserver au frais avec des DLC courtes qui varient entre 15 jours et 60 jours et imposent des contraintes multiples à la marque. À cela s’ajoute une très forte saisonnalité puisque “sur le mois de décembre, nous multiplions nos volumes par 10”, indique Stéphanie Irigoin, responsable du service prévisions chez Labeyrie. Et, aussi, une demande en taux de service élevée de la part de ses clients GMS (entre 98,5 et 100%). Afin d’organiser, dans un premier temps, sa planification de production, Labeyrie s’équipe, il y a une vingtaine d’années, de l’outil de DynaSys. Dans un second temps, “nous nous sommes rendu compte qu’il fallait des prévisions pour alimenter la planification. DynaSys nous a proposé sa nouvelle solution de prévision des ventes qui n’était pas, à l’époque, modélisée pour nos contraintes”, se souvient-elle. C’est ainsi que la société adapte n.SKEP, il y a une douzaine d’années, et construit un véritable projet informatique autour de la prévision au jour le jour. Un groupe projet se constitue avec Stéphanie Irigoin, chef de projet métier, Magali Fidan, chef de projet études et référentiel système d’information de Labeyrie et un consultant DynaSys qui apporte sa connaissance de la société qu’il suit depuis son premier projet de planification. L’équipe implique à chaque étape l’équipe des prévisions. “Nous étions parmi les premiers à réaliser des prévisions jour par jour. Vu la contrainte de nos DLC et les aspects saisonniers, notre objectif était de pouvoir donner à la production la vision de nos prévisions quotidiennement. En effet, tout s’arrête du jour au lendemain pour certaines de nos gammes, souvent en décembre. Il nous fallait donc cette prévision car la maille semaine ne suffisait plus”, poursuit-elle. Labeyrie construit, ainsi, son outil de prévisions puis intègre, par la suite, en son sein, les autres sociétés du groupe comme Delpierre qui connaissent les mêmes problématiques de frais et de saisonnalité. Le service prévisions se spécialise, ainsi, plus par type de produits ou de contraintes que par marque. Il est composé de 5 personnes pour la partie Labeyrie et Delpierre et de 3 autres personnes en charge de l’activité poisson et marée, GMS, restauration hors foyer ou export. L’ensemble traite 1?400 couples articles et enseignes. Des prévisions tous les jours “Nous avons d’abord acquis ce logiciel de manière humble, puis l’avons fait évoluer selon nos besoins. La prévision a tout changé: elle a permis à la société de n’avoir qu’une seule prévision pour toute l’entreprise car, auparavant, les services établissaient des prévisions de leur côté. Cela a donné toute la légitimité à la prévision”, se réjouit Stéphanie Irigoin. Dans le détail, le service prévision utilise plusieurs types d’information dans son travail. Le premier, en provenance du service marketing, lui fournit les tendances de marché, les données par rapport à la mise en place de nouvelles gammes. Un premier jet de prévision peut alors être établi sur ces bases, en association avec les statistiques. Le deuxième type d’informations provient de la direction commerciale et des comptes clés qui, en fonction de rendez-vous et de négociations avec les clients, sont en mesure de préciser les volumes à prévoir pour les fonds de rayons et les référencements de produits notamment. Enfin, les promotions entrent également en jeu: à la suite des retours sur des propositions commerciales à destination des distributeurs, il devient possible d’identifier que les opérations commerciales opérées généreront des dynamiques et des ventes: un volume promotionnel est ainsi prévu. Les données sont entrées dans le module gestion des promotions acquis au fil du temps. “Nous avons démarré l’outil assez simplement, mais au cours des 10 années qui se sont écoulées, nous avons toujours ajouté de nouvelles fonctionnalités, dont le module de gestion de la promotion et celui de la demande”, explique-t-elle. Au final, les prévisions sont élaborées sur un horizon à 18 mois, avec un taux de fiabilité estimé entre 85 et 90% par Supply Chain Meter, un organisme de promotion et de diffusion des standards de performance appliqués à la Supply Chain. Les prévisions sont alors envoyées deux fois par jour aux usines qui modifient les schémas de production en conséquence. Pour leur part, les prévisionnistes s’assurent de la bonne volumétrie et de la disponibilité des commandes produits. “Nous sommes responsables jusqu’au bout et partageons cette responsabilité avec la logistique”, intervient Stéphanie Irigoin. Aujourd’hui, Labeyrie pense être à un tournant. “Depuis toujours, nous avons été attendus sur la bonne qualité des prévisions et de la gestion de la demande, plus globalement. Nous nous sommes assurés que le taux de service était à la hauteur des attentes clients. Aujourd’hui, nous réfléchissons à délivrer des prévisions à plus long terme en vue de fournir une vision plus macro aux unités de fabrication et de mieux dimensionner les ressources”, développe-t-elle. Des synergies seront alors établies avec les autres entités du groupe pour une performance encore accrue en matière de prévisions mais également de productivité au global.

L’expérience de Labeyrie

Vision de groupe