Meubles froids, cvc ou photovoltaïques… Pierre-Olivier Bourdain et Jérôme Besneux décrivent leur philosophie d’investissements et leurs préconisations aux magasins du groupement.
Comment investir pour réduire sa facture énergétique en magasin ?
J.B. et P.-O.B. :
Le froid restera toujours l’usage le plus énergivore dans un point de vente alimentaire, puis la partie cvc (chauffage-ventilation-climatisation) et enfin l’éclairage. Dans ces trois domaines, les technologies sont mâtures, pilotables et pilotées à distance. Nous entendons beaucoup parler de l’autoconsommation grâce aux panneaux photovoltaïques mais il s’agit du dernier à faire en magasin. Il faut d’abord avoir optimisé le maximum dans son point de vente sinon, il s’agit d’un surinvestissement inutile.
Combien doit-on dépenser dans des meubles froids ?
J.B. et P.-O.B. :
Indiquons déjà que le contexte réglementaire sur le froid est assez fort avec la réglementation F-Gas et impose l’abandon progressif de certains fluides frigorigènes. Nous considérons que pour un magasin de 2 000 m2 en moyenne, les investissements sont de 400-500 000 euros pour les meubles et de 300-400 000 euros pour la centrale de froid. Avec nos trois fournisseurs principaux de meubles froids, nous cherchons les meubles efficients énergétiquement et qui répondent aux besoins commerciaux des adhérents. Pour cela, nous faisons tester tous nos meubles par un laboratoire indépendant.
Nous avons une stratégie à plusieurs niveaux en nous attachant à la qualité de l’installation actuelle. Nous disons à l’adhérent d’aller jusqu’au bout de son installation, si possible jusqu’en 2030 en mettant en place un système de contrôle des fuites et d’optimisation de la consommation et surtout, en s’assurant un bon contrat de maintenance.
Avez-vous des recommandations concernant les groupes logés par rapport aux centrales de froid ?
J.B. et P.-O.B. : Nous sommes convaincus que le groupe logé a une utilité dans des magasins de centre-ville, des petites surfaces ou pour des usages spécifiques. C’est aussi une manière de sécuriser le froid sur un point de vente.
P.-O.B. : Ma philosophie est de séparer le froid positif et négatif. Les meubles en froid négatif peuvent être en groupe logé et ceux en froid positif doivent demeurer en centrale CO2 ou autre.
J.B. : Le point de vente peut perdre tout son froid si l’installation est centralisée. Car lorsqu’on perd son CO2, toute la marchandise est perdue en quelques heures. Nous préconisons d’isoler les chambres froides de la centrale. C’est une quand les centrales de froid tombent régulièrement en panne, nous préconisons d’isoler les chambres froides de la centrale. C’est une stratégie de cloisonnement du froid. Les adhérents peuvent transformer progressivement leur froid en passant une partie de leur installation ou en laissant les meubles ouverts en groupe logé et sans venir perturber la performance de leur centrale froid. La gestion technique du bâtiment permet d’arrêter le sas frais quand le magasin n’est pas livré grâce au groupe logé indépendant. Il s’agit de sécurisation du froid et de la chaine du froid.
Quelle est votre position sur le chauffage-ventilation-climatisation ?
J.B. et P.-O.B. : Nous ne pouvons pas traiter la fermeture des meubles froids sans évoquer le confort des collaborateurs et des clients par la mise en place d’un système de cvc efficace. Nous préconisons à nos adhérents de climatiser leur point de vente et de le piloter pour qu’il y ait une homogénéité de la température sur le magasin. Cela a aussi une incidence sur la centrale froid qui consommera moins. C’est un sujet très peu exploité sur les surfaces alimentaires et aussi non alimentaires qui peut représenter 40 % de la consommation énergétique d’un magasin. Notre préconisation est que les bureaux d’étude réfléchissent sur le froid et la cvc en même temps et nous disons au frigoriste : « quand tu penses froid, pense climatisation car le froid permet aussi de récupérer de la chaleur ». L’investissement peut monter jusqu’à 200 000 euros pour une surface de 2 000 m2. Après avoir longtemps construit des magasins haut de plafond, la tendance est à la réduction des hauteurs et à la destratification de la chaleur pour avoir un volume d’air donnant une température homogène.
Le photovoltaïque est en vogue avec de nombreux acteurs sur le marché. Que préconisez-vous ?
J.B. et P.-O.B. : Sitôt que les investissements dans le froid, la cvc et l’éclairage sont faits, il faut les piloter avec des systèmes de gestion technique des bâtiments et identifier les dérives de consommation. Comme vous pouvez maitriser vos appels de puissance nécessaires pour votre consommation, alors vous pouvez dimensionner vos investissements dans des panneaux photovoltaïques. L’investissement d’un magasin de 2 500 m2 avec un parking de 150-200 places, avoisine les 400 000 euros pour des ombrières photovoltaïques. Nous sommes plutôt pour l’autoconsommation de l’énergie produite. Nous avons constaté, en interrogeant les adhérents qui en ont installé, qu’ils autoconsomment entre 18 % et 24 % de leur énergie solaire produite avec des retours sur investissement compris entre huit et quatorze ans en fonction de la situation géographique du point de vente.
Nous avons une problématique de temporalité avec les différentes réglementations qui se succèdent tellement vite qu’il y a une forme de précipitation à avancer. Par exemple, les textes réglementaires nous imposent un quota de panneaux français alors que les usines ne les ont pas encore sortis ! Notre mission est d’aider nos adhérents à structurer et prioriser leurs investissements. Nous sommes en train de mettre au point une stratégie groupe sur le photovoltaïque qui comprendra l’autoconsommation, la végétalisation, le stockage, les bornes et la gestion du surplus produit.