Le Parlement européen a adopté, le 12 décembre, sa position en faveur d’un étiquetage transparent du pays d’origine des miels importés afin de réduire la fraude aux miels contrefaits. Les discussions interinstitutionnelles avec le Conseil de l’UE vont commencer.
La révision de la directive européenne des directives « petit-déjeuner », dont celle sur le miel fait partie, se poursuit. Le Parlement européen a adopté, le 12 décembre, une position afin de mieux informer les consommateurs. Le texte a été voté majoritairement par les eurodéputés (522 voix pour, 13 contre, 65 abstentions). Les miels commercialisés dans l’Union européenne devront alors tous mentionner l’origine de façon visible sur les pots. Aujourd’hui, sur les pots de mélange de miels conditionnés en UE, il est possible de simplement indiquer sur l’étiquette « mélange de miel UE et/ou hors UE ». En France, les lois sont plus contraignantes puisque toutes les origines nationales doivent être inscrites sur le pot lorsqu’il est conditionné sur le territoire national. Avec la révision de la directive, tous les pays d’origine devront faire apparaître sur l’étiquette en ordre décroissant. La proportion de chaque miel mélangé devra aussi être indiquée, avec une marge de tolérance de 5%. Les eurodéputés sont également favorables à la création d’un laboratoire de référence pour améliorer les contrôles grâce à des test systématiques.
Concurrence déloyale
Une protection qui permettra de mieux informer les consommateurs mais, aussi, de soutenir les apiculteurs européens. L’Unaf (Union nationale de l’apiculture française) avait ainsi appelé à une manifestation des apiculteurs français, le 30 novembre dernier, afin d’interpeller sur les difficultés de cette concurrence déloyale. « Depuis plusieurs mois, les apiculteurs français n’arrivent plus à écouler leur production de miel en vrac ou, lorsqu’ils trouvent acheteur, sont contraints de le vendre à un prix proche du simple coût de revient. C’est une catastrophe économique pour les apiculteurs professionnels, déclarait l’Unaf. Alors que la production française couvre moins de la moitié du volume de la consommation française, les négociants français ont saturé leurs entrepôts de miel d’import des pays de l’Est, achetés moins de 2€/kg, défiant toute concurrence avec la production française ».
Miel frelaté importé
En mars dernier, une étude réalisée depuis 2021 a été publiée pour évaluer la prévalence sur le marché, du miel frelaté avec des sucres. L’Office européen de lutte antifraude (Olaf) a ainsi fourni un soutien en matière d’enquête et de contrôle dans le cadre d’une action de lutte contre la falsification du miel. Une action surnommée « From the hives – Depuis les ruches », mené par la Direction générale de la santé et de la sécurité alimentaire de la Commission européenne, avec les autorités nationales de 18 pays qui font partie du réseau européen de lutte contre la fraude alimentaire.
Les résultats sont sans appel. Sur les 320 échantillons reçus, 46% étaient soupçonnés de ne pas être conformes aux dispositions de la directive 2001/110/CE relative au miel, parce qu’au moins un marqueur indiquant la présence de sources étrangères de sucre avait été détecté.
Les produits suspects importés en UE provenaient de Chine à 74% ou de Turquie à 93%. Mais c’est le Royaume-Uni qui présentait le taux de suspicion le plus élevé (100%), « probablement dû au miel produit dans d’autres pays et ensuite mélangé au Royaume-Uni avant sa réexportation vers l’UE », indique l’étude.
Sirop de sucre, additifs et colorants
Ainsi, plus de la moitié (57%) des opérateurs avaient exporté des lots de miel suspects d’être frelatés avec des sucres étrangers et 66% des opérateurs avaient importé au moins un lot suspect. Pour falsifier le miel, les opérateurs utilisent du sirop de sucre (à base de riz, de blé ou de betterave sucrière) afin d’augmenter le volume et de faire baisser les prix. L’étude pointe également du doigt les analyses effectuées dans des laboratoires accrédités pour adapter les mélanges miel/sucre afin d’échapper à une éventuelle détection par les clients et les autorités officielles avant les opérations d’importation. Enfin, les opérateurs utilisent, aussi, des additifs et des colorants afin de camoufler la véritable source botanique du miel, tout en falsifiant les informations de traçabilité et en supprimant les pollens.
C.B.