Labeyrie : Saumons tracés en blockchain

La marque a équipé deux de ses références de QR code fournissant une multitude d’informations sur ses produits. Ce projet a été monté en blockchain en un temps record et illustre à merveille l’esprit pionnier de la société dans le domaine de la traçabilité. La traçabilité est un sujet d’importance chez Labeyrie. “Nous sommes la première marque française sur le saumon fumé : nous avons un cahier des charges très précis et exigeant sur la matière première et ce, depuis de nombreuses années”, commence Céline Porterie, pilote du projet chez Labeyrie Fine Foods. Depuis 2001, la marque trace ainsi ses saumons jusqu’au plus près de ce que les éleveurs peuvent lui fournir, la ferme d’élevage a minima et la provenance des œufs de poissons. Tous les poissons entrant en usine possèdent ainsi un curriculum vitae, sachant que le lieu de pêche avec la zone et la région figure au dos des emballages des produits. Au fil du temps, “nous avons fait une informatisation sur tout ce qui est chemin de l’information dans l’usine. La partie information amont, c’est-à-dire tout ce qui concerne la matière première entrante, est traitée par la réception d’un document par mail ou papier avec le résumé de toutes les informations concernant le poisson puis par une saisie manuelle de ces informations par des assistantes achat dans le système de production”, confie-t-elle. En bloc Un tournant est opéré il y a un an dans la filière traçabilité de Labeyrie. Petit retour en arrière. Cette dernière déploie une démarche de certification propriétaire amont de ses fournisseurs, Certiconfiance, dont le logo est apposé sur les emballages depuis 2012. Cette sélection se base sur des critères de qualité, de performances en termes de développement durable, sur l’alimentation animale faisant partie du cahier des charges. Dans un deuxième temps, l’entreprise enrichit et accentue, en Pour les fêtes de fin d’année 2019, Labeyrie fournit à ses consommateurs toutes les nformations de traçabilité et de provenance de ses produits. 2017, sa sélection fournisseur en passant à une démarche de sourcing responsable : développement durable, bonnes pratiques éthiques des fournisseurs... “Un mélange de proactif et de réponse aux demandes des consommateurs. Pour y parvenir, nous avons structuré les échanges dans notre société sur des groupes de travail multimétier : le marketing, la production, la qualité et les achats”, déclare Céline Porterie. Le but est de répondre aux demandes de traçabilité mais, également, de transparence et de proximité des consommateurs. À charge pour l’entreprise de mettre en musique sa démarche. La blockchain s’avère alors comme l’outil pouvant répondre aux mieux à ses besoins : “ce qui nous a plu, nous a semblé cohérent et complètement répondre à la demande du consommateur, c’est que la transmission d’informations est inaltérable : chaque maillon de la chaîne, chaque émetteur propriétaire de l’information, garantit son intégrité au suivant. Cette forme de continuité nous a paru essentielle”, estime-t-elle. Labeyrie se tourne vers Cermaq, un de ses principaux fournisseurs de saumon norvégien, avec lequel la chaîne d’information est d’ores et déjà fiable, guidée et tracée. “Nous passions un niveau supérieur puisque nous allions connecter nos systèmes d’information, c’était une façon de concrétiser notre partenariat”, souligne Céline Porterie. En deux temps, trois mouvements L’équipe projet se met en œuvre sur la base de la solution blockchain d’IBM. Le projet d’entreprise et totalement transverse débute en 2019 et se monte en quelques mois, poussé par un marketing désireux de mettre en place l’organisation pour la fin d’année. Le traitement de la donnée nécessitant une connexion extérieure est une question épineuse : il faut ainsi brancher les bonnes informations sur la bonne prise, laquelle ne se situe pas au même endroit que précédemment. Outre l’informatique, un matériel de lecture et d’impression robuste est mis en place et quelques modifications sont opérées au © Africa Studio - Mamuka Gotsiridze - AdobeStock niveau de la production et de l’emballage. Les comités de pilotage mettent les bouchées doubles et parviennent à une nouvelle organisation entièrement informatisée dans laquelle le fournisseur Cermaq pousse ses données de traçabilité (informations saumons, ferme d’élevage, date d’abattage, etc.) vers Labeyrie qui les appose sous forme de QR code sur ses emballages. Disponible depuis peu, le QR code donne accès à des photos à partir du scan du numéro de lot de deux de ses références : le saumon fumé grandes origines Cercle Polaire norvégien 4 tranches et le saumon fumé de Norvège 4 tranches. Le consommateur accède ainsi aux informations de la ferme aquacole à la préparation des saumons fumés dans l’atelier des Landes ainsi qu’à des données concernant l’espèce, la provenance, les conditions d’élevage en Norvège (densité, alimentation, durée) et sa préparation (étapes de tranchage, fumage), en plus des engagements de la marque. “Le point le plus délicat aura été de faire entrer Cermaq dans le détail de la démarche : explications, rassurance, précisions sur le fonctionnement, etc. Nous avions un partenaire très à l’écoute mais qu’il a fallu convaincre de notre urgence. Reste qu’il est passionnant de travailler sur une technique et un outil informatique innovant. C’est personnellement un des plus beaux projets que j’ai mené” développe notre interlocutrice qui note également la difficulté de coordonner les équipes et la disponibilité des personnes impliquées dans le projet.