L’œil de l’experte : Hanan Abdesselem, secrétaire générale Promojardin-Prom’animal
Ce qui est frappant depuis la crise sanitaire, c’est l’engouement dont bénéficie le marché du jardin. En 2020, les ventes ont augmenté de 10 %. Plusieurs raisons à ce succès. D’une part, les épisodes de confinement ont renforcé le besoin de nature des Français et l’envie de se recentrer sur leur foyer et leur maison. C’est une tendance qui s’est largement renforcée avec la généralisation du télétravail et l’augmentation du temps passé chez soi. Les ménages cherchent à améliorer leur cadre de vie et le jardin en est une composante essentielle. Parallèlement, on observe des migrations de population de la ville vers la périphérie et les zones rurales. Les maisons avec jardin deviennent, plus que jamais, le logement rêvé des Français… ce qui signifie de nouveaux consommateurs pour notre marché !
Bio et produits naturels
Parallèlement, le jardin est gagné par une consommation plus responsable : le bio, les produits naturels, le Do It Yourself, le consommer local s’inscrivent dans les habitudes d’achats des jardiniers. Ces tendances se sont renforcées et amplifiées dans le contexte de la crise sanitaire. Signe que le jardinage s’est réellement ancré dans les habitudes des Français, les achats de végétaux ont été très dynamiques et dans leur sillage, c’est tout l’univers de l’entretien du jardin qui a connu des croissances à deux chiffres, que ce soient les terreaux ou les outils de jardin.
Les Français investissent aussi largement dans l’embellissement et le réaménagement de leur extérieur pour en faire un espace de détente et de jeux, comme le montre la forte croissance des ventes de produits de décoration, d’aménagement de la terrasse et du jardin ou d’outdoor et de loisirs (mobilier de jardin, piscines…).
Parmi toutes ces familles, une des plus dynamiques, sur les deux dernières années, a été les contenants (pots, cache-pots, bacs…). C’est un vrai plébiscite. Rares sont les segments à ne pas avoir partagé cette dynamique à part, peut-être, les végétaux d’intérieur et les fleurs coupées qui ont été pénalisés, en 2020, par le peu d’occasions d’offrir et les fermetures des fleuristes pendant les confinements. Mais ils se sont largement rattrapés depuis.
Accélérer la transition digitale
Aujourd’hui, le premier enjeu est de répondre à cette forte demande. Les acteurs font face à des difficultés d’approvisionnement et des hausses de prix des matières premières qui ont rendu leur saison particulièrement compliquée. De manière plus structurelle, le secteur du jardin doit absolument accélérer sa révolution digitale. Les enseignes sont en train de rattraper leur retard sur le e-commerce (7,7 % de PDM en 2020, contre 6,1 % en 2019), dans un secteur où il était finalement très peu développé. En 2020, les ventes en ligne ont augmenté de 40 % selon les chiffres Promojardin-Prom’animal. Cette accélération s’est faite surtout à la faveur des retailers physiques qui ont vu leurs ventes on-line augmenter de 89 % ! Ces chiffres montrent bien que depuis la crise sanitaire, Internet est devenu une nouvelle normalité dans le jardin et des habitudes ont été prises. Aucun acteur ne peut l’ignorer aujourd’hui, même si le magasin reste essentiel dans le parcours d’achat.
Enfin, la fidélisation des nouvelles générations et des néo-jardiniers arrivés depuis la crise sanitaire est un défi pour toute notre filière. Le jardinage est une activité relativement technique qui demande un certain savoir-faire. Or, les jardineries d’aujourd’hui n’ont ni le temps ni l’envie d’investir comme nos aînés. Ils veulent un jardin facile, peu consommateur d’effort et de temps. Pour répondre à ces attentes, les industriels sont en recherche permanente d’innovations de produits et de services pour les aider dans leur quotidien avec des produits faciles, prêts à l’emploi, résistants et peu encombrants.