L’enseigne annonce un plan de réorganisation qui passe par la suppression de 2 389 emplois, la fermeture de 10 magasins et de 3 entrepôts, le redimensionnement des hypermarchés et un positionnement prix plus attractif.
Le couperet est tombé. En mauvaise posture depuis plusieurs années, Auchan a présenté, le 5 novembre, à ses partenaires sociaux, une nouvelle organisation qui engendrerait la suppression de 2 389 emplois en France (contre 319 créés) sur les 54 000 que compte le groupe dans l’Hexagone. Auchan avait déjà annoncé, en septembre 2020, la suppression de 1 475 postes en France, après un plan de départs volontaires de plus de 500 postes plus tôt dans l’année. C’est le deuxième PSE le plus important de l’année en grande distribution, après celui de Casino qui pourrait toucher plus de 3 000 emplois.
Emplois et fonctions supprimés, magasins fermés
Dans le détail, la mutualisation des fonctions supports d’Auchan France, d’Auchan International et de la Direction Produits Internationale engendrerait la suppression de 784 postes, dont 138 vacants. Par ailleurs, 205 postes seraient créés dans ses fonctions.
D’autre part, la mise en place d’un nouveau schéma logistique pour la livraison à domicile, avec la fin de l’activité des 3 entrepôts dédiés à ce service, engendrerait la suppression de 224 postes. Ce service sera assuré par les drives, ce qui permettrait la création de 114 postes.
Enfin, au niveau des magasins, deux décisions ont été prises.
L’organisation des hypermarchés est repensée, notamment au regard d’un « nouveau projet commercial ». Certains métiers seraient supprimés : certains postes de responsables commerce, ainsi que les postes de conseiller commercial vente équipement, responsable planification et pilotage de la masse salariale, et responsable sécurité. 915 postes seraient concernés.
De plus, 3 hypermarchés (Clermont Ferrand Nord, Woippy, Bar-le-Duc), 1 supermarché à Aurillac et 6 magasins d’ultra proximité seraient amenés à fermer avec, à la clé, 466 postes potentiellement supprimés.
Ebitda divisé par 6 depuis 2012
Depuis 2012, Auchan subit une baisse constante de fréquentation en magasin et une dégradation de ces résultats. Sur la période, et avant l’intégration des magasins Casino, sa part de marché a chuté de 12,1% à 8%, ses revenus ont reculé de 2,26 milliards d’euros, et son Ebitda a été divisé par 6.
De fait, la part de marché d’Auchan a reculé. Selon le dernier relevé de Kantar, la PDM d’Auchan se situe à 9,1%, bien loin derrière E.Leclerc (24,1%), Carrefour (21,4%), Les Mousquetaires (17,4%) et Coopérative U (12,2%). Pour peser davantage dans les négociations commerciales, l’enseigne a noué une alliance avec Intermarché
Une réorganisation autour de 3 piliers
Face à ce constat et dans un contexte ultra-concurrentiel, l’enseigne indique s’engager « dans un ambitieux plan de retour de la croissance » autour de 3 piliers :
. d’abord, en améliorant l’expérience client. « Auchan s’apprête à poser dans ses hypermarchés supermarchés un projet commercial puissant ». L’enseigne souligne aussi faire « des choix affirmés en termes d’offres ». En alimentaire, l’enseigne va renforcer ses métiers de bouche et ses marques propres, pivots de son assortiment. En non alimentaire, l’offre sera essentialisée sur les produits du quotidien.
. ensuite, en revenant à un positionnement prix plus attractif. L’enseigne capitalise sur l’alliance nouée avec Intermarché pour améliorer cette condition d’achat. Mais seule, cette dernière ne suffira pas à dégager les marges nécessaires permettant d’offrir des prix concurrentiels. « Pour revenir dans le match, Auchan doit baisser ses coûts et simplifier son organisation », affirme l’enseigne.
Redimensionner les hypermarchés
Troisième pilier de cette réorganisation : inventer de nouveaux modèles de magasins. Structurellement trop présente sur les grands hypermarchés, l’enseigne engage le redimensionnement progressif d’une soixantaine d’entre eux. « Il s’agit, au cas par cas, de définir le bon format, la bonne formule, en épousant les spécificités locales et les habitudes de consommation », souligne Auchan qui entend, aussi, revisiter le modèle de ses supermarchés pour attirer davantage de partenaires franchisés. « C’est donc une transformation profonde qui s’amorce. Au cœur de ce plan de retour à la croissance, il y a la conviction que les hypermarchés ne sont pas un modèle du passé, affirme l’enseigne. Ils demeurent la première destination commerciale, 89% des Français les fréquentant pour faire leurs courses. Ils sont aussi une réponse efficace aux enjeux de fractures territoriales comme aux contraintes de pouvoir d’achat ». Pour les adapter, Auchan leur assigne un nouveau rôle : ils deviendront des plateformes de la marque préparant les commandes et les produits frais maison à destination des supermarchés, des drives ou de la livraison à domicile. Cette nouvelle organisation est en test à Bordeaux et devrait permettre, selon l’enseigne, « de conjuguer la force nationale et internationale de la marque et de ses choix commerciaux avec l’adaptation la plus fine aux besoins et spécificités de chaque territoire. Elle donnera aussi la juste autonomie au magasin dans le cadre d’une politique nationale de l’enseigne. Elle favorisera, au final, le développement multiformat et multicanal d’Auchan pour diffuser au plus près de tous les clients sa proposition commerciale ».
C.B.