Des listes de mariage à Instagram, il n’y a qu’un pas qu’ont franchi, en dix ans, les arts de la table. Fini l’argenterie de mamie, bienvenue aux couleurs vives, aux formes modernes et aux mélanges des styles. La créativité et l’innovation donnent un nouveau souffle à des savoir-faire historiques. Par Cécile Buffard
Il aura fallu 10 ans pour que le marché des arts de la table sorte de la catégorie des équipements de long terme – comprendre, les listes de mariage et l’usage purement fonctionnel – pour s’imposer dans l’univers de la décoration. Pour cela, les fabricants ont revisité leur offre, réfléchi en collections, à l’instar de la mode et de la haute couture, avec des séries plus courtes, inspirées des tendances et couleurs du moment. « Nous accompagnons les fabricants avec un cahier annuel de tendances réalisé avec 24 mois d’anticipation que nous faisons évoluer au fil de nos observations avec des planches d’inspirations très visuelles dont le délai d’anticipation est plus court, environ 9 mois, pour aider dans ce cas, les distributeurs dans la réalisation de leur assortiment », explique Hervé Buffet, délégué général de Francéclat. Au printemps, les tables se draperont de teintes pastels, romantiques et fleuries, façon « dandy éclectique ». Cet été, les couleurs chatoyantes, jaunes et orangées du Mexique seront à l’honneur, dans un esprit « Inca chic ». « Nous sommes passés d’une logique tirée par la demande à un marché tiré par l’offre, séduisante et dans l’air du temps, reflétant la créativité de cette industrie », ajoute le délégué général. Depuis la crise sanitaire, les ménages français réinvestissent massivement dans leur intérieur et les paniers moyens ont augmenté. Un engouement lié aux efforts de renouvellement des fabricants qui réinventent l’art de mettre la table, toutes catégories confondues. En 2022, le marché a enregistré un chiffre d’affaires de 2 Mds €, en hausse de 15 % (hors internet). La vaisselle progresse de 17 %, les articles pour la boisson de 16 % et les couverts et couteaux de table de 11 %. Le marché total (avec internet) gagne 10 % et en 2023, affiche une croissance plus modérée de 3 %, notamment en raison de la hausse des coûts de production (principalement l’énergie).
Mix and match
Signe du potentiel des arts de la table, les maisons de la haute couture (Dior, Hermès, Vuitton) investissent le marché, porté par l’essor du secteur de « l’hospitality » qui réunit les grandes enseignes de l’hôtellerie et les marques de luxe. Ces produits restent, toutefois, largement diffusés dans tous les cercles de distribution, des discounters (Action, Normal) à la GMS en passant par la GSS, les grands magasins, les boutiques de fabricants. Ces deux derniers circuits tirent leur épingle du jeu en 2022, avec une croissance de 1 %, quand les GMS reculent de 10 %, dû à un faible recours à la promotion. Selon Hervé Buffet, les canaux de la VAD et des solderies devraient performer cette année, tout comme le e-commerce. « Alors que la pression inflationniste pèse sur le budget des Français depuis le début de l’année, une grande partie des consommateurs est à la recherche de petits prix et de bonnes affaires », mentionne-t-il, pointant