Comerso : 4e Baromètre anti-gaspi

Loi d’économie circulaire non appliquée en GSS, essoufflement des pratiques anti-gaspillage en grande distribution. C’est ce qui ressort du baromètre Comerso-Ipsos auprès de 247 patrons. Le point avec la plateforme digitale et logistique qui aide les entreprises à valoriser leurs invendus et déchets. Par Catherine Batteux Quatre ans après la Loi contre le gaspillage alimentaire (loi Garot du 11 février) et dans le cadre de la promulgation, le 10 février dernier, de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, Comerso vient de publier son Baromètre 2020 baptisé “Anti-gaspillage et valorisation des déchets pour une économie circulaire”. Conduit par Ipsos auprès de 247 patrons et décideurs d’entreprises de trois secteurs d’activité (GMS, GSS et industriels agroalimentaires), l’étude révèle un essoufflement des pratiques anti-gaspillage en grande distribution et une marge de progression toujours importante en GSS et chez les industriels. © Comerso/Ifop Loi Garot : son application recule en GMS Globalement, les GMS sont majoritairement convaincues par le bilan de la loi Garot : 78 % lui reconnaissent son efficacité sur la diminution du gaspillage alimentaire. Pourtant, seulement 17 % des grandes et moyennes surfaces adoptent la complémentarité des actions priorisées dans la loi (contre 28 % en 2018 et 6 % en 2017). En revanche, la loi Garot est très peu connue chez les industriels – 16 % seulement – alors même que son périmètre a été étendu à ce secteur le 1er janvier 2020. De son côté, la RSE est une finalité qui n’est pas encore acquise. Si cette notion progresse cette année (75 % des GMS et GSS déclarent la connaître contre 61 % en 2019), 48 % des interviewés ne sont pas totalement convaincus de leur rôle à jouer – via leur entreprise – dans la lutte contre le réchauffement climatique et la dégradation des écosystèmes. S’approprier la loi d’économie circulaire D’autre part, si les grandes thématiques couvertes par la loi d’économie circulaire sont plutôt bien identifiées par la plupart des acteurs, l’enjeu d’appropriation reste important : 40 % des répondants estiment que la loi ne les concernera pas ou ne le savent pas. Du côté des GSS, 48 % des interviewés ne savent pas que l’interdiction de jeter les invendus non alimentaires est intégrée à la loi, cette mesure étant, pourtant, l’une des plus emblématiques et les GSS en sont les principales concernées. Enfin, si la lutte contre le gaspillage reste un enjeu majeur, la mobilisation est en baisse. La note de priorité donnée globalement par l’ensemble des acteurs à la lutte contre le gaspillage s’élève à 7/10. Mais cette priorité recule en GMS et GSS (-0,9 point par rapport à 2018). Le baromètre constate, ainsi, que 76 % des acteurs estiment que la marge de progression reste importante. Des enjeux identifiés La RSE est une opportunité de levier économique. L’étude souligne que l’identification de ce lien est probablement l’une des clés principales pour qu’elle soit davantage déployée dans les entreprises. Pour être efficiente, la lutte anti-gaspi nécessite une mobilisation permanente, au risque de voir s’essouffler les bonnes pratiques, comme c’est le cas, cette année, en GLS et GSS. Au niveau légal, l’enjeu d’application de la loi Garot dans son intégralité demeure : 17 % des GMS seulement appliquent l’ensemble de la complémentarité des actions. Concernant la loi d’économie circulaire, l’enjeu porte sur l’appropriation, autrement dit comment aider ou mieux faire comprendre cette loi qui concerne toutes les entreprises ? comment l’appréhender comme terrain d’opportunités plutôt que de contraintes ? Il y a, clairement, ici, un enjeu d’éducation sur le terrain important. Enfin, un accompagnement externe peut être nécessaire pour aller plus loin dans le développement des stratégies et actions anti-gaspi, notamment sur les problématiques de temps de gestion et de pilotage, de sécurité, de traçabilité et d’identification des filières de revalorisation. GSS Quid de l’économie circulaire ? ► 56% des responsables GMS sont tout à fait convaincus qu’ils ont un rôle à jouer dans les grands enjeux climatiques et de biodiversité. ► 40% ne connaissent pas la notion de RSE. ► L’enjeu anti-gaspi semble moins important cette année (note d’importance : 6,4/10 vs 7,3/10). ► Concernant la loi d’économie circulaire dont les GSS sont les principales concernées : 42 % des répondants se disent non concernés ou ne savent pas… alors que 76 % ont déclaré avoir des stocks dormants non alimentaires… et 48 % ne pensent pas ou ne savent pas que la mesure d’interdiction de jeter les invendus non alimentaire est intégrée dans la loi. ► Avec 51 %, la pratique du déstockage progresse de 10 % cette année. GMS Décalage entre ressenti et actions ► 66 % des responsables GMS sont tout à fait convaincus qu’ils ont un rôle à jouer dans les grands enjeux climatiques et de biodiversité. Et 76 % ont le sentiment que la mobilisation contre le gaspillage dans leur secteur d’activité a progressé cette année. ► Or, en réalité, la mobilisation et l’engagement des GSM s’essoufflent : ♦ 17 % d’entre elles seulement adoptent la complémentarité des actions de la loi Garot (vs 28 % en 2019) ; ♦ l’enjeu anti-gaspi apparaît moins important (note d’importance 7,4/10 contre 8,3/10 en 2019) ; ♦ le nombre moyen d’actions anti-gaspi mises en place diminue (6,8 vs 7,2 en 2019). ► Le don aux associations recule (91 % contre 96 % l’an dernier), avec un point sensible sur la fréquence des collectes (58 % des magasins ne sont pas collectés tous les jours alors qu’il s’agit d’un enjeu clé pour la valorisation des produits frais. ► Concernant la loi d’économie circulaire interdisant notamment, de jeter les invendus non alimentaires : 35 % des répondants se disent non concernés par la loi ou ne savent pas… alors que 79 % ont déclaré avoir des stocks dormants non alimentaires. IAA Anti-gaspi à améliorer ► 64 % des responsables GMS sont tout à fait convaincus qu’ils ont un rôle à jouer dans les grands enjeux climatiques et de biodiversité. ► 88% des interviewés connaissent la notion de RSE et 50 % la voient comme un levier économique. ► 71 % ont des stocks dormants et sont donc confrontés à des problématiques d’invendus alimentaires. ► La lutte anti-gaspi est un enjeu important (7,4/10 en note d’importance), mais doit être améliorée (78 % considèrent la marge de progression importante). ► Loi Garot : 88 % de la connaissent pas. ► 51 % pratiquent le déstockage. ► 70 % déclarent être confrontés à des problématiques de valorisation des déchets.