La RFID s’implante - Points de Vente

“La RFID chez nous est d’abord un projet qui est parti du métier”, commence tout de go Jean-Christophe Marescaux, responsable des solutions applicatives chez Leroy Merlin. Dans son principe, l’objectif principal du projet RFID dans l’enseigne vise à mieux maîtriser les stocks et avoir une visibilité en stock la plus exacte possible. L’idée est, en effet, à la fois de ne pas décevoir un client qui se rendrait spécialement en magasin pour acheter le produit dont il a vu qu’il était disponible sur Internet mais, également, d’éviter les ruptures, de la même façon, sources de contrariété. Parallèlement, selon l’effet boule de neige, la justesse du stock entraîne une augmentation du chiffre d’affaires due à un réapprovisionnement juste. “C’est un peu mailler le stock pour améliorer notre chiffre d’affaires”, poursuit-il.Ici et ailleursLa réflexion débute il y a un an. Le distributeur consolide sa démarche avec “les voyages inventés demain” lors desquels se déroulent des visites d’entreprise appliquant d’ores et déjà la RFID et un travail porté sur l’optimisation de stock. “Le but était de s’ouvrir l’esprit et les chakras mais, également, de retirer des idées et des informations”, confirme Jean-Christophe Marescaux. Mais, en tout préalable, l’entreprise s’attache à bien positionner l’étiquette sur le produit de manière à atteindre un taux de lecture proche des 100%. Cette opération est réalisée en interne. Il s’agit ensuite de “passer à la pratique” en définissant un périmètre de travail restreint dans un premier temps à une famille et sous-famille de produits, la robinetterie, celle-ci représentant une difficulté en raison du métal qu’elle contient. Puis vient l’inventaire qui permet de voir si celui-ci est effectué rapidement, “sachant que la RFID ne va pas valider notre inventaire, mais permet de compter beaucoup plus rapidement”, précise-t-il et si une amélioration est apportée au niveau des stocks. Au final, Leroy Merlin obtient des taux de lecture avoisinant les 95% en 5 minutes, et quasiment 100% en un quart d’heure. Le gain de temps est conséquent puisque l’inventaire physique à comptage manuel est réalisé en environ 1,5 heure, “mais l’analyse d’écart doit toujours être pratiquée et réduite au plus juste. Par la suite, il faut vérifier la corrélation entre le taux de correction et le chiffre d’affaires réalisé”, ajoute-t-il. À ce stade, les chiffres sont encourageants, mais non significatifs sur un seul rayon. Aussi, l’enseigne étend son champ d’actions à trois autres rayons, dont les luminaires, qui présentent des écarts importants. Une fois encore, après expérimentation de la RFID, les écarts se réduisent et une amélioration du chiffre d’affaires est constatée, “mais la démarche reste empirique et expérimentale”, prévient-il.Un virageFort de ces résultats encourageants, Leroy Merlin se focalise sur deux nouveaux sujets. Le premier est la compatibilité de l’ensemble des produits par rapport à la RFID. Pour ce faire, l’enseigne travaille avec l’école d’ingénieurs de Lille dont les élèves expérimentent, vérifient et pratiquent des taux de lecture, en prenant le temps nécessaire, rayon par rayon. Le taux de lecture le plus adéquat par produit peut, ainsi, être établi, tout comme la corrélation par rapport au chiffre d’affaires généré. Ceci afin de décider les familles de produits qui pourront être taggées, “une étape qui va venir demain. Je ne pense pas que nous irons vers du 100% RFID. Il faut savoir que nous avons 60?000 références”, constate Jean-Christophe Marescaux. En effet, les produits contenant des liquides restent “bloquants” à moins d’y apposer des puces très performantes, mais également très chères. Le rapport puce et produit doit alors être étudié. “Pour placer une puce à 10 centimes sur un produit qui coûte un euro, il faut vraiment être sûr du ROI. Nous analysons donc, produit par produit, la capacité à aller vers la RFID”, précise-t-ilLe second sujet est le taggage de la commande client mis en place dans ce même magasin pilote, c’est-à-dire la préparation des produits que le client vient retirer en magasin après les avoir commandés. Ces commandes client représentent 30% du chiffre d’affaires de Leroy Merlin. Par ailleurs, il s’agit pour le distributeur d’assurer la parfaite concordance de la commande client avec les produits y figurant. “Il est important, à la fois pour le client et Leroy Merlin, de fournir les bons produits au bon client et qu’aucun ne manque via la RFID”, ajoute-t-il. Le tag comprend, alors, l’EAN 13 du produit et le code de la commande client. Ce sujet est non seulement lié au stock mais, également, à la satisfaction client, en réduisant son temps d’attente et en s’assurant qu’il retire sa marchandise dans son entièreté. Leroy Merlin consolide maintenant les résultats obtenus et envisage de faire appel au taggage à la source, chez certains fournisseurs. “Nous avons commencé à travailler avec des fournisseurs pour tout d’abord leur présenter la RFID et expérimenter avec eux l’étiquetage à la base de différentes façons”, intervient Jean-Christophe Marescaux. Deux procédés sont possibles: leur fournir des étiquettes en relation avec le produit via une étiquette pré-encodée ou leur proposer des étiquettes vierges qui seront taggées au moment de la réception chez Leroy Merlin. La question se pose également quant au taggage du contenu ou du contenant. Au final, le projet RFID est aujourd’hui largement amorcé, les directions métier sont impliquées avec, en support, la direction générale, des comités de pilotage ont été créés, lesquels devront définir, au mieux, les périmètres à couvrir en fonction des résultats obtenus au fur et à mesure: autres magasins pilotes, encaissement en RFID et antivol ou non, amélioration des process en entrepôt, SAV, il existe beaucoup de possibilités pour couvrir la chaîne logistique complète, ce que n’exclut pas l’enseigne qui souhaite, cependant, procéder par étape…