Économie circulaire : Les Français sont prêts

Les Français sont de plus en plus engagés et prêts à changer de façon de consommer. Encore faut-il embarquer les populations moins sensibilisées pour développer l’économie circulaire. Une mobilisation qui passe par des bénéfices personnels. Par Catherine Batteux Tri, récupération, vrac, achat, vente d’occasion… Quel est le rapport des Français à l’économie circulaire et leur degré d’engagement ? Selon l’étude menée par l’ObSoCo et ses partenaires – Citeo, DS Smith et Le Groupement des Mousquetaires –, les Français sont prêts à adopter de nouveaux comportements de consommation. L’enquête quantitative réalisée auprès de 4 000 Français (en mai 2019), alors que le projet de loi anti-gaspillage et pour une économie circulaire a récemment engagé son processus législatif, permet d’établir une cartographie de l’ensemble des pratiques de consommation de matière, notamment par l’allongement de la durée de vie des produits ou par l’intensification de leur usage : rapport aux emballages et à l’éco-conception, récupération, réparation, achat et vente d’occasion, location, abonnement et économie de l’usage, montée en gamme… Principaux enseignements ► Généralisation du tri dont le geste est largement acquis et qui semble s’être intensifié (près de 8 Français sur 10 trient systématiquement ou régulièrement leurs déchets ; 60 % estiment trier et recycler davantage qu’il y a 5 ans). ► 7 Français sur 10 disent être désormais préoccupés par le sujet des emballages, majoritairement par les emballages en plastique (55 %). ► Décollage du vrac pratiqué par un Français sur deux au cours des 12 derniers mois. ► Appétence à l’égard des matériaux recyclés dans les emballages et les produits dont l’affichage obligatoire sur les produits constituerait un critère de choix pour une majorité de Français. ► Diffusion des pratiques de récupération (glanage, réutilisation de sacs et contenants divers). ► Banalisation de l’occasion avec près de 60 des Français qui déclarent avoir acheté des produits d’occasion et 50 % en avoir vendu. Les vêtements, livres, DVD/CD, jeux et jouets se placent en tête. ► Intérêt fort pour de nouvelles offres ou dispositifs témoignant de la disposition de Français à s’engager davantage dans de nouvelles manières de consommer relevant de l’économie circulaire. Points de collecte volontaires dans les magasins fréquentés, emballages réutilisables pour le e-commerce, recours à des ressourceries ou des repairs cafés ainsi que des plateformes d’échange entre particuliers. Gisements de croissance et freins ► Déficit d’informations apparent au sujet des bonnes pratiques du tri chez 30 % des Français et chez près du double concernant le caractère recyclable et/ou recyclé des matériaux utilisés et leur présence dans les emballages. ► Perception par 23 % de la population d’un manque de dispositifs de collecte dont l’accessibilité apparaît, cependant, comme le levier d’incitation le plus efficace. Plus d’un tiers des Français déclarent ne pas disposer d’infrastructures suffisantes pour trier les déchets végétaux, les encombrants et les films et sacs plastiques. ► Un poids des habitudes en faveur du remplacement des produits, très souvent suite à une panne qui ne fait pas l’objet d’une tentative de réparation chez une majorité de Français (65 %), tous équipements confondus. ► Une économie de l’usage qui peine à décoller avec un attachement à la propriété qui demeure élevé pour une majorité de catégories de produits. 84 % des Français disent ne pas avoir recours à la location. L’économie de l’abonnement reste concentrée sur des services de divertissement. Mobiliser les consommateurs Les Français se caractérisent par une hétérogénéité d’approches sur ces sujets : seuls 12 % de l’échantillon sont très engagés (“jeunes écolo bobo”). L’étude pointe, ainsi, la diversité des différents leviers rationnels ou émotionnels à activer pour mobiliser les consommateurs en vue du développement de l’économie circulaire : sensibilisation, information, accessibilité des infrastructures… L’Observatoire souligne, également, que la disposition à adopter des pratiques relevant de l’économie circulaire est dépendante de la préexistence des offres et infrastructures adaptées dont l’accessibilité est la clé. Selon l’étude, le développement de l’économie circulaire suppose d’embarquer un public moins sensibilisé dont la mobilisation passera, principalement, par des bénéfices avant tout individuels.